Alors que commence une deuxième année de travail à domicile, une étude du Centre des Compétences futures (CCF) indique que les travailleurs à faible revenu, les parents de jeunes enfants, les nouveaux arrivants et les jeunes employés font face à des défis plus importants que les autres travailleurs.
L’étude Entre bureau et domicile : les complexités de la nouvelle organisation du travail précise que les travailleurs canadiens se répartissent en parts égales entre ceux qui sont passés au travail à domicile au moins pendant quelques jours durant la pandémie (44 %) et ceux qui ont continué à se rendre sur leur lieu de travail (44 %).
Sans surprise, le rapport révèle que le télétravail est plus fréquent chez les employés de bureau plutôt que chez les personnes qui travaillent dans les secteurs de la vente, des services, des transports et de la main-d’œuvre. De plus, les personnes à faible revenu et dont le niveau d’éducation ou de scolarité est faible sont beaucoup plus susceptibles d’avoir continué à se rendre sur leur lieu de travail pendant la pandémie, ce qui les rend plus susceptibles de contracter le virus.
« Environ un travailleur sur deux dont le revenu annuel du ménage est inférieur à 80 000 dollars a continué à travailler sur son lieu de travail habituel à l’extérieur de son domicile, peut-on lire. En comparaison, parmi ceux dont le revenu est compris entre 80 000 et 149 000 dollars, 2 personnes sur 5 ont continué à travailler dans leur lieu de travail habituel à l’extérieur du foyer. Parmi les personnes dont le revenu est de 150 000 dollars ou plus, 1 sur 3 a continué à travailler dans son lieu de travail habituel à l’extérieur du foyer. »
Concilier travail et famille
Si le rapport précise qu’une majorité de travailleurs, plus de trois sur cinq, déclarent apprécier le télétravail, cette expérience reste difficile pour ceux ayant de jeunes enfants à la maison. « Moins de travailleurs — mais toujours des minorités non négligeables — expriment des inquiétudes quant à la possibilité de jongler avec les responsabilités professionnelles et familiales lorsqu’ils travaillent à domicile », spécifie l’étude.
Le rapport indique que 45 % des travailleurs ayant de jeunes enfants estiment ne pas arriver à être un bon parent et à bien faire leur travail à la maison, et 44 % d’entre eux ont l’impression de travailler constamment, sans pouvoir garder du temps pour leur famille.
Des conséquences sur la carrière
Les jeunes travailleurs (âgés de 18 à 24 ans) ainsi que les travailleurs immigrants, les travailleurs racialisés et les travailleurs autochtones sont plus susceptibles de craindre l’effet négatif du télétravail sur leur carrière. « Comme c’est le cas pour les jeunes travailleurs, il est possible que les travailleurs immigrés, racialisés et autochtones aient des emplois moins stables et soient donc davantage préoccupés par les conséquences à long terme de l’éloignement physique de leur lieu de travail », souligne l’étude.
Au total, deux personnes sur cinq (38 %) sont dans cette situation et parmi elles, 44 % sont immigrantes et 36 % sont des personnes nées au Canada. Au niveau des travailleurs racialisés, 46 % formulent cette crainte contre 30 % de ceux qui s’identifient comme blancs, et 60 % des travailleurs autochtones font part d’une peur similaire contre 36 % de ceux qui ne s’identifient pas comme autochtones.
Le CCF rappelle toutefois que, malgré ces inquiétudes, le travail à domicile reste généralement apprécié. « Parmi les personnes qui font face à des difficultés lorsqu’elles travaillent à domicile, nombreuses sont celles qui ont une opinion généralement positive de ce mode de travail », précise-t-il. En effet, sept personnes sur dix qui travaillent à domicile espèrent qu’une fois la pandémie terminée, leur employeur fera preuve de souplesse pour qu’ils poursuivent le travail à distance au moins quelques jours par semaine.