Le poids des souvenirs [Critique]

icone Culture
Par Antoine Brière
mardi 18 avril 2023
Le poids des souvenirs [Critique]
Crédit : Alizée Royer.
Crédit : Alizée Royer.
L’autrice Dominique Fortier, lauréate du prix Renaudot de l’essai pour son livre Les villes de papier en 2020, offre, avec Quand viendra l’aube, de subtiles tranches du quotidien, où elle mûrit le passé. Le tout est livré dans l’écriture sensible qu’on lui connaît.

Comment parler de ce livre ? Qu’est-il, au juste ? Un recueil de nouvelles ? De poésie, ou de lyrisme quotidien ? D’anecdotes ? Un condensé du rapport à la vie de l’autrice Dominique Fortier ? On y retrouve, en fait, un peu de tout ça.

Quand viendra l’aube est un court livre, d’à peine 101 pages, mais d’une richesse surprenante. L’ouvrage se présente sous forme de fragments : ce sont de petites histoires, des tranches de vie, de courtes anecdotes livrées par l’écrivaine.

« J’écris ceci du milieu de la nuit, un faux matin », confie-t-elle à la fin du premier texte de Quand viendra l’aube. Une phrase qui résume bien l’esprit de son livre. En ce sens qu’une image surgit : peut-être y voit-on de la couleur, un bureau, une fenêtre ; en tout cas, une ambiance se dessine et porte le lecteur vers la méditation ou la réflexion.

En fait, le recueil brode sur les petits instants de la vie et invite par la même occasion à y découvrir une certaine richesse. Ces moments satisfaisants que nous partageons quelques fois sur les réseaux sociaux, qui peuvent être la beauté d’une golden hour, qui traverse la fenêtre en procurant une sensation de légère chaleur sur la peau ; l’odeur alléchante d’un plat qui vient d’être cuisiné ; le simple bruit de cascade d’un bain que l’on ferait couler. Ce livre est une explosion de moments de ce style. Tantôt moins satisfaisants, et tantôt plus, en fonction de leur force d’évocation.

Quand viendra l’aube s’imprègne aussi fortement de l’expérience de l’autrice, qui livre ses réflexions sur les souvenirs, les êtres chers perdus et ce qu’il reste d’eux. « Certains ont des souvenirs d’enfance semblables à des albums photos […] et je n’ai guère de souvenirs heureux », écrit-elle. Dominique Fortier expose sa vie personnelle, ses deuils, son processus d’écriture, sa personne, dans une myriade d’anecdotes lyriques subtilement écrites.

Ce livre est également l’occasion pour Dominique Fortier d’évoquer son père, disparu, dont elle doit faire le deuil. Elle partage, dans les formes mentionnées précédemment, son appréciation du personnage : reviennent des souvenirs de lui lorsqu’elle était enfant, puis adulte. Il est impossible de demeurer insensible à sa façon d’en parler. De la même manière, l’autrice nous parle de sa fille et de son innocence d’enfant d’une manière tout aussi touchante.

Quand viendra l’aube est un beau livre, qui invite à prendre un peu de recul sur le quotidien effréné et à s’asseoir avec ses souvenirs.

Dominique Fortier
Quand viendra l’aube
Montréal
Alto
2022
101 pages
18,95 $

Vous avez lu une œuvre de fiction ou un essai qui a attiré votre attention et vous voulez en faire une recension critique ? Écrivez-nous à culture@quartierlibre.ca