Le pull « kitch » de Noël

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Par Esther Thommeret
mercredi 16 décembre 2020
Le pull « kitch » de Noël
La journée internationale du pull de Noël se tiendra le 18 décembre prochain. Crédit : Ramsey Mohsen via Flickr, licence : CC BY-NC-SA 2.0.
La journée internationale du pull de Noël se tiendra le 18 décembre prochain. Crédit : Ramsey Mohsen via Flickr, licence : CC BY-NC-SA 2.0.

Le 18 décembre prochain aura lieu la journée internationale du pull de Noël. Cette tradition anglo-saxonne tire principalement ses origines du film Le Journal de Bridget Jones. Un phénomène de mode « kitch » pour certains, une tradition sérieuse pour d’autres.

En 2011, la journée du pull de Noël est devenue officielle et internationale. « Aujourd’hui, la majorité des gens considèrent cette journée comme le moment où on peut porter des vêtements tricotés avec des couleurs criardes et des motifs du temps des fêtes qui sont dans l’imaginaire collectif, mais on le fait avec ironie », affirme le chargé de cours à l’École supérieure de mode de l’ESG UQAM Philippe Denis.

D’après lui, ce phénomène de mode aurait deux origines principales. « En 2001, il y a eu le film Le Journal de Bridget Jones, dans lequel l’un des personnages arbore fièrement le fameux pull, explique-t-il. On sent toute l’ironie, le jugement, dans le regard de l’actrice Renée Zellweger. » L’autre origine remonterait à une soirée organisée en 2002 par deux étudiants de Vancouver, sous la thématique « le chandail de Noël ». « Tout phénomène de mode a habituellement plusieurs racines, ce sont ici les deux influences principales », précise M. Denis.

Une tradition anglo-saxonne…

« On retrouve le fait d’offrir un vêtement tricoté à la main dans la tradition anglo-saxonne, poursuit le chargé de cours. C’est un geste que l’on posait à l’égard des gens qu’on appréciait. On leur offrait soit des gants, soit un pull avec des motifs hivernaux comme des sapins, des skieurs ou des flocons. » D’après lui, ce phénomène prend de plus en plus d’ampleur sur les réseaux sociaux et dépasse les frontières du monde anglo-saxon.

… et « kitch »

« Ce qu’on retrouve dans le film et dans cette soirée, c’est le côté “kitch”, ajoute M. Denis. On se moque finalement d’une tradition qui semble désuète. » Selon lui, le monde du cinéma a transformé ce phénomène en un mouvement international. « C’est parfois délicat de parler de “kitch”, parce c’est une élite, souvent intellectuelle, comme ici le cinéma, qui pose un regard sur ces traditions », souligne-t-il.

Il rappelle que cette coutume est bel et bien sérieuse et importante pour certains. « J’ai une grand-tante, qui, au temps des fêtes, nous offre les fameuses pantoufles, raconte M. Denis. Elle a pris le temps de sélectionner les couleurs, de les tricoter. Pour elle, c’est important et ça lui fait plaisir. »

Un phénomène de mode ?

M. Denis a fait de cette tradition son sujet de recherche. Il cherche à comprendre comment a été promu un patrimoine vestimentaire et s’intéresse plus particulièrement à l’absence ou à la présence de certains vêtements dans les collections parisiennes. « Pourquoi les a-t-on collectionnés ? Pourquoi sont-ils entrés dans le patrimoine ? s’interroge-t-il. Finalement, je me suis rendu compte que le phénomène des chandails de Noël est peut-être beaucoup plus riche que ce qu’on pourrait penser. »

La journée internationale du pull de Noël a lieu chaque année, le troisième vendredi du mois de décembre. « Préparez vos yeux, ça va être éclatant », conclut M. Denis.