Le vapotage gagne du terrain chez les élèves du secondaire

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Par Edouard Ampuy
mercredi 27 novembre 2019
Le vapotage gagne du terrain chez les élèves du secondaire
L’enquête du projet COMPASS mené par des chercheurs de l’Université de Waterloo indique que le vapotage chez les élèves des trois dernières années du secondaire au Québec est le plus élevé du pays. Image parEthan Parsa de Pixabay
L’enquête du projet COMPASS mené par des chercheurs de l’Université de Waterloo indique que le vapotage chez les élèves des trois dernières années du secondaire au Québec est le plus élevé du pays. Image parEthan Parsa de Pixabay
De nouvelles données indiquent que le vapotage chez les élèves québécois du secondaire est le plus élevé du Canada. Afin de lutter contre la popularité croissante de ces produits, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, a annoncé la mise en place prochaine de mesures pour encadrer le tabagisme et le vapotage.

L’enquête du projet COMPASS, menée par des chercheurs de l’Université de Waterloo et qui porte sur les comportements de santé des jeunes Canadiens depuis l’année scolaire 2012-2013, a publié cette année de nouvelles données sur le vapotage des jeunes Québécois.

L’étude relève que le vapotage chez les élèves des trois dernières années du secondaire est le plus élevé du pays et que :

  • un tiers d’entre eux ont vapoté dans les 30 derniers jours
  • plus de la moitié ont essayé des produits de vapotage

Pour la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT), bien que l’échantillonnage québécois utilisé par l’étude COMPASS se limite aux trois régions de Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches et Saguenay, les résultats sont alarmants. « Rappelons que les trois cas (sur quatre) confirmés de maladies pulmonaires graves associées au vapotage au Canada proviennent du Québec et que ces cas impliquent tous des produits de vapotage avec nicotine vendus légalement », observe la codirectrice et porte-parole de la CQCT, Flory Doucas.

De nouvelles mesures

La CQCT a salué l’initiative de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, qui a annoncé lundi vouloir implanter de nouvelles mesures pour lutter contre le tabagisme et le vapotage.

Elle a notamment donné comme mandat au directeur national de santé publique, Horacio Arruda, de diriger un groupe d’intervention qui s’attaquera à l’encadrement des saveurs, au taux de nicotine et à l’accessibilité des produits de vapotage. « Avec la popularité croissante des produits de vapotage, notamment chez les jeunes, il devient impératif et urgent de rapidement mettre en œuvre de nouvelles mesures concrètes, a déclaré la ministre. Ce groupe spécial d’intervention nous aidera à déterminer les meilleures mesures à instaurer, de manière bien adaptée à la réalité actuelle, tout en consolidant efficacement la lutte contre le tabagisme. »

M. Arruda et son équipe devront rendre un rapport ainsi que des recommandations d’ici avril 2020.

Des mises en garde

Lundi, une nouvelle mise en garde a été émise par le directeur national de santé publique contre les produits de vapotage avec ou sans nicotine.

Celui-ci rappelle qu’au cours des derniers mois, plus de 2 000 cas de maladies pulmonaires liées au vapotage ont été signalés aux États-Unis et que plusieurs dizaines de décès ont été confirmés. « La grande majorité des personnes touchées (86 %) ont rapporté avoir fait usage de produits contenant des cannabinoïdes et un bon nombre (64 %) ont rapporté avoir fait usage de produits avec nicotine », est-il écrit dans le communiqué.

Il y est également rappelé que l’efficacité des produits de vapotage pour arrêter de fumer n’a pas encore été prouvée. « Pour qu’un produit soit officiellement reconnu comme une aide à la cessation tabagique, il doit être homologué comme tel par Santé Canada, peut-on lire. À ce jour, aucun fabricant de produits de vapotage n’a obtenu l’approbation des autorités fédérales. »

Une autre mise en garde, cette fois contre le vapotage de cannabis, a également été publiée le 20 novembre dernier. M. Harruda y invite la population à s’abstenir de faire usage de produits de vapotage de cannabis, qu’ils proviennent d’une source légale ou illégale. « La Société québécoise du cannabis (SQDC), en vertu de sa mission de vente de cannabis dans une perspective de protection de la santé, ne devrait vendre aucun liquide de vapotage de cannabis jusqu’à nouvel ordre », estime le directeur.

Inaction du gouvernement fédéral

Selon la CQCT, le gouvernement n’a pas mis en place de mesures coercitives pour mettre fin à des tactiques de marketing autorisées par la loi fédérale.

« Il est urgent pour les gouvernements d’agir face à l’émergence de nouvelles connaissances concernant les risques et dangers associés aux produits de vapotage pour ceux qui n’ont jamais fumé, et face aux nouvelles données sur le vapotage chez les jeunes », explique Mme Doucas.

La CQCT reproche notamment à la loi fédérale d’approuver la promotion des produits de vapotage et l’offre de liquides aux saveurs diverses sur Internet, notamment sur les réseaux sociaux, mais aussi de rendre possible leur vente en ligne.