«Où se situe la frontière entre improvisation et composition ? », demande le directeur artistique et chef d’orchestre de l’OUM, Jean-François Rivest. Conscient que son programme suscite la surprise, M. Rivest croit que le jazz et le classique ont plus en commun qu’il n’y paraît. « L’improvisation est reconnue comme l’apanage typique du jazz, mais un compositeur qui écrit vite n’est-il pas en train d’improviser ? », poursuit-il. Rappelant que Mozart a écrit La Flûte enchantée en seulement deux semaines, le chef d’orchestre affirme que les plus grands improvisateurs de l’histoire de la musique ne sont nul autre que Bach, Mozart et Beethoven. À l’inverse, quand on lui demande qui sont les Bach et les Mozart d’aujourd’hui, il n’hésite pas une seconde : « Ce sont les jazzmen ! »
Le chef d’orchestre a voulu mettre le jazz à l’honneur dans un concert en deux parties. Le public découvrira d’abord ce genre vu par les compositeurs classiques, puis viendra le tour au classique d’être vu par les jazzmen.
Le premier solo de la soirée sera assuré par l’étudiant au doctorat en musique – interprétation Mateo Low-Creux qui présentera au piano le Concerto pour la main gauche de Ravel. « Jouer à une seule main représente déjà un énorme défi, explique l’étudiant. Mais Ravel y ajoute une dimension athlétique en l’écrivant pour donner l’impression qu’il est joué à deux mains. » Une épreuve, donc, pour le jeune soliste qui oublie presque de mentionner qu’il est droitier. Pour lui, c’est surtout un grand cadeau de jouer aux côtés d’un orchestre symphonique.
Rester «coquin»
En deuxième partie, le point de vue des jazzmen sera représenté par un quatuor de professeurs invités. Fidèles à la tradition du jazz, les quatre interprètes présenteront des solos improvisés, créant un dialogue créatif et un brin compétitif entre l’orchestre et eux. « Ce qui est formidable avec les jazzmen, c’est qu’ils jouent sans cesse avec les limites, constate M. Rivest. Alors je leur laisse beaucoup de liberté, mais je compte les mesures ! »
À ces mots, le pianiste et professeur adjoint de la Faculté de musique de l’UdeM John Roney esquisse un sourire. « Bien sûr, on respecte toujours le cadre de l’orchestre, mais on reste coquins, précise-t-il. Il ne faut pas être trop gentil. » Spécialiste du jazz, il soutient que tout bon jazzman se doit d’intégrer sa personnalité à la musique qu’il joue. « Le jazz, c’est une question d’émotion, croit-il. Quand les grands jazzmen performent, on oublie la pièce qu’ils jouent et on n’entend plus qu’eux. »
Quant à la réaction qu’il attend du public, M. Rivest rappelle que, à l’époque de Mozart, le public applaudissait si spontanément que les musiciens devaient souvent recommencer leurs morceaux deux ou trois fois. « Les gens vont applaudir à chaque solo, et nous allons les encourager », s’exclame-t-il. M. Rivest entend bien ramener cette ambiance à la mode, et le jazz semble tout indiqué pour y arriver.
Jazz !
Samedi 9 avril | 19 h 30
Salle Claude-Champagne | Faculté de musique
Entrée libre pour les étudiants