Culture

L’étudiante au DESS en gestion d’organismes culturels à HEC Talar Agopian travaille présentement, dans le cadre du stage du CAM, à une soirée-bénéfice où il sera possible de découvrir Tommelise, la plus récente création de l’Illusion en avant-première. Crédit photo : Courtoisie Stéphanie Barab.

Le don en culture

Soutenir les organismes artistiques dans leurs activités philanthropiques, telle est la visée du projet, mais également l’intégration de la relève sur le marché du travail. « Cela vient du constat de la nécessité de professionnaliser la philanthropie dans le milieu culturel, déclare le chargé de projets — arts et philanthropie du CAM, Ludovic Delrieux. Depuis quelques années maintenant, le Québec développe des experts dans des secteurs comme l’éducation, la santé, les universités. Et la culture est souvent le parent pauvre du milieu. »

Le CAM s’est associé à la Caisse de la Culture, à la Faculté d’éducation permanente de l’UdeM et à HEC Montréal. « Ça fait partie de notre souci de soutenir la relève, avance M. Delrieux. On parle d’une relève artistique, mais aussi d’une relève de travailleuses et de travailleurs culturels. On trouvait essentiel d’avoir la complicité de ces trois institutions. » Selon lui, que ce soit au certificat en gestion philanthropique lancé en 2009 (UdeM) ou au cours de philanthropie et management des entreprises culturelles créé en 2014 (HEC), on a affaire à de jeunes professionnels qui sont là pour parfaire leurs connaissances. « Il s’agit d’aller chercher à la source des futurs travailleurs, dit M. Delrieux. Étant donné que le secteur de la philanthropie culturelle est à ses débuts, on est dans une effervescence et, en même temps, on a le sentiment qu’il y a tout à créer. »

Pour l’étudiante au D.E.S.S. en gestion — organismes culturels à HEC et stagiaire au théâtre de marionnettes L’Illusion, Talar Agopian, cette expérience est un premier pas dans son parcours de travailleuse culturelle. « [Le stage] me permet d’approfondir mes connaissances et de travailler sur des éléments uniquement reliés à la philanthropie, relève-t-elle. C’est une façon d’éduquer encore plus les futurs gestionnaires culturels. »

Stage rémunéré

En culture, les stages sont rarement rémunérés et l’étudiante au certificat en gestion philanthropique et stagiaire au Concours international d’orgue du Canada, Sara Taddio, s’estime chanceuse. « D’avoir un stage qui est rémunéré et crédité, je trouve que c’est une stratégie assez importante pour rendre le secteur un peu plus professionnel, croit-elle. Je pense que tous les stages devraient être payés parce qu’ils deviennent une exigence avant de trouver un emploi. » Elle reconnaît que c’est tout de même encore un privilège. « D’un côté je pense que ça devrait être le standard et, d’un autre côté, je reconnais que c’est extraordinaire. »

Cet enjeu est essentiel selon M. Delrieux et s’inscrit dans l’objectif d’encourager la professionnalisation de la philanthropie culturelle et l’investissement des organismes dans leurs futurs travailleurs culturels. « C’est une plus-value importante pour HEC et l’UdeM parce que le milieu culturel est un secteur où il y a une précarisation, avance-t-il. La condition des artistes et des travailleurs culturels nous tient vraiment à cœur. Au Conseil, on veut augmenter notre soutien, dans les possibilités de nos subventions, et améliorer la reconnaissance du travailleur culturel. »

Guider la relève

Le stage permet aussi l’intervention de mentors et d’experts en philanthropie, qui agissent comme des guides pour les stagiaires lorsqu’elles en font la demande. « Chaque stagiaire a une banque de 40 heures avec des experts qui viennent les conseiller sur des sujets précis pendant leur stage, explique M. Delrieux. Je fais appel à ces mentors pour qu’ils interviennent au sein des organismes auprès de Talar et de Sarah. On est vraiment dans un accompagnement le plus global possible. » En effet, les deux stagiaires sont encadrées en tout temps par leurs professeurs et s’accordent sur le caractère indispensable de la banque d’experts.

Ceci n’est pourtant pas sans les empêcher de développer leur indépendance. « L’enseignement principal que j’en tire est l’importance de se débrouiller seule, de faire l’effort de chercher l’information par soi-même, en toute autonomie, et de ne pas avoir peur de poser des questions », révèle Sarah, qui prépare actuellement une campagne de sociofinancement pour le Concours international d’orgue. Elle reçoit le soutien du responsable du financement privé de Tangente, Mathieu Baril, qui a inspiré ce projet pilote.

L’expérience en soi permet un apprentissage non négligeable, selon la responsable du certificat en gestion philanthropique, Caroline Bergeron, dans un contexte où il existe peu d’études universitaires en philanthropie, le certificat étant unique au Québec. « Dans mon cursus, j’offre la possibilité aux étudiants qui n’ont pas beaucoup d’expérience sur le terrain d’aller fourbir leurs armes dans des milieux où ils sont encadrés, dévoile-t-elle. Je trouvais ça intéressant dans le domaine des arts, où je n’ai pas beaucoup d’offres de stages. Souvent, ce domaine ne croit pas à la philanthropie. »

Grâce aux rétroactions des deux stagiaires et des deux organismes, le CAM désire définir les contours du projet. Pour M. Delrieux, tous les acteurs du projet veulent voir celui-ci évoluer jusqu’à l’augmentation éventuelle du nombre de stagiaires, qui augmenterait l’autonomie des organismes et ferait rayonner le domaine de la philanthropie culturelle.

 

42 organismes ont répondu à l’appel de candidatures pour accueillir un stagiaire, ce qui a confirmé leurs besoins ainsi que leur désir d’apprentissage à propos du secteur de la philanthropie, selon Ludovic Delrieux.

 

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