Le français barbare

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vendredi 15 avril 2016
Le français barbare
Selon l'Office québécois de la langue française, un barbarisme est une erreur de vocabulaire qui touche la forme du mot. (photo : Sarah Marchand)
Selon l'Office québécois de la langue française, un barbarisme est une erreur de vocabulaire qui touche la forme du mot. (photo : Sarah Marchand)
Maladresses, contorsions linguistiques ou fautes d’inattention, les barbarismes se fondent imperceptiblement dans l’usage. Pour mieux se préparer en cette fin de session, voici, en neuf exemples, une sélection des barbarismes les plus répandus en français.

Au Québec comme partout ailleurs, les barbarismes sont rois. Influences étrangères, métamorphoses du mot, il est difficile, parfois, et sans un rapide coup d’œil jeté dans le dictionnaire, de faire la différence entre une bonne et une mauvaise formule. De forme discrète, le barbarisme nait souvent d’une mauvaise prononciation, à l’oral, et contamine l’usage des mots et leur morphologie.

Un peu d’histoire

Si l’on se réfère à l’Office québécois de la langue française (OQLF), un barbarisme est, par définition, une faute grossière qui touche la forme d’un mot employé dans un sens qu’il n’a pas. D’origine grecque, un barbarisme est un mot propre à l’étranger, d’où la connotation « barbare » qui, en Grèce antique, servait à désigner une personne qui ne parlait pas bien le grec. Le mot « barbare » démarquait surtout les Grecs des nations dites « sous-développées », la civilisation grecque se jugeant supérieure par son empire et par son art de la rhétorique.

Quelques barbarismes à éviter…

S’avérer faux – un classique du lexique barbare. Si l’on s’en tient à sa définition, le verbe « avérer » signifie « établie comme vraie ». L’adjectif «?faux?» est un abus de langue et est fortement contradictoire, donc, en compagnie de ce verbe. L’expression « s’avérer vrai », quant à lui, est de forme pléonastique. Ainsi il conviendra de dire : « Ce mot s’avère être un barbarisme » ou, dans le sens contraire, « Ce mot ne s’avère pas être un barbarisme. »

Frigidaire – utilisé comme synonyme de réfrigérateur, il s’agit en réalité d’une propriété commerciale, d’une marque de réfrigérateur autrement dit, et qui a très vite pris la contraction de frigo. Le mot Frigidaire est à éviter, sinon à écrire avec une majuscule pour signaler un nom propre.

Rabattre les oreilles – très répandu lui aussi, le verbe à employer est « rebattre »  qui signifie « battre de nouveau ». Ainsi, tel que suggéré par la banque de dépannage linguistique (OQLF), on dira « il lui a rebattu les oreilles… » et non « Il lui a rabattu les oreilles… ».

Des fois – substitut de parfois, cette expression est un tic du langage populaire. On lui préférera les mots « parfois » et « quelquefois ».

Il s’est en allé –barbarisme syntaxique, cette formule s’utilise plutôt dans l’ordre suivant : « il s’en est allé ».

Infractus – autre célébrité barbaresque, la mauvaise orthographe de ce mot rejoint la lignée des emplois fautifs. La correction? « Infarctus ».

Tête d’oreiller –Il ne s’agit pas d’une tête mais d’une taie d’oreiller, la proximité de ces deux pouvant facilement porter à confusion.

Rénumérer – très certainement causé par une analogie avec les mots « numéro » et « énumération », la forme exacte est « rémunérer » avec un m.

Et enfin…

Avoir convenu – le verbe « convenir » se conjugue avec l’auxiliaire être, uniquement. L’expression adéquate sera donc la suivante : « nous sommes convenus de ne plus utiliser de barbarismes… »

De quoi bien s’entraîner pour les examens à venir et clore en beauté cette fin de session !