L'interprète Juliette Ouimet incarne l'un des deux personnages du Réfrigérateur... ou l'un des trois, si on inclut aussi l'électroménager éponyme. Photo : Wandering Clown

Le réfrigérateur : claustrophobes s’abstenir

Mathieu Gauvin, ancien photographe de Quartier Libre, raconte qu’une assignation pour le journal, en 2016, lui a ouvert les portes d’une collaboration avec l’auteure Cynthia Massé, qui venait de remporter le Prix du récit de Radio-Canada pour sa nouvelle Le réfrigérateur. C’est durant une séance photo dans l’appartement de l’auteure qu’est né le projet d’adaptation cinématographique.

« C’est une adaptation du texte de Cynthia, mais c’est mon film, affirme Mathieu. On a détruit la structure du récit pour le rebâtir de manière non linéaire. » Le réalisateur explique que si l’histoire originale est racontée du point de vue d’un personnage caché dans un réfrigérateur afin de surprendre son amie, le film, quant à lui, est tourné du point de vue de cette dernière.

Mathieu précise qu’il a ajouté un élément clé à son film, une séquence de rêve inspirée des films d’horreur. « Elle n’était pas du tout dans le récit de Cynthia, développe-t-il. Je l’ai scindée en trois parties, ce qui a permis des raccords de mouvements entre le jour et la nuit, qui n’auraient pas été possibles autrement. » À l’inverse, de tels indices temporels sont presque totalement absents de Midsommar, dont la grande majorité des scènes en Scandinavie se déroulent durant l’été polaire, et donc, à la clarté perpétuelle.

Payer de sa poche pour lancer sa carrière

Le réalisateur a autofinancé une grande partie du budget de son film, avec l’aide du producteur François Ricard-Sheard, un diplômé en scénarisation de l’UdeM. « On a chacun investi environ la moitié du budget du projet, qui se situait entre 5 000 et 6 000 $, explique Mathieu. Une campagne de sociofinancement nous a aussi permis d’amasser les 2 000 $ supplémentaires, nécessaires pour la postproduction. » Si Mathieu ne compte pas récupérer cet investissement de sitôt, il croit néanmoins qu’il s’agit là du prix à payer pour lancer sa carrière. « Pour moi, c’est un investissement professionnel, précise-t-il. C’est ma carte d’entrée dans le métier. J’ai déjà un projet de réalisation prévu pour cet été, pour lequel je serai payé. »

Mathieu a contacté l’an dernier la coordonnatrice à l’époque du Ciné-campus, Amélie Michaud, afin d’emprunter une affiche du film Nelly pour le tournage de son film. « Elle m’a répondu qu’elle me la prêterait à condition que je présente mon film au Ciné-campus, raconte-t-il. Ce projet est l’aboutissement de plusieurs relations que j’ai eues à l’UdeM. Qu’il soit projeté ici pour la première fois, c’est comme une boucle qui se referme. »

La concordance des tons

Le successeur de Mme Michaud, Kenny Lafrenière, détaille que ce genre de projet indépendant cadre bien avec la mission du Ciné-campus. « Même si Le réfrigérateur n’est pas nécessairement un film étudiant, le Ciné-campus et l’UdeM font partie du parcours de Mathieu », ajoute-t-il.

Le coordonnateur a donc souhaité présenter ce film dans les meilleures conditions possibles, lui permettant aussi d’être découvert par un nouveau public. « Le film est très bien construit, réfléchi et abouti, souligne-t-il. Je pense vraiment que le ton du Réfrigérateur fonctionne avec Midsommar et que les spectateurs seront réceptifs à ce genre de proposition. »

Le réfrigérateur et Midsommar sont présentés les 29 et 30 octobre au Ciné-campus, dans le Centre d’essai de l’UdeM. La programmation se poursuit les 5 et 6 novembre avec Yesterday, une comédie fantaisiste du réalisateur anglais Danny Boyle.

 

L’auteure Cynthia Massé, au moment de sa rencontre avec le photographe-cinéaste qui va éventuellement porter son récit au grand écran. Photo : Mathieu Gauvin
L’auteure Cynthia Massé, au moment de sa toute première rencontre avec le photographe-cinéaste qui allait éventuellement porter son récit au grand écran. Photo : Mathieu Gauvin

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