Culture

L'étudiante Aurélie Spiaggia incarne le personnage d'Adèle dans la pièce (Crédit Benjamin Parinaud).

Le sens des mots

Pour l’étudiante à la mineure en littérature Elizabeth Gravel, qui incarne le personnage d’Élie, le texte combine le langage populaire et le lyrisme de façon si intelligente que l’interprétation devient naturelle. « Le fait que certaines scènes soient emplies de poésie nous permet de jouer de manière très imagée, ce qui produit un résultat magnifique », déclare-t-elle.

Défi d’interprétation

Elizabeth reconnaît qu’il s’avère parfois difficile d’illustrer le manque de communication entre les personnages. « Lorsqu’on est comédien, on doit savoir écouter ceux avec qui on partage la scène, dit-elle. Dans ce cas-ci, il faut que l’acteur écoute, mais que le personnage n’écoute pas, ce qui demande beaucoup de concentration. »

L’étudiante en éducation secondaire Aurélie Spiaggia souligne l’importance pour les comédiens de comprendre la psychologie de leurs personnages afin de bien incarner toutes leurs facettes. « Comme les interactions entre les personnages passent beaucoup par le non-dit, j’ai dû apprendre à connaître Adèle [son personnage] pour mieux comprendre certaines de ses réactions et pouvoir les interpréter de façon juste », rapporte-t-elle.

Un langage particulier

« Bien qu’il s’agisse d’une tragédie, la pièce présente des personnages qui possèdent une grande force de caractère et un désir de faire changer les choses, explique le metteur en scène, Cédric Patterson. On retrouve souvent cette fougue, cet appel de la liberté chez les étudiants. » Pour lui, représenter l’œuvre de Steve Gagnon à l’Université constitue une occasion idéale de mettre en valeur la parole d’ici et de la faire connaître à un plus grand public.

Dans une langue qui marie le vernaculaire québécois et la poésie, le texte aborde le deuil, l’isolement, la peur de l’abandon, ainsi que la difficulté des personnages à exprimer ces sentiments. « La complexité de la langue représente un grand défi pour les comédiens, non seulement en raison des nombreux éléments poétiques, mais aussi parce que les mots portent une immense charge émotive parfois difficile à livrer », estime M. Patterson.

La pièce se démarque également par son genre atypique. « On présente très rarement des tragédies sur les scènes montréalaises, et Steve Gagnon parvient à dresser un portrait fidèle de la société québécoise d’aujourd’hui tout en respectant ce genre théâtral de façon remarquable », explique le metteur en scène.

Marier jeu et musique

Tout au long de la représentation, l’étudiant à la maîtrise en musique Julien Oberson jouera au violon l’œuvre qu’il a composée expressément pour la pièce sous la supervision de la professeure titulaire Ana Sokolovic.

Après sa première lecture du texte, Julien a créé un motif musical conducteur, un thème-clé rappelant les grandes lignes de la pièce et les principales émotions qui s’en dégagent. Il a approfondi ces associations significatives en observant le jeu des comédiens lors des répétitions et en suivant les recommandations du metteur en scène. « La musique sert à accentuer certaines émotions et à souligner des moments forts de l’histoire, comme un monologue poignant, par exemple, explique le musicien. Je dois donc m’adapter au jeu des comédiens et établir une interaction constante avec eux. »

L’étudiant voit dans cette première collaboration avec une troupe de théâtre une excellente occasion de mettre en lumière la pertinence de la mixité entre les arts pour présenter la pièce à un grand public. M. Patterson tenait d’ailleurs à utiliser la création originale d’un étudiant de l’Université pour lui donner la possibilité de mettre ses connaissances en pratique. « Je me trouve très chanceux de pouvoir travailler avec tous ces étudiants, car ils interprètent le texte de Steve Gagnon avec énormément de fougue, d’aplomb et de passion », conclut le metteur en scène. Il espère réitérer l’expérience et favoriser la coopération artistique entre les différents Départements. Les représentations de Fendre les lacs auront lieu au Centre d’essai de l’UdeM. Le billet est à 7 dollars pour les étudiants.

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