Le TUM dans sa bulle

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Par Romeo Mocafico
jeudi 31 janvier 2019
Le TUM dans  sa bulle
Les étudiants lors d'une répétition au Centre d'Essai. (crédit Romeo Mocafico)
Les étudiants lors d'une répétition au Centre d'Essai. (crédit Romeo Mocafico)
La bande dessinée s’est invitée dans la dernière représentation du Théâtre de l’UdeM (TUM). Inspirée de l’univers de Charlie Brown, la pièce Peanuts a proposé aux acteurs et à la metteure en scène, Chantal Dupuis, un défi rythmé par sa multitude de tableaux.

«Le rythme de la pièce est super précis, annonce Mme Dupuis. C’est facile de le suivre à la lecture, comme lorsqu’on lit une bande dessinée (BD), mais le jouer au théâtre, c’est autre chose. » L’auteur de la pièce, Fausto Paravidino, s’est inspiré du comic strip de Charles M. Schulz pour créer cette pièce présentée les 25 et 26 janvier au Centre d’Essai.

Garder le rythme

Pour la réaliser, Mme Dupuis a décidé de rester fidèle aux codes de la BD en découpant la pièce en 23 courts tableaux. « D’une certaine façon, je l’ai construite comme ça pour rappeler les bulles de la bande dessinée, note-t-elle. Entre chaque, on a quelque chose qui évolue, du temps qui a passé. » Elle confie que ce format a permis de mieux marquer les ellipses et de donner du rythme à la représentation. Ces distinctions sont, d’après la metteure en scène, nécessaires à la compréhension de la dramaturgie de Peanuts.

L’acteur et étudiant en sciences cognitives Camille Houssin apprécie ce rythme qui confère à la pièce son caractère dynamique. Toutefois, il avance que les transitions entre chaque tableau ont constitué le plus gros défi de la représentation. « Si on perd le rythme, on perd le fil de la pièce, précise celui qui incarne le personnage principal. Au théâtre, la transition ne doit pas se voir, il ne faut pas avoir de ruptures entre chaque tableau. C’était la plus grosse difficulté dans le jeu. »

Comme pour évoquer les transitions entre les cases d’une bande dessinée, Mme Dupuis a voulu que chaque tableau démarre rapidement. Un élément au service de la fluidité de la pièce, mais qui complique le jeu des comédiens, comme l’explique l’actrice Pauline Sarrazy. « Il faut toujours avoir en tête les accessoires qu’il faut amener, et savoir quelles scènes précèdent et suivent notre entrée », témoigne celle qui étudie à la maîtrise de cinéma.

À la manière de Charlie Brown, la metteure en scène ajoute que des éléments du décor évoluent lors de chaque changement de vignette. « Comme dans la BD, on peut être en classe, puis la bulle suivante, sur le terrain de baseball, illustre- t-elle. On déconstruit ce qu’on a mis en place pour le tableau d’avant. On ne voulait pas d’un huis clos d’une heure ! » Elle ajoute que d’autres éléments de scénographie, tels que l’éclairage et les jeux de lumière, participent à ces changements d’ambiance.

Des personnages en mouvement

Mme Dupuis rapporte que l’auteur, Fausto Paravidino, s’est avant tout inspiré de Charlie Brown pour créer ses personnages. Elle explique l’avoir mentionné à sa troupe d’acteurs dès la distribution des rôles, en septembre dernier. « Les rôles évoluent au cours de la pièce, observe-t-elle. On y retrouve des jeunes de 15-20 ans qui se positionnent sur leur vision du monde et sur leur statut d’être humain. Ils ont des discussions d’adultes, comme dans Charlie Brown. » L’œuvre met en scène des luttes de pouvoir au sein d’un groupe d’amis plongé dans un système de violente répression. L’intensité de la pièce s’affirme au fil des tableaux.

La metteure en scène signale qu’elle a préféré s’éloigner de l’univers de Snoopy pour la préparation de ces rôles. « On aurait pu coller encore plus à la BD, notamment grâce aux costumes et à la langue, mais je voulais avoir des jeunes d’ici, du Québec, et en 2019 », conclut-elle. Elle note avoir dû introduire quelques expressions québécoises afin de rendre la pièce, dont la traduction originale est très française, la plus actuelle possible.

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