Volume 18

Crédit: Catherine Deschamps Montpetit

Le fou du roi

Dans un monde où le politiquement correct dicte la plupart de nos conversations, un homme refuse de se plier au jeu. Est-ce une machine ? Un surhumain ? Un héros ? Non, c’est un humoriste !

Benoit Lefebvre est un jeune humoriste et chroniqueur de 27 ans. Depuis deux ans, il signe une chronique d’humeur et d’humour dans le journal Métro, traitant parfois de sujets chauds ou délicats. Gare à ceux qui pensent qu’on ne peut pas rire de tout au Québec !

Quartier Libre : Vos sujets sont parfois choquants, comment les choisissez-vous ?

B e n o i t L e f e b v r e : J ’ a i u n e approche artistique, dans le sens où j’essaie d’avoir des chroniques différentes d’une semaine à l’autre. J’y vais au feeling. Si je me sens drôle ou baveux, ça paraît nécessairement dans la chronique. Pour ce qui est du sujet lui-même, c’est une accumulation de choses depuis le début de ma vie, aidé de mon sens d’observation de l’actualité. Je ne me suis jamais empêché de dire quelque chose par peur de choquer.

Q. L : Dans la vie de tous les jours, êtes-vous aussi direct que dans votre chronique ?

B. L: Avant, je dirais que non. Mais depuis que j’écris cette chronique, j’ai commencé à dire un peu plus le fond de ma pensée en général.

Q. L: Arrive-t-il que votre journal essaie de vous censurer ?

B. L : Il n’y a aucune censure làdedans, j’ai carte blanche. Il est arrivé que je reçoive des courriels de plaintes des lecteurs, mais ça ne m’a jamais empêché de dire quoi que ce soit.

Q. L : Comment une personne comme vous vit-elle dans notre monde politiquement correct ?

B. L: Je ne me retiens tellement pas ! Je pense que le seul mot que tu ne peux pas dire, c’est « juif ». Le reste, c’est beau, mais avec ces quatre lettres-là ensemble, je sais que je suis mieux de peser mes mots. J’essaie de ne jamais tomber dans la vulgarité, dans l’envie de choquer gratuitement. Ça me prend quatre ou cinq heures pour écrire une chronique et je ne me fie pas au premier jet. Je me relis tellement que ça en est indécent.

Q. L : Que pensez-vous des réponses des lecteurs qui sont choqués ou indignés de vos commentaires?

B. L : C’est dur parce que sur scène, t’as la réaction directe du public, avec le journal je n’ai aucune idée. Alors, quand j’ai trois commentaires sur le site Web, je suis content. J’aime quand les gens défendent mon opinion avant que je le fasse moi-même, surtout quand quelqu’un a mal compris mes propos. C’est le fun de se faire défendre par quelqu’un que tu ne connais pas.

Q. L: Qu’espérez-vous comme résultat après avoir fait un commentaire- choc?

B. L : Je suis très respectueux de la tribune que j’ai, j’en prends soin et je m’applique à bien écrire. Je veux que ce soit assez facile à lire, disons 400 mots, et il faut que ça rock. J’essaie de faire rire, que mes propos ne soient ni trop noirs, ni trop naïfs. Il faut que la chronique soit efficace dans le message, mais aussi divertissante, parce que c’est écrit « humoriste» en dessous de mon nom. C’est sûr que la fois où une compagnie de boxers m’a proposé de m’envoyer des bobettes gratuites par la poste, parce qu’ils avaient lu dans ma chronique L’intouchable et le reste que j’étais un cliché vivant de gars qui porte les mêmes boxers depuis le secondaire, c’était assez drôle.

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