Le gouvernement du Québec forme un comité sur la reconnaissance de la liberté universitaire

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Par Edouard Ampuy
vendredi 26 mars 2021
Le gouvernement du Québec forme un comité sur la reconnaissance de la liberté universitaire
Un ou une étudiante, dont la nomination sera annoncée dans les semaines à venir, complètera le comité. Crédit : Wikimedia Commons.
Un ou une étudiante, dont la nomination sera annoncée dans les semaines à venir, complètera le comité. Crédit : Wikimedia Commons.

Le gouvernement du Québec a annoncé la formation d’un comité d’experts sur la reconnaissance de la liberté d’expression universitaire. Les trois professeurs qui le composeront auront pour responsabilité d’étudier le sujet de la liberté d’expression dans les universités et rendront un rapport à la fin de l’année. Un étudiant devrait également se joindre à eux.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, a annoncé mardi dernier la création du Comité d’experts sur la reconnaissance de la liberté académique. « La mise sur pied du comité et son mandat démontrent que la liberté académique et la liberté d’expression sont très importantes pour notre gouvernement et que nous agissons pour les protéger, a-t-elle expliqué. Ces principes sont et doivent continuer d’être au cœur de notre réseau universitaire pour que nous diplômions des étudiantes et étudiants à l’esprit critique fort et au jugement éclairé. »

Le Comité est présidé par le vice-recteur aux partenariats, aux affaires internationales et autochtones de l’Université du Québec à Chicoutimi, Alexandre Cloutier. Il réunit également les professeurs Yves Gingras, du Département d’histoire de l’UQAM, Chantal Pouliot, du Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Université Laval, et Aline Niyubahwe, de l’Unité d’enseignement et de recherche en sciences de l’éducation de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Un ou une étudiante, dont la nomination sera annoncée dans les semaines à venir, complètera le comité.

« J’ai accepté ce rôle puisque comme plusieurs, les événements des derniers mois m’interpellent, déclare M. Cloutier. Les temps changent et les mentalités évoluent, mais le principe de la liberté académique ne perd pas en importance. »

Les tâches du Comité

La formation de ce comité est accueillie favorablement par La Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU), qui se réjouit de voir que la ministre a sélectionné des professeurs aux parcours divers, « des personnes qui disposent d’une expertise reconnue par la communauté universitaire en matière de liberté académique », indique-t-elle.

Dans ses tâches à venir, le Comité doit dresser une liste des récentes situations dans lesquelles le concept de liberté universitaire a été abordé au Québec et les analyser. Les mesures déjà en place dans les universités seront passées en revue, et à partir des données récoltées, l’équipe fera ses recommandations au gouvernement. « Les libertés de penser, de s’exprimer, de débattre sont les fondements mêmes de l’université et de la démocratie, rappelle M. Cloutier. Je crois qu’il est possible de réaffirmer haut et fort la liberté académique tout en appelant au respect de la dignité de chacun. »

 Des chargés de cours critiquent

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNÉÉQ-CSN) se désole de ne compter aucun chargé de cours parmi les membres du comité, qui sont pourtant au cœur du sujet, selon sa présidente, Caroline Quesnel. « Durant les derniers mois, les cas les plus médiatisés ont impliqué exclusivement des personnes chargées de cours, souligne-t-elle. Qu’aucune place sur ce comité ne soit accordée à un représentant de ce groupe est franchement décevant et mal avisé. » Le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval (SCCCUL) approuve les propos de Mme Quesnel et estime que les chargés de cours sont encore une fois exclus.

D’après la FNEEQ-CSN, les enseignants contractuels sont au cœur du sujet de la liberté d’enseignement, puisqu’ils gèrent plus de 60 % de l’enseignement au premier cycle. « Pour que le comité puisse réaliser une analyse complète de l’état des lieux et proposer des pistes de solution, l’expertise de tous les personnels enseignants œuvrant dans les collèges et les universités doit être mise à contribution. », affirme Mme Quesnel, qui invite la ministre McCann à réviser la composition de ce comité, afin de mieux refléter la réalité.