Le récit d’une transgression

icone Culture
Par Aurélia Crémoux
jeudi 15 février 2024
Le récit d'une transgression
Sofiane Zermani (Farès) et Claire Pommet (Jeanne) dans "La Vénus d'argent". (PYRAMIDE DISTRIBUTION)
Sofiane Zermani (Farès) et Claire Pommet (Jeanne) dans "La Vénus d'argent". (PYRAMIDE DISTRIBUTION)
La réalisatrice Hélèna Klotz et la chanteuse et actrice Claire Pommet (Pomme) étaient de passage au cinéma Beaubien le mercredi 14 février. Elles y présentaient le film La Vénus d’argent, en avant-première québécoise, sorti en France en novembre 2023. Quartier Libre a assisté à la rencontre et à la projection du film.

L’écran s’ouvre sur le périphérique parisien que Jeanne Francoeur, incarnée par Claire Pommet, sillonne en scooter pour se rendre dans le quartier d’affaires de La Défense. Cette fille de gendarme habite dans une caserne en banlieue parisienne et se rend chaque matin dans l’une des tours du quartier pour y effectuer son stage, dans l’espoir d’y décrocher un poste de « quant » (analyste quantitatif en finance de marché).

Après un bon coup qui lui permet de gagner la confiance de Farès, un trader qui travaille dans son bureau, incarné par Sofiane Zermani, sa vie semble prendre le tournant qu’elle attendait.

Pour trouver sa place dans un milieu professionnel composé exclusivement d’hommes, le personnage de Jeanne, 24 ans, fait tout pour adopter une apparence androgyne; elle se bande les seins, porte un costume trop grand et une cravate. Elle confie d’ailleurs à Farès être « neutre, comme les chiffres ».

Après avoir passé sa journée entourée de banquiers, Jeanne revient le soir chez elle, dans la caserne, rêvant d’en partir un jour. Le public suit tout au long du film le parcours d’une transfuge de classe partagée entre ses ambitions et son milieu d’origine modeste.

L’acteur franco-canadien Niels Schneider, qui a notamment joué dans plusieurs films de Xavier Dolan, incarne avec sensualité le rôle d’Augustin, militaire de la caserne avec qui Jeanne a une liaison.

« Il y a une balance entre la magie et le réalisme dans le film », révèle Claire Pommet avec justesse.

Un rêve d’enfant qui se réalise

Malgré un scénario qui semble étiré et moins convaincant vers la fin du film, la performance de l’actrice est impressionnante pour son premier rôle à l’écran. « Ce film m’a permis de réaliser ce rêve d’enfant que j’ai ravivé pendant le confinement, car j’ai eu très peur de mourir sans avoir joué dans un film », explique-t-elle.

Elle parvient à incarner une certaine froideur, notamment en ne laissant paraître aucune émotion sur son visage, au prix de gros efforts « pour ne pas bouger ses sourcils », comme elle l’avoue avec dérision lors de la présentation.

« Je me suis sentie assez en confiance, ce qui est assez rare dans la vie, pour me laisser aller […] et j’ai appris énormément à lâcher prise pendant ce tournage », poursuit Claire Pommet.

Avec ce film, la réalisatrice Hélène Klotz signe son second long métrage. Quand le public lui demande quel a été le moment préféré de sa collaboration avec la jeune actrice, elle répond sans hésiter : « C’est quand j’ai vu Claire à la production, elle a lu une première scène et je me suis dit “OK, c’est elle”. »

Devant la salle comble du cinéma Beaubien, la chanteuse et actrice bien connue des Montréalais·es confie au public avec enthousiasme que « c’est comme si [elle et le public] vivai[en]t une seconde fois le rêve ensemble », alors qu’elle a déjà présenté une première fois le film en France à l’automne dernier.