Les 71 étudiants de la chargée de cours Isabelle Feillou ont eu comme consigne de se déplacer sur le campus pour mieux observer les difficultés auxquelles font face les personnes en situation de handicap. « Aller sur le terrain a été une expérience très enrichissante sur le plan humain », relate l’étudiante au baccalauréat en design d’intérieur Aude Beauchamp-Bourdeau, qui a participé au projet. Pour accompagner les étudiants, une dizaine d’usagers handicapés leur ont indiqué les endroits problématiques. « Les témoins en situation de handicap nous ont montré l’étendue de leurs difficultés, des aspects auxquels on n’aurait jamais pensé », explique l’étudiante.
L’étudiant au DESS d’environnement et développement durable et usager en situation de handicap, Clément Badras, souhaitait démontrer que l’attention au détail peut faire une grande différence. « Discuter directement avec une personne handicapée permet d’obtenir une meilleure vision des problématiques auxquelles elle fait face », estime-t-il.
Un même accès pour tous
Parmi les endroits ciblés figurent les places réservées aux conducteurs à mobilité réduite du stationnement Roger-Gaudry. Situés à l’opposé de l’entrée du bâtiment, ces espaces obligent les usagers à traverser le stationnement entier malgré les difficultés que cela pose. « Ce n’est pas toujours évident de monter une pente aussi inclinée ! », déplore Clément Badras.
Le mur de béton qui sépare les deux niveaux de la rampe d’accès au pavillon de la Faculté d’aménagement est aussi problématique. Celui-ci gêne la visibilité des personnes en fauteuil roulant, qui ne peuvent pas voir si quelqu’un arrive en face d’eux.
Avec cet exercice, Isabelle Feillou voulait enseigner à ses étudiants la notion d’accessibilité universelle, une connaissance que les futurs designers doivent absolument intégrer. « Les étudiants doivent prendre conscience de l’utilité sociale du design, pense-t-elle. En l’occurrence, agir pour donner à tous les mêmes capacités d’accès au campus. »
Pour elle, les projets des étudiants ne doivent pas se limiter à l’utilisateur moyen, mais prendre en compte tous les usagers potentiels, comme les individus en fauteuil roulant ou ceux n’ayant pas un bon sens de l’orientation.
Passer de la parole à l’acte
Toutefois, Mme Feillou précise qu’il reste difficile d’aller jusqu’à la réalisation des projets. « Ces travaux de groupe constituent une source documentaire très utile pour réclamer d’éventuelles modifications à la direction », croit-elle.
Le conseiller au Bureau de soutien aux étudiants en situation de handicap (BSESH), Louis Nissim, se réjouit de cette initiative et pense que plusieurs des suggestions pourraient être réalisées bientôt. « Même si l’accessibilité du campus est acceptable, on peut toujours améliorer les choses », pense-t-il.
Le BSESH œuvre déjà pour faciliter le déplacement des étudiants qui bénéficient notamment d’un service de transport adapté gratuit.
« On pourrait sans doute améliorer certains points de cette expérience, estime Isabelle Feillou. Ce serait encore plus pertinent si davantage de personnes en situation de handicap acceptaient de partager leurs expériences et de nous montrer les failles en matière d’accessibilité sur le campus. »
L’exercice pourrait être renouvelé l’année prochaine, compte tenu du bilan positif et de l’enthousiasme des étudiants qui y ont participé.
Le BSESH rappelle qu’il est aussi possible pour tous les étudiants de l’UdeM de faire part de leurs suggestions afin d’améliorer l’accès au campus.