Le poids éléctoral des jeunes

icone Societe
Par Marine Gachet
jeudi 17 octobre 2019
Le poids éléctoral des jeunes
Le 19 septembre dernier s'est tenu le panel « Au-delà du vote — le pouvoir des jeunes », ou des jeunes engagés ont dialogué avec des décideurs politiques et économiques. Photo : Courtoisie Oxfam Québec
Le 19 septembre dernier s'est tenu le panel « Au-delà du vote — le pouvoir des jeunes », ou des jeunes engagés ont dialogué avec des décideurs politiques et économiques. Photo : Courtoisie Oxfam Québec
Le 21 octobre, plus de sept millions de jeunes pourront voter aux élections fédérales. Malgré l’importance du poids électoral des 18-34 ans, la place de leurs revendications dans les médias est faible et les réponses des partis se composent de promesses traditionnelles.

«  Les préoccupations des jeunes sont complètement absentes de la campagne actuelle », déplore la directrice des politiques d’Oxfam-Québec, Anne Duhamel. Elle ajoute que s’il y a eu une légère augmentation de l’attention portée aux revendications des jeunes avec la marche pour le climat du 27 septembre, la concentration sur les milléniaux dans la campagne reste très faible.9

C’est le constat de l’organisme, après avoir engagé l’agence de relations publiques Mesure Média pour étudier la couverture médiatique des thématiques propres aux jeunes [voir encadré]. Le document publié indique que les enjeux liés à l’environnement et aux changements climatiques ont obtenu une part de visibilité de 31,4 %, mais celles des autres enjeux s’écroule drastiquement. Le thème « Égalité et inclusion » se retrouve en deuxième position, avec seulement 1,6 % de visibilité dans les médias.

Les milléniaux représentent actuellement une partie importante des électeurs au Canada. Selon les calculs de l’Institut du Nouveau Monde (INM), basés sur les chiffres d’Élections Canada, ils forment 26,5 % de l’électorat du pays.

Instaurer un dialogue entre jeunes et politiciens

Le 19 septembre, Oxfam-Québec et la Maison du développement durable ont organisé une rencontre entre des jeunes engagés et des représentants des différents partis aux élections fédérales. « Nous étions quatre jeunes engagés pour échanger avec des candidats aux élections fédérales, dans le but d’améliorer la participation des jeunes en politique », raconte un ancien étudiant en science politique de l’UQAM, William Grenier-Chalifoux, panéliste lors de cette rencontre. « Tous les candidats étaient pour une plus grande participation des jeunes en politique, commente-t-il. Ils sont conscients que cette année, les milléniaux vont être l’électorat premier. »

William explique voir des stratégies visant directement les jeunes. « D’après Radio-Canada1, si on regarde les dépenses électorales depuis le mois de juin, les libéraux ont dépensé 583 297 dollars en publicités Facebook et les conservateurs 279 532 dollars, ciblant à mon avis particulièrement les jeunes, car Facebook est une plateforme où on les retrouve beaucoup », développe-t-il. Il ajoute que les libéraux ont annoncé dès le deuxième jour de campagne vouloir favoriser l’accès à la propriété chez les jeunes. « Comme le poids électoral des jeunes est important, les politiciens vont y prêter attention, prédit-il. C’est à leur avantage de les intéresser et de les inciter à sortir voter. »

Plusieurs organisations tentent de mobiliser les jeunes politiquement, afin d’ouvrir un dialogue entre cet électorat et les candidats et de les faire participer à la vie politique. L’INM a ainsi lancé une campagne appelée #JeSuis7Millions, afin que les jeunes puissent poser leurs questions aux différents partis politiques. « Après que les jeunes nous aient adressé des questions sur les réseaux sociaux cet été, nous leur avons demandé de nous les envoyer via un formulaire, explique le chargé de communication de l’INM, Mathieu Arsenault. L’INM a sélectionné cent questions et les a soumises aux différents partis politiques ».

Des politiciens informés

Mme Duhamel regrette que les réponses qui se retrouvent dans les différents programmes soient assez traditionnelles. « Si on regarde maintenant les plateformes, ce sont souvent des enjeux typiques qui reviennent : appui aux études, accès à la propriété pour les jeunes », indique-t-elle. La directrice spécifie que ces problématiques restent isolées, alors que les jeunes préfèreraient une approche plus large et plus inclusive.

Elle rappelle pourtant que, dans l’optique d’impliquer les milléniaux dans l’élection fédérale de 2019, Oxfam-Québec a organisé en juin une consultation auprès de ceux-ci afin de déterminer leurs revendications politiques.

Onze recommandations ont ensuite été déposées au Parlement d’Ottawa à la fin juin. « Les politiciens présents nous ont dit qu’ils allaient relayer le message à leur parti », se souvient Mme Duhamel. Elle déclare que les politiciens sont donc au fait des questions qui préoccupent les jeunes et des contextes auxquels les jeunes sont confrontés.

1. ICI Radio Canada : Voici comment les partis vous parlent d’environnement sur Facebook — publié le 19 septembre 2019

9A