Léo Bureau-Blouin ne parle plus d’indexation

icone Campus
Par Tiffany Hamelin
mardi 16 octobre 2012
Léo Bureau-Blouin ne parle plus d’indexation
Léo Bureau-Blouin dans ses bureaux de sa circonscription. (Crédit photo : Pascal Dumont)
Léo Bureau-Blouin dans ses bureaux de sa circonscription. (Crédit photo : Pascal Dumont)

Élu le plus jeune député de l’histoire du Québec, à bientôt 21 ans, Léo Bureau-Blouin devait être étudiant en droit à l’UdeM. Il ne le sera peut-être pas finalement : son nouvel emploi à temps plein ne lui permet pas. Entre Québec et Montréal, son coeur balance. Entrevue avec le député dans les locaux de sa circonscription de Laval-des-Rapides.

Quartier Libre : Vous avez déclaré, dans La Presse du 21 septembre dernier, qu’une indexation des droits de scolarité serait un compromis acceptable. Maintenez-vous cette position?

Léo Bureau-Blouin: Je crois en des frais de scolarité qui soient les plus bas possible parce que cela a un impact direct sur l’accessibilité aux études. Dans une entrevue avec Paul Arcand [à la radio], je m’étais avancé sur ce que pourrait être un compromis, un chemin où les étudiants et le gouvernement se rencontrent. Je pense que c’était une erreur de ma part de m’avancer là-dessus. Parce que mon rôle au sein du gouvernement n’est pas d’imposer ma volonté ou de décider ce qui est acceptable ou non. Mais plutôt d’instaurer un climat où tous les partis pourraient discuter et trouver des consensus sur cette question-là.

Q. L. : Seriez-vous prêt à négocier avec l’Association pour une solidarité syndicale étudiante à propos de la gratuité scolaire ?

L. B.-B. : Nous avons invité toutes les associations étudiantes à réfléchir sur ce qu’on veut pour les universités et pas seulement sur les droits de scolarité. Il faut réfléchir aussi à la transparence, à la gouvernance, à la place de la recherche fondamentale. L’ASSÉ va pouvoir parler de la gratuité scolaire, mais il va falloir arriver avec des thèses appuyées qui répondent aux questions de «comment ça se finance» et «quels impacts ça aura». Notre rôle au gouvernement est un rôle d’arbitre, si tu donnes à quelqu’un, il faut soit que tu enlèves à quelqu’un d’autre ou que tu ailles chercher les ressources ailleurs. Les associations devront comprendre ce rôle-là. Il faut choisir où mettre nos ressources.

Léo Bureau-Blouin nous a reçu dans les bureaux de son prédécesseur Alain Paquet. (Crédit photo: Pascal Dumont)

Q. L. : Vous êtes actuellement inscrit en première année du baccalauréat en droit à l’UdeM. Assistez-vous à vos cours ?

L. B.-B. : Non. Je suis sensé être à l’école, mais la campagne électorale m’a empêché de faire ma rentrée au mois d’août. Je vais devoir prendre une grosse décision concernant mes études, car je ne peux pas étudier à temps partiel à l’UdeM. Dans tous les cas, je veux continuer mes études en janvier. Mais je dois décider si je vais m’inscrire à Montréal ou à Québec pour le facteur de proximité. Il y a une vie après la politique, et c’est important d’avoir un diplôme.

Q. L. : Le fait d’être le plus jeune député de l’histoire du Québec vous met-il de la pression?

L. B.-B. : L’objectif de ma démarche c’est de montrer que même si on est jeune, on peut faire de grandes choses, même en politique. Il y a des jeunes entrepreneurs, des jeunes dans les syndicats, des jeunes qui lancent des organismes à but non lucratif. Les jeunes sont l’avenir de notre société, et il faut leur faire confiance parce qu’ils prendront la relève un jour. Nous entendons tellement de préjugés à leur égard que c’est important de montrer de quoi nous sommes capables. Je veux bien faire mon travail pour que les prochains jeunes qui s’impliqueront ne soient pas comparés à quelqu’un qui n’a pas réussi. Mais cette pression, j’essaie de la canaliser grâce à de la motivation et à de l’énergie positive.

Q. L. : Avec la couverture de Clin d’oeil ou votre présence sur les réseaux sociaux, pensez-vous que le Parti québécois ne vous utilise pas justement pour rallier une partie de la population? 

L. B.-B. : Il faudrait leur demander [rires]. C’est évident que ma présence permet de créer un certain pont entre le parti et les jeunes. Parce que lorsqu’on a 20 ans, c’est difficile de se mettre dans la peau de quelqu’un qui en a 50 et vice versa. Si on veut un gouvernement et une Assemblée nationale représentatifs des Québécois, il faut des gens de toutes les origines, de toutes les langues et de tous les âges. Surtout des gens de différents horizons, avec différentes idées, pour qu’au final ça fasse quelque chose de bon.

Q. L. : Votre annonce à la course électorale a été relativement soudaine, saviezvous qu’après avoir été dans le mouvement étudiant vous feriez de la politique?

L. B.-B. : Je me suis toujours intéressé à l’actualité et la politique, mais je n’avais jamais fait partie d’un parti politique avant ni d’une association de travailleurs. Je n’avais jamais envisagé de faire de la politique active, mais j’avais envie de pousser mon implication un peu plus loin. Je me faisais une responsabilité du fait qu’au delà de la lutte contre la hausse des droits de scolarité, nous avons un véritable poids dans la société. Je veux aider le gouvernement à reprendre confiance en les jeunes générations.

Q. L. : Quelques mots sur le Sommet sur l’Enseignement supérieur qui se prépare ?

L. B.-B. : C’est encore en réflexion, mais c’est une réflexion que nous voulons avoir avec les partenaires du milieu de l’éducation. Le ministre Duchesne va rencontrer les associations étudiantes, les recteurs et les gens du milieu pour que nous puissions dresser un portrait, un état de la situation. Je travaillerai en collaboration avec lui. Cela va être une occasion de partager la vision que les gens ont de l’université. Ce qui est important, c’est que tout le monde arrive à ce Sommet avec un esprit d’ouverture. On ne peut pas reprocher à un gouvernement d’être fermé et l’être nous-mêmes.