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La nouvelle politique sera mise en place graduellement sur cinq ans, selon le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Photo : pxhere.com

Le prix de l’enseignement

Par Cédric Thévenin en collaboration avec Marianne castelan

«Le gouvernement finance les universités par tête de pipe [NDLR : par étudiant] », résume le secrétaire général de la FAÉCUM, Matis Allali (voir encadré « Un calcul pondéré »). Dans la nouvelle politique de financement, le précédent gouvernement provincial a changé les pondérations attribuées aux programmes d’études. Dans l’ancienne table de Classification et regroupement des domaines d’enseignement et de recherche (CLARDER), le Québec en utilisait 538. Il en utilise aujourd’hui 107, avec la nouvelle façon de calculer : la Classification académique aux fins de financement (CAFF).

« Avec la CAFF, certaines disciplines ont pris de la valeur, d’autres en ont perdu », observe Matis. L’écart entre le poids relatif des sciences infirmières et celui de la médecine, par exemple, diminue entre l’ancienne et la nouvelle classification. En outre, l’estimation des coûts pour les étudiants au doctorat en médecine et en médecine vétérinaire était, avec l’ancien système, près de deux fois supérieure à celle d’autres disciplines. Avec la CAFF, tous les troisièmes cycles (à l’exception de la psychologie) ont la même importance.

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Constat mitigé

« Les formations universitaires et le contexte dans lequel elles sont offertes évoluent, peut-on lire dans La Politique québécoise de financement aux universités. Les coûts associés aux différentes formations sont ainsi sujets à des modifications conséquentes. » Le document relie le coût d’un enseignement à sa popularité, à ses méthodes et aux exigences du milieu professionnel.

« L’UdeM n’est pas l’une des grandes gagnantes, mais ne fait assurément pas partie des perdantes », estime Matis, en référence aux conséquences de ces changements pour les universités québécoises. Il pense aussi que la CAFF rend le financement universitaire provincial moins flou et plus proche de la réalité, notamment parce que la nouvelle classification se fonde sur les données de trois années scolaires (de 2012 à 2015), tandis que la table CLARDER ne reposait que sur le financement de l’année 2002-2003.

Autonomie de l’UdeM

Le gouvernement laisse aux universités la liberté de décider elles-mêmes de la répartition de leurs ressources, selon sa politique de financement aux universités. « À l’UdeM, il a été décidé que dans toute l’opération d’allocation budgétaire, aucune faculté ne se trouve perdante et ne voit son budget diminué en raison des changements du financement gouvernemental », affirme la directrice générale du Bureau des communications et des relations publiques du Cabinet du recteur, Sophie Langlois.

Dans son budget 2018-2019, l’UdeM indique qu’elle fixe le montant des enveloppes de ses facultés en fonction des priorités institutionnelles et des variations d’effectifs. Quand une faculté perd un étudiant par rapport à l’année précédente, elle perd l’équivalent de la moitié des droits de scolarité que celui-ci aurait généré. La réciproque est vraie quand elle attire un inscrit supplémentaire. Mme Langlois précise qu’il existe de légères fluctuations dans les inscriptions à des programmes pour lesquels les effectifs ne sont pas contingentés.

Inquiétudes

« En voyant l’état financier de certaines facultés, on se dit que ça devrait être corrigé par la CAFF, remarque Matis. C’est là que vient jouer l’autonomie de l’Université, qui gère ses postes budgétaires comme elle l’entend. »

Il confie que certaines associations étudiantes expriment des préoccupations à propos du budget de leur faculté. Contactées par Quartier Libre, plusieurs associations n’ont pas souhaité se positionner sur la question pour l’instant.

Il pense toutefois que la répartition des ressources de l’UdeM ne produit pas d’effets négatifs. « C’est certain qu’on ne va pas juste attendre les bras croisés qu’ils se fassent sentir », prévient-il. Il assure veiller à ce que les facultés de l’UdeM ne soient ni sous-financées ni surfinancées.

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