Le retour du vrai film de genre

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Par Maxime Huard
mardi 5 avril 2011
Le retour du vrai film de genre

Véritable hommage aux films d’action des années 1980, Hobo With A Shotgun vous ramène tout droit à la glorieuse ère des VHS. N’allez pourtant pas prendre cette ambitieuse et excentrique production canadienne pour une vulgaire blague. De passage à Montréal, les scénaristes de Hobo révèlent la démarche de leur premier long-métrage.

Personne n’accusera les scénaristes de Hobo With A Shotgun de se prendre trop au sérieux. En mettant en scène un sans-abri devenu justicier qui extermine méthodiquement les criminels locaux, l’œuvre écrite par Rob Cotteril et John Davies célèbre tous les clichés du répertoire des films de série B des années 1980. Néanmoins, les deux scénaristes canadiens demeurent catégoriques : «Hobo n’est pas une parodie!»

Malgré son scénario délirant, Hobo With A Shotgun s’inscrit en réaction aux tendances actuelles du cinéma de genre. «Beaucoup de cinéastes ne s’assument plus, déplore Rob Cotteril. Des films tels que Machete (Robert Rodriguez) et Black Dynamite (Scott Sanders) ne font que multiplier les clins d’oeil au passé pour s’en moquer de manière un peu stérile. Nous avons créé un vrai film de genre, fidèle à lui-même, qui aurait très bien pu être tourné il y a 25 ans.»

Ironiquement, le projet de Hobo With A Shotgun se fait remarquer en 2007 dans un contexte qui joue un peu contre les ambitions de ses concepteurs. À la base, Davies, Cotteril et Jason Eisener (le réalisateur) conçoivent Hobo pour un concours de bandes-annonces qu’ils  emportent haut la main. Le premier prix? Une apparition en salle parmi les autres bandes-annonces parodiées de la mégaproduction de Quentin Tarantino, Grindhouse. Acclamée pour ses scènes d’une violence très crue et sa thématique éclatée, la vidéo fait par la suite tellement de vagues sur la toile que les gens d’Alliance Vivafilm proposent aux trois cinéastes d’en faire un long-métrage.

Dans ce contexte, la transformation de la bande-annonce en un long-métrage sérieux présentait un double défi. D’une part, éviter les dérapages. « Lors du tournage, dès que quelqu’un sentait une scène glisser vers la parodie où la mauvaise blague, raconte John Davies, nous reprenions du début.» Puis, il a fallu gérer la pression inhérente à l’attention médiatique. «Comme le public nourrissait des attentes immenses avant même l’écriture du scénario, nous devions nous assurer que chaque minute du film allait être aussi intense que les deux minutes de la vidéo originale », poursuit le scénariste.

À première vue, la formule semble fructueuse. Rare film de genre canadien à jouir d’une distribution majeure, Hobo With A Shotgun a déjà attiré l’attention au Festival de film de Sundance ainsi qu’à la grand-messe culturelle de South by Southwest . Pour Rob Cotteril, ce succès «fournit la preuve qu’il est possible de réaliser d’excellents films de genre au Canada sans tomber dans la caricature

Synopsis de Hobo with a Shotgun:

Bienvenue à Fuck Town ! Dans ce foutoir où se côtoient misère, violence et dépravation, le sadique Drake règne en maître absolu. Lui et ses fils contrôlent tout ce qui se fait de  plus malpropre en ville, laissant les citoyens en proie au désordre et à la corruption.

Malheureusement pour Drake, un honnête sans-abri, hobo, débarque à Fuck Town en quête d’un nouveau mode de vie. Le peu d’argent qu’il glane en mendiant sur le coin de la rue, ce clochard anonyme veut l’investir dans une tondeuse à gazon et fonder sa propre entreprise. Le sort en décide toutefois autrement.

Un jour où il se retrouve au centre d’un vol à main armée, Hobo troque le rêve de la tondeuse pour la sécurité du fusil de chasse. Du coup, il entreprend de nettoyer les rues à grandes effusions de sang. Des plus minables caïds aux policiers les plus corrompus, le justicier improvisé se fraiera un chemin jusqu’à Drake, aidé en cours de route par Abby, une jeune prostituée au cœur d’or. Âmes délicates s’abstenir.