le CV papier, c’est rétro

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Par Sarah-Eden Dadoun
mercredi 12 février 2014
le CV papier, c’est rétro
Les recruteurs assurent que les étudiants doivent diffuser leur parcours sur les réseaux professionnels pour maximiser leur visibilité auprès d'éventuels employeurs. (Crédit photo: Adil Boukind)
Les recruteurs assurent que les étudiants doivent diffuser leur parcours sur les réseaux professionnels pour maximiser leur visibilité auprès d'éventuels employeurs. (Crédit photo: Adil Boukind)

Les curriculum vitæ (CV) et portfolios virtuels se multiplient sur les réseaux sociaux professionnels et dans internet. Si ceux-ci donnent aux employeurs un aperçu de l’étendue des compétences des candidats, seuls certains secteurs d’activités sont favorisés par l’utilisation de ces outils technologiques.

Selon plusieurs, il est indispensable en 2014 de donner accès à un portfolio électronique. «C’est un must ! Nous privilégions toujours les candidats qui possèdent un profil LinkedIn à ceux qui nous envoient un CV papier traditionnel, tranche le spécialiste en ressources humaines de l’agence de recrutement Techaid, Bernard Guilain. Cela nous donne un aperçu du parcours de la personne et nous permet de mieux cibler les candidats que nous recommandons aux employeurs.»

M. Guilain admet certes avoir recours à certaines bases de données comme celles de Monster ou Emploi Québec, mais lorsqu’il s’agit de recruter le candidat idéal, ses recherches se basent essentiellement sur LinkedIn.

Futurs professionnels

Il s’avère que beaucoup d’étudiants à l’UdeM négligent les réseaux sociaux professionnels. Le coordinateur à l’emploi du Centre étudiant de soutien à la réussite (CÉSAR) de l’UdeM, Yan Galarneau, estime que les étudiants ne sont pas assez présents sur les réseaux sociaux professionnels. «En statistiques, 50% des étudiants qui viennent au CÉSAR n’ont pas de profil LinkedIn, et 25 % d’entre eux ont des connaissances faibles en informatique», reconnaît- il.

C’est le cas de l’étudiant à la maîtrise en sciences économiques Alexis Urli. «J’ai bien créé un profil sur LinkedIn il y a quelques années, mais à part deux connexions, je n’ai jamais obtenu de proposition concrète en matière d’emploi grâce à LinkedIn.»

En revanche, Louis-Philippe Béland, étudiant au doctorat en économie et chargé de cours à l’UdeM a un profil LinkedIn bien à jour. «Il est commun pour les chercheurs en économie – doctorants et professeurs – d’afficher leur CV dans internet, dit-il. C’est une façon de promouvoir ses recherches et se faire connaître dans la profession. J’ai d’ailleurs un site qui liste tous les cours que j’enseigne et mes travaux de recherche.» Louis-Philippe a d’ailleurs été contacté par LinkedIn par un chasseur de têtes qui cherchait un économiste pour une banque.

Malgré le développement des technologies, les employeurs se heurtent au manque de connaissances informatiques des étudiants et des nouveaux diplômés. «Les étudiants de l’UdeM maîtrisent peu l’outil informatique, et c’est dommage, confie M. Galarneau. Ils viennent souvent nous consulter pour faire une demande d’admission en ligne pour les résidences en médecine, par exemple.»

Cette réticence envers l’outil technologique pourrait les pénaliser face à leurs concurrents selon la directrice de recrutement pour l’agence MindHR, Jessica Glazer. «Un candidat a intérêt à s’exposer au maximum sur le web pour avoir des chances d’être sélectionné par les agences de recrutement ou sollicité par un employeur», pense-t-elle.

Yan Galerneau assure que seuls certains secteurs privilégient l’utilisation de CV et de portfolios en ligne. « Les professionnels du domaine artistique, les architectes ainsi que les professionnels du domaine des technologies de l’information, de la communication et de l’informatique ont tout intérêt à se créer une présence sur la toile», soutient-il.

M. Guilain, qui recrute essentiellement dans le domaine technologique, précise que certains domaines ne suivent pas encore cette évolution vers internet. «Il est certain qu’un adjoint administratif ou un médecin n’a aucun intérêt à posséder un portfolio, affirme le spécialiste en ressources humaines. L’employeur se base essentiellement sur sa formation et sur ses références.»

Mode d’emploi

Plusieurs options sont possibles pour publier son CV dans internet. Louis-Philippe Béland l’a mis en ligne par le biais de l’UdeM, mais il recommande GoogleSite. Malgré tout, LinkedIn demeure le réseau social le plus prisé auprès des agences de recrutement et des employeurs à Montréal. « Lorsque j’effectue une recherche Google sur un candidat, son profil LinkedIn apparaît dès les premières lignes, explique Mme Glazer. En un coup d’œil, je me fais une idée de son parcours. LinkedIn me permet de gagner un temps précieux.»

Toutefois, les autres façons de se faire connaître sur le web ne sont pas inutiles. «Bien sûr, il y a les candidats qui se démarquent des autres, ceux qui écrivent un blogue, ou qui ont un site web, souligne-t-elle. Cela montre beaucoup d’initiative de la part du candidat. Et les employeurs aiment ça.» Bien qu’elle ne soit pas indispensable, la présence sur la toile est une vitrine appréciée par les recruteurs, car elle leur permet d’explorer le potentiel des candidats avant un premier contact.