L’entraînement d’un e-sportif

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Par Marine Gachet
vendredi 20 septembre 2019
L’entraînement d’un e-sportif
À l'Académie d'Esports de Montréal, les entraîneurs initient les élèves aux jeux, tout en faisant de la prévention sur des sujets comme la cyberdépendance. Photos : Courtoisie Académie Esports de Montréal
À l'Académie d'Esports de Montréal, les entraîneurs initient les élèves aux jeux, tout en faisant de la prévention sur des sujets comme la cyberdépendance. Photos : Courtoisie Académie Esports de Montréal
En cette rentrée, plusieurs écoles secondaires proposent des programmes de sport électronique à leurs élèves. Les cours proposés comprennent des entraînements théoriques et pratiques, qui s’apparentent à ceux des sportifs traditionnels. L’e-sport se popularise au Québec et devient un choix de carrière pour certains jeunes.

L’Académie Esports de Montréal propose un programme d’entraînement d’e-sport en partenariat avec des écoles secondaires, sous le format des écoles sport-études. « Nos élèves, âgés de 10 à 14 ans, ont cours normalement le matin et se retrouvent de 13 h 30 à 17 h 30 à l’Académie, explique l’entraîneur-chef de l’établissement, Antonin Tran. Ils ont alors deux heures de jeu, trente minutes d’activité physique et une heure et demie de théorie. » Il dévoile que les jeunes élèves font des exercices dans les jeux vidéo pour en comprendre les concepts. « Il faut apprendre un socle de connaissances avant d’être assez solide pour se spécialiser dans le jeu, comme on apprend le patinage avant le hockey », développe-t-il.

Ces entraînements consistent, par exemple, à répéter des mouvements, comme on ferait au tennis, à s’entraîner à exécuter une combinaison de touches rapidement. » Théophile Hladky Ancien président et fondateur du club d’e-sport de l’UdeM

M. Tran confie que le but de l’Académie est d’aider les élèves dans leur pratique du jeu vidéo, mais également à l’extérieur du monde virtuel. « Notre but est qu’ils acquièrent des compétences qu’ils peuvent utiliser dans d’autres contextes, que ce soit dans d’autres jeux ou en dehors des jeux, comme la capacité de fournir une analyse par rapport à leur prise de décision », détaille-t-il.

Les élèves s’entraînent au moyen de stratégies par équipe sur différents jeux. « Ici, les jeunes jouent ensemble, ils font de la coopération », précise M. Tran. Il soutient qu’un entraînement en groupe et une bonne hygiène de vie sont deux facteurs fondamentaux pour s’améliorer. « La progression est plus grande et le développement des compétences plus important », affirme-t-il.

L’e-sport se professionnalise

En août, Bryan Michaud-Guérard, un Québécois de 22 ans, est allé au Texas pour disputer le tournoi Madden NFL. « Ça a vraiment été une belle expérience », se rappelle-t-il. Il révèle que, depuis quelques mois seulement, l’e-sport est devenu un choix de carrière pour lui.

Son emploi du temps est depuis partagé entre son travail et 20 à 40 heures d’entraînement hebdomadaire. « Je joue avec mes amis, mais je prends aussi du temps seul pour jouer dans des modes qui vont m’améliorer », raconte-t-il. Joueur de hockey et de football depuis plus de dix ans, Bryan trouve aussi du temps pour pratiquer une activité physique régulière.

L’e-athlète a décidé de se consacrer sérieusement à l’e-sport et espère pouvoir en faire son métier. « D’année en année, il y a de plus en plus de monde qui gagne sa vie avec ça, donc je suis quand même optimiste ! » s’exclame-t-il. S’il ne s’est pas encore décidé à suivre une formation, il compte néanmoins améliorer certains points de son entraînement en vue de prochaines qualifications pour un tournoi en Californie. « Je vais commencer à filmer mon écran pour mieux analyser mon jeu et voir où je peux m’améliorer », illustre-t-il.

L’e-sport en milieu universitaire

Des clubs d’e-sport existent déjà dans le milieu universitaire. « Chaque équipe est encadrée par un membre du club, dont le but est d’aider les étudiants à progresser en organisant des entraînements réguliers plusieurs fois par semaine, en les appuyant pendant les compétitions », explique l’ancien président et fondateur du club d’e-sport de l’UdeM, Théophile Hladky.

« Ces entraînements consistent, par exemple, à répéter des mouvements, comme on ferait au tennis, à s’entraîner à exécuter une combinaison de touches rapidement », décrit-il. Il ajoute que les joueurs analysent également leur technique en visionnant des enregistrements de leurs parties, puis testent leurs acquis contre un adversaire. Les équipes participent alors à des tournois entre universités et sont toujours encadrées par un entraîneur.

Prévenir les blessures

L’e-sport connait son lot de blessures, selon le diplômé en kinésiologie et actuellement stagiaire en entraînement mental à l’Académie Esports de Montréal, Rodrigo Caceres. « Les joueurs peuvent souffrir du syndrome du canal carpien, à cause de la forte sollicitation des poignets, mais aussi de douleurs au dos et au bassin », explique-t-il, avant d’ajouter que ces blessures concernent également les personnes travaillant de longues heures dans un bureau. « La meilleure façon de guérir, c’est de passer par la prévention », affirme le stagiaire. Il recommande alors aux e-sportifs de faire des échauffements, des étirements, un travail sur leur posture, et insiste sur l’importance d’avoir un poste de jeu ergonomique.