Le VIH à la rescousse

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Par Assya Trofimov
mardi 29 septembre 2015
Le VIH à la rescousse
Le VIH injecté dans le cas de la petite Emily est un virus modifié de sa fonction originelle. Credit : torange-fr.com ID:20096 / Creative Commons
Le VIH injecté dans le cas de la petite Emily est un virus modifié de sa fonction originelle. Credit : torange-fr.com ID:20096 / Creative Commons
« Des docteurs injectent le VIH à une fillette mourante – vous allez être heureux qu’ils l’aient fait ! » clame la page Facebook du groupe Wonderful Engineering* . Une vidéo touchante datant de 2013 y est présentée, montrant une percée en recherche sur le traitement de la leucémie. Cependant, les médecins n’ont pas réellement infecté leur patiente de six ans, Emily, avec le VIH. Voici un aperçu de ce qui s’est réellement passé.

Le VIH est le virus d’immunodéficience humaine qui cause, suivant l’infection, le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA), engendrant plusieurs complications et souvent la mort. Plus précisément, les personnes ayant le SIDA ont un système immunitaire affaibli qui ne fournit plus une protection adéquate contre les envahisseurs souvent bénins, comme les bactéries, des champignons ou des virus divers.

Les virus ont des récepteurs spécifiques sur leur enveloppe de surface, des capsides. Ces récepteurs leur permettent de pénétrer dans des cellules qu’ils reconnaissent. Lors d’une infection virale, le virus entre dans la cellule et détourne les protéines et enzymes de la cellule pour produire d’autres virus qui sont relâchés dans le corps humain. Le VIH s’attaque habituellement aux cellules à la base de l’immunité innée, les T CD4, appelées plus simplement les cellules T. C’est pourquoi l’infection au VIH cause, longtemps après l’infection, le SIDA.

Le traitement réellement utilisé pour soigner Emily est une technique révolutionnaire, utilisant des cellules T au récepteur-chimère (CARs), des cellules T modifiées en laboratoire pour reconnaître les cellules leucémiques et détruire la maladie. Les cellules T sont reprogrammées en laboratoire pour reconnaître le cancer comme un envahisseur, par un procédé nommé la transgenèse.

Toutes les cellules contiennent de l’ADN, qui peut être vu comme une sorte de programme, qui dicte à la cellule comment elle doit agir et son rôle dans le corps humain. Pour modifier le comportement, il s’agit d’ajouter à la cellule cible du matériel génétique pour l’obliger à changer. Effectivement, une des techniques les plus utilisées en laboratoire pour la transgenèse est l’infection rétrovirale des cellules. Pour modifier des cellules T, qui sont à la base de la défense immune acquise, on utilise le VIH car il a une préférence pour ce type de cellules.

C’est ici qu’il y a la distinction entre ce que les médias rapportent et la science réelle.

Le VIH est modifié et ne contient plus le matériel génétique virulent, mais plutôt le matériel qu’on veut insérer dans la cellule pour la reprogrammer. Ce qui a été injecté à la fillette sont ses propres cellules T, reprogrammées au moyen d’un VIH modifié. Il n’y a donc aucune infection réelle par le virus ici. Le VIH est utilisé comme une enveloppe de transfert de matériel génique, qui n’est plus propre à celui-ci, mais plutôt du matériel génique choisi par les chercheurs. Dans ce cas-ci, ce matériel génique transforme les cellules T de la patiente et les rend capables de reconnaître les cellules leucémiques et de les détruire.

Wonderful Engineering