La coordonatrice du Ciné-Campus de l’UdeM, Amélie Michaud, reconnaît l’intérêt des étudiants pour le cinéma de genre. « On a la chance d’avoir un public qui aime bien ce type de cinéma, annonce-t-elle. Des films comme Les affamés de Robin Aubert, Turbo Kid ou Summer of 84 intéressent les étudiants. »
Quand elle tente d’expliquer ce goût du public étudiant pour les films western, d’horreur ou encore de zombies, elle en vient à la question de la nouveauté. « Je pense que les films de genre se permettent une liberté qui plaît à notre public, indique-t-elle. Ils offrent un traitement de l’image ou du propos qui détonne et qui apporte de la fraîcheur au cinéma. »
Cette idée de nouveauté, qui attire la communauté étudiante, revient également dans les propos de l’ancien étudiant en études cinématographiques, Amir Belkaim. « Je pense que le cinéma de genre est ludique, commence-t-il. Ce cinéma permet aux spectateurs de sortir de leur quotidien pour aller dans des univers extraordinaires. Le genre propose une aventure, quelque chose d’un peu plus unique que la banalité du quotidien. »
Pour Mme Michaud, c’est ce type de cinéma qui lance les nouvelles modes cinématographiques. « Il peut aller plus loin, proposer une esthétique différente, des cadrages audacieux », note-t-elle.
Pour le producteur de MRGenre Production et ancien étudiant de l’UdeM, Mathieu R. Grenier, c’est avant tout le contexte qui crée la mode. Pour lui, le cinéma de genre devient un lieu d’expression des craintes. « À mon avis, le cinéma permet de refléter les angoisses d’une société et reflète à son tour la société », avance-t-il.
Le Québec à la traîne
Malgré la multiplication des films de genre, Amir estime que le monde francophone peine à produire ses propres films. « Au Québec, depuis les années 1940, nous avons produit approximativement 105 films de genre ( horreur, fantastique, science-fiction et action )», annonce-t-il. Il regrette que seulement une centaine de productions aient été réalisées en 75 ans.
Le Festival Black
La 14e édition du Festival International du Film Black de Montréal (FIFBM) s’est tenue du 25 au 30?septembre et a célébré le cinéma noir indépendant.
L’affiche de cette année a annoncé 72 films provenant de 25 pays. Le festival a également accueilli le réalisateur de BlacKkKlansman, Spike Lee, pour une conférence sur son parcours en tant que réalisateur.
La chargée des relations médias Véronique Fecteau revient sur les intentions du FIFBM. « Son objectif est de donner une voix et une vitrine à des artistes qui, autrement, ne sont ni vus ni entendus, explique-t-elle. C’est aussi de bâtir des ponts à travers les arts en diversifiant l’offre cinématographique sur le territoire québécois.?» Plus de 1500 films ont ainsi été diffusés depuis les débuts du festival en 2005, annonce Mme Fecteau. Son bilinguisme (anglais et français) et sa géolocalisation en font le plus important festival de ce genre au monde*.
Bien qu’apolitique, le FIFBM offre, d’après la chargée des relations médias, une chance aux participants de s’exprimer. «?Il donne la parole aux cinéastes indépendants qui sont souvent engagés et militent pour l’inclusion, la diversité, l’équité et la justice », note-t-elle.
Le festival propose également une programmation jeunesse de films d’animation, « pour permettre aux enfants de découvrir le monde?», annonce-t-elle. Cet évènement, créé par la Fondation Fabienne Colas et spécialisé à l’origine dans le cinéma haïtien, devient le FIFBM en 2010. En 14 ans, il a reçu une couverture médiatique internationale et accueilli plusieurs célébrités telles que Harry Belafonte, Danny Glover, Souleyman Cissé ou encore Martin Luther King III.
*Site officiel du FIFBM