La Coalition montréalaise de la Marche mondiale des femmes (CM-MMF) a remis un constat d’infraction à François Legault lors d’une action citoyenne ce jeudi 15 octobre. Le mouvement féministe reproche au premier ministre sa gestion stratégique gouvernementale pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
Une quarantaine de personnes se sont réunies jeudi 15 octobre devant le cabinet de François Legault pour remettre au gouvernement un constat d’infraction appuyé par une centaine de signatures.
Le mouvement, mené par la CM-MMF, estime que le premier ministre n’a pas respecté ses engagements et ses promesses de campagne, notamment dans la mise en pratique de l’analyse différenciée selon le sexe (ADS, ou ADS+ : voir encadré). « Pendant la pandémie, on a pu voir qu’aucune analyse différenciée selon les sexes n’a été réalisée dans les mesures mises en place, affirme la porte-parole de la CM-MMF, Véronique Martineau. François Legault s’était pourtant engagé à l’appliquer lors de son élection. »
Le plan de relance particulièrement visé
La Coalition reproche au gouvernement de ne pas avoir pris en compte les retombées sociales à long terme du plan de relance économique annoncé à la suite de la pandémie de la COVID-19. « Premièrement, le plan a été réalisé majoritairement par des hommes du cabinet du premier ministre, poursuit Mme Martineau. Aussi, le plan n’inclut pas de gestes concrets pour des secteurs économiques plus féminins : les mesures mises en place vont surtout favoriser les infrastructures et le domaine de la construction. »
La porte-parole du CM-MMF aurait aimé que davantage d’efforts soient entrepris dans le secteur public. « Le gouvernement a comme un double discours : il faut plus de préposés, de personnes qui travaillent dans les écoles, mais il n’est pas capable de les rémunérer, déplore-t-elle. Il faut faire une relance économique juste pour tout le monde, et pas seulement pour quelques personnes. »
La Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes avait déjà fait part au gouvernement de ses revendications au cours des derniers mois, notamment lors d’une rencontre avec la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest. « Depuis, il ne semble pas y avoir eu d’actions réelles »,regrette Mme Martineau. La porte-parole précise que le constat d’infraction, déposé officiellement ce jour-là, a été envoyé il y a un mois au cabinet ministériel par courriel. Ce dernier est resté sans réponse.
« De l’argent a rapidement été investi, notamment pendant la pandémie, mais aucune analyse n’a été faite, assure Mme Martineau. Est-ce que c’était les meilleurs endroits pour investir ? À long terme, quels sont les impacts que cela va avoir pour diminuer les inégalités dans la société, que ce soit les inégalités hommes-femmes, mais aussi envers les plus démunis, les personnes racisées ? Il faut faire respecter l’ADS+. »
La CM-MMF espère profiter de cette manifestation et de la rencontre prévue le 30 octobre avec la députée caquiste de Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, pour sensibiliser les membres de l’Assemblée nationale aux enjeux qui entourent l’ADS.
Encadré :
L’ADS vise à inscrire une approche contribuant à l’égalité entre les femmes et les hommes dans les pratiques et la culture administrative du gouvernement du Québec. Elle permet de discerner de façon préventive les effets distincts que pourrait avoir, sur les femmes et les hommes, une politique, un programme ou toute autre mesure gouvernementale.
Le sigle ADS+ est parfois employé pour intégrer l’analyse d’autres forces ou formes d’inégalités comme le racisme, les minorités sexuelles ou les populations les plus démunies.