Société-Monde

Le PLC te veut

Depuis l’élection fédérale de mai dernier, rien ne va plus pour le Parti libéral du Canada, qui a perdu 43 sièges avec seulement 34 députés élus, dont 6 au Québec. La formation politique s’est réunie du 13 au 15 janvier dernier en congrès à Ottawa pour tenter de trouver un nouveau souffle. Les Jeunes libéraux de l’UdeM, présents à l’événement, livrent leur vision des orientations prises par leur parti. Au programme, séduire les jeunes et les francophones.

Alertes et rouges, les forces vives libérales de l’UdeM: de gauche à droite, Laurent fournier, carl-olivier rouleau, catherine Getté, christopher Monette et simon beauchemin. Crédit Mariam Moustakaly

Après la déconfiture électorale, il est devenu plus difficile d’assumer d’être libéral au Canada, et encore plus au Québec. Christopher Monette, président des Jeunes libéraux de l’UdeM et membre du PLC depuis 2008, n’a cependant jamais cessé de croire au PLC. L’étudiant en communication et politique y a vu l’occasion de réorganiser le parti. « Le parti libéral, c’est le parti qui est en train de se réinventer pour le mieux, défend-il. C’est le parti qui va faire rayonner le plus de monde possible et ainsi rejoindre plus d’individus. Le Congrès a permis pour certains de raviver la flamme libérale. Nous étions très excités d’être huit étudiants à représenter l’UdeM à Ottawa. » Le militant est d’ailleurs très satisfait du déroulement du Congrès, mais surtout de l’importante représentation des jeunes au sein du parti.

« Nous étions plus de 3 200 délégués à assister au Congrès, soit plus que ceux du Parti conservateur du Canada et du Nouveau Parti démocratique mis ensemble. De plus, le tiers d’entre nous étions des jeunes », s’exclame-t-il.

Imran Ahmad, ancien étudiant en droit de l’UdeM, a été élu vice-président francophone du PLC lors du Congrès. Il affirme également que la force du congrès biennal réside dans la forte concentration de jeunes et de nouveaux membres. «Il y a beaucoup de gens qui se sont joints au parti depuis le 2 mai dernier, explique-t-il. Si on veut assurer la survie et le renouvellement du parti, il faut des changements fondamentaux. L’ouverture aux jeunes est donc une priorité. Nous avons plusieurs projets afin de les intégrer et de leur donner plus de pouvoir au sein même du parti. Nous tentons de mettre sur pied l’Université des libéraux. Les jeunes apprendront à bâtir une association politique. Ils pourront aussi faire des stages avec des députés libéraux, ou à l’étranger, afin d’assurer la formation des dirigeants de demain. »

Francophones du Canada ou Québécois ?

Partir sur de nouvelles bases semble donc vouloir dire rajeunir le parti, mais également assurer un certain retour aux sources. Pour Christopher Monette, il s’agit de se réapproprier ce qui a été accompli par le PLC dans le passé par des figures comme Wilfrid Laurier, le premier premier ministre francophone du Canada. Le but est de rallier l’électorat à la cause libérale. « On veut que les gens se rendent compte que le Parti libéral est celui qui a fait le plus pour le Québec, pour la langue française et pour la culture », souhaite-t-il.

Né à Montréal et ayant vécu 30 ans au Québec, Imran Ahmad juge que le nombre de francophones présents au Congrès était trop faible. « La lacune du Congrès reste la sous-représentation des francophones. Il y aurait dû y avoir beaucoup plus de Québécois, mais également des communautés francophones à travers tout le Canada, et ce, au-delà du processus politique », regrette-t-il.

Le politologue de l’UdeM Jean-François Godbout partage globalement cette analyse, mais insiste sur la nécessité de se recentrer sur la Belle Province. « Bien que le parti libéral ait toujours défendu les intérêts francophones hors Québec, il n’en reste pas moins que les sièges à regagner sont principalement au Québec. La marque libérale au Québec n’est plus ce qu’elle était, et l’impact a été révélateur lors des dernières élections », explique-t-il.

Objectif jeunes

Selon M. Godbout, se tourner vers la jeunesse constitue une bonne chose pour le parti. « Il s’agit d’un vieux parti qui a connu une grande baisse de popularité au Québec à la suite du gouvernement centralisateur de Trudeau et du rapatriement de la constitution de 1982, dit-il. Aller chercher les jeunes pour renouveler la vision libérale et ainsi favoriser une réconciliation, c’est un bon départ. » Dans cette optique, les délégués au congrès ont adopté une résolution proposant la légalisation du cannabis. Pour Imran Ahmad et Christopher Monette, ce vote illustre encore une fois l’ouverture du parti à la jeunesse et au dialogue.

« L’ambiance était propice au débat et l’on est tous des gens passionnés, alors c’était très motivant », ajoute-t-il. Toutefois, une résolution demandant l’abolition de la monarchie au Canada n’a pas été adoptée.

M. Godbout affirme souvent à ses étudiants que la légalisation de la marijuana serait une option pour le Canada. « Non pas parce que j’en consomme moi-même, loin de là! Mais si ça peut rapporter de l’argent à l’État, pourquoi pas ? », précise-t-il. Pour lui, la question de l’abolition de la monarchie n’est pas aussi importante aujourd’hui qu’elle l’était en 1982, mais elle reste cependant pertinente étant donné la position actuelle des conservateurs et surtout puisqu’elle émane de la jeunesse.

Les prochaines élections fédérales sont loin, et la nouvelle plateforme du PLC n’est encore qu’une ébauche. L’orientation actuelle des libéraux résolument projeunes et profrancophones a donc bien le temps d’être remise en question. D’autant qu’il reste à savoir si miser sur une minorité linguistique et sur une classe d’âge qui vote traditionnellement moins que ses aînés peut s’avérer une stratégie politique payante.

 

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