Le professeur de cinéma André Gaudreault nommé à l’Ordre du Canada

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Par Philippe Morin-Aubut
mardi 17 janvier 2023
Le professeur de cinéma André Gaudreault nommé à l’Ordre du Canada
Crédit : Joël Lehmann.
Crédit : Joël Lehmann.
Le 29 décembre dernier, le professeur au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’UdeM André Gaudreault a été nommé officier de l’Ordre du Canada.

Ses travaux portant sur l’histoire du cinéma, la narratologie ou le montage avaient déjà été salués un peu partout. La nomination de l’Ordre du Canada s’ajoute donc à une longue liste de prix et de distinctions pour le professeur André Gaudreault, membre de la Société royale du Canada et chevalier de l’Ordre des arts et des lettres de la République française.

Auteur de nombreux ouvrages, le professeur de l’UdeM s’est intéressé plus récemment à l’impact des nouvelles technologies sur le cinéma. Il a notamment publié, avec le chercheur en communication sociale et professeur à l’Université catholique de Louvain Philippe Marion, La fin du cinéma? Un média en crise à l’ère du numérique (2013). L’ouvrage réédité doit à nouveau paraître en juin prochain.

Témoin de l’évolution du cinéma

M. Gaudreault a beaucoup travaillé sur l’histoire du cinéma, mais a lui-même été le contemporain de ces évolutions en tant que simple spectateur. Au micro de l’émission Quartier Libre du 13 janvier dernier sur CISM, il s’est souvenu d’une époque où, à Québec, ville qui l’a vu grandir, se procurer des films était très difficile. «C’est en étudiant à l’Université Laval que j’ai découvert le cinéma», a-t-il révélé. Le film qui l’a d’ailleurs fait tomber en amour avec son art n’est nul autre que Citizen Kane (1941) d’Orson Welles.

La question de l’accessibilité est aujourd’hui bien différente de la situation décrite par M. Gaudreault. Mais le cinéma a-t-il alors perdu un peu de sa magie d’antan, en gagnant en espaces de diffusion? Pour le professeur, tout dépend de la définition donnée à «cinéma». «Comme le disait un grand chercheur français, Christian Metz, le cinéma, c’est l’ensemble des usages sociaux qui sont reconnus comme étant du cinéma par les usagers de la langue», a-t-il expliqué sur les ondes de CISM.

Cinéma de salle contre cinéma de salon

Selon M. Gaudreault, relativiser tout alarmisme quant à la fin du cinéma est nécessaire. Mais il faut rester conscient·e, selon ce dernier, des enjeux actuels qui le caractérisent et de ce qui est en train de se perdre à travers les mutations technologiques.

«La mort n’est jamais absolue, mais certains éléments du cinéma peuvent mourir», a-t-il résumé au micro de Quartier Libre. La notion d’auteur·rice de films est un bon exemple de ce qui se perd à l’heure actuelle, selon lui, alors que les plateformes de diffusion comme Netflix les invisibilisent, mis à part certaines grosses pointures mises de l’avant.

Au niveau de l’esthétique cinématographique en tant que telle, le professeur s’inquiète aussi de la disparition probable d’une «forme lente», attribuable aux plateformes. «Dans un salon, on n’a pas le même degré d’attention ou d’écoute que dans une salle», souligne-t-il.

Les personnes qui le souhaitent peuvent réécouter l’entrevue complète avec M. Goudreault ici (à partir de la 25e minute).