Le wifi sans danger ?

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Par Antoine Beaur
vendredi 3 octobre 2014
Le wifi sans danger ?
Les maux de tête et l’insomnie sont des symptômes qui pourraient être associés à l’exposition aux radio fréquences, néanmoins les chercheurs ne s’entendent toujours pas sur les risques que ces ondes peuvent avoir sur la santé.
Les maux de tête et l’insomnie sont des symptômes qui pourraient être associés à l’exposition aux radio fréquences, néanmoins les chercheurs ne s’entendent toujours pas sur les risques que ces ondes peuvent avoir sur la santé.
Entre le téléchargement d’un travail sur Studium et la mise à jour de son statut Facebook, internet sans-fil est au cœur des habitudes des étudiants universitaires. Des études sèment toutefois le doute sur l’innocuité des ondes émises par les routeurs. Le WiFi serait-il dangereux pour la santé ?
« Nous avions équipé chaque salle du bâtiment Jean-Brillant de câble Ethernet, mais personne ne les utilise, c’est un coup d’épée dans l’eau, et une dépense inutile dans le budget. » Michel L’Heureux, Directeur des télécommunications à l’UdeM

«Je coupe le WiFi de mon PC la nuit, parce que j’ai lu dans un magazine que les ondes passantes pouvaient perturber la concentration », raconte l’étudiant en sociologie Louis Tramond, en échange à l’UdeM.

Toutefois, la majorité des étudiants utilisent le WiFi sur le campus, comme à la maison, et peu d’entre eux s’inquiètent des risques potentiels. « Je pense que le WiFi n’est pas dangereux du tout et je n’y renoncerai que si les scientifiques sont unanimes », déclare l’étudiante au doctorat en biologie à l’UdeM Azuma Masahiro.

En mai 2011, le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) classait les champs de fréquences radio électromagnétiques comme potentiellement cancérigènes. Leur verdict s’appuyait principalement sur ­l’étude Interphone, la plus vaste étude épidé­miologique réalisée sur le sujet, qui cherchait un lien entre les tumeurs cérébrales et l’utilisation déclarée du cellulaire, des routeurs WiFi, ainsi que d’un grand nombre de technologies utilisant les ondes électroma­gnétiques.

« Les corrélations sont faibles et peuvent être dues à des biais dans l’enquête Interphone, puisque les personnes interrogées devaient simplement déclarer une utilisation moyenne de leur téléphone, soutient le directeur du Département de physique de l’UdeM, Richard Leonelli. Dans les cas où une corrélation a bien été trouvée, certains patients déclaraient avoir utilisé leur téléphone en moyenne 12 heures par jour. »

La Direction de la santé environnementale et de la toxicologie du Québec travaille actuellement aux recoupements du grand nombre d’études scientifiques contradictoires pu­bliées sur le sujet afin de dégager un constat éclairé sur l’utilisation des antennes cellulaires et des routeurs WiFi. « L’effet cancérigène n’est que potentiel, c’est à dire à l’étape de l’hypothèse », insiste le conseiller scientifique Denis Gauvin qui participe à cette étude.

Connecté à l’UdeM

Sur le campus de l’UdeM, le WiFi est accessible presque partout grâce à des contrôleurs répartis par paire à travers les différents pavillons pour assurer une couverture optimale. « Cela représente 2 500 routeurs domestiques sur l’ensemble du campus, indique le directeur des télécommunications sur le campus, Michel L’Heureux. En période de pointe, il peut transiter jusqu’à 1,2 gigaoctet par seconde. »

Pour chaque appareil connecté qui émet des ondes, les puissances s’additionnent et pourraient dépasser les limites d’expositions fixées par la loi. « Il faudrait toutefois qu’il y ait un nombre extrêmement important d’appareils, et y être exposé de très près pour courir un risque », précise Richard Leonelli.

Ces normes d’expositions maximales sont décrites dans le Code de sécurité 6, un document rédigé par Santé Canada qui règlemente l’utilisation d’appareils émettant des radiations entre les fréquences de trois kilohertz (kHz) et de 300 gigahertz (GHz). Le WiFi fonctionne dans la gamme de fréquences entre 2,4 et 5,8 GHz. La norme d’exposition maximale est de 6 millions de microwatt/m2 « Il n’y a pas de raisons de croire qu’on dépasse les normes fixées par le gouvernement fédéral », rassure Michel L’Heureux

Malgré tout, Richard Leonelli estime qu’une exposition aux ondes électromagnétiques comporte peu de risques pour la santé. « Je ne vois aucun effet physique autre que le réchauffement par agitation des molécules d’eau comme cause potentielle de dégâts sur l’organisme » , observe-t-il. Ce phénomène de réchauffement est le même que celui utilisé dans les fours micro-ondes pour réchauffer les aliments, mais la puissance des ondes émises par un four micro-ondes qui avoisine les 1 000 watts est bien loin de celle d’un routeur WiFi qui ne dépasse pas les 10 watts.

« Si j’entends dire que c’est dangereux, je vérifierai l’information avant de considérer d’arrêter de l’utiliser, explique l’étudiant en droit François Marchand. C’est un outil très utile, puisqu’accessible en permanence. »

Du côté de la DGTIC, augmenter l’offre de modes de connexion n’est pas dans les plans. « Nous avions équipé chaque salle du bâtiment Jean-Brillant de câbles Ethernet, mais personne ne les utilise, c’est un coup d’épée dans l’eau, et une dépense inutile dans le budget », soutient M. L’Heureux. Les prochains travaux que réalisera la DGTIC viseront plutôt à intégrer de nouvelles normes afin d’augmenter la vitesse de transfert accessible en WiFi.