Depuis trois quarts de siècle, le Ciné-Campus de l’Université de Montréal illumine les écrans et les esprits. Bien plus qu’un simple cinéma, il est un véritable lieu de rencontre et de réflexion pour les étudiant·e·s. Grâce à une programmation soigneusement élaborée, à des tarifs accessibles et à une ambiance intimiste, il s’impose comme un incontournable pour les cinéphiles du campus, bien qu’il reste encore méconnu de certain·e·s étudiant·e·s.
Le Ciné-Campus de l’Université de Montréal célèbre cette année son 75e anniversaire. Successeur du ciné-club universitaire fondé en 1949 par la Jeunesse étudiante catholique, il perpétue l’héritage de son prédécesseur avec une mission simple, mais intemporelle : susciter la curiosité, éveiller la réflexion et rassembler les cinéphiles. Il est un véritable espace d’échange et de rencontre, souligne l’étudiant de dernière année à la maîtrise en science politique et guichetier au Ciné-Campus depuis l’hiver 2021 Maxime Bergeron.

Informations pratiques
Le Ciné-Campus est situé au sixième étage du pavillon J.-A.-DeSève et projette des films chaque semaine, les mardis et mercredis. Le tarif est de 6 $ pour les étudiant·e·s et de 8,50 $ pour le grand public.
La programmation au cœur de l’identité du Ciné-Campus
Sous la direction de la coordonnatrice aux activités culturelles du Ciné-Campus, Annie Jussaume-Lavigne, la sélection des films repose sur un dialogue avec la communauté étudiante, notamment grâce à la contribution des étudiant·e·s salarié·e·s du cinéma et à l’aide de sondages dans lesquels le public est invité partager ses centres d’intérêt et ses envies.
« Mon défi, c’est de trouver l’assemblage parfait : un film qui va traiter d’un sujet important, réalisé avec qualité, et qui est aussi divertissant », explique Mme Jussaume-Lavigne.
L’objectif est clair : proposer des films actuels, pertinents et qui poussent à la réflexion afin de « contrer l’ignorance chez les jeunes » selon la coordonnatrice. « Le cinéma sur le campus, c’est montrer que le cinéma, c’est de la culture, de l’art, de l’apprentissage, et une expérience aussi », ajoute-t-elle.
Si le Ciné-Campus se veut un espace de réflexion, son équipe n’oublie pas que le cinéma reste avant tout un divertissement pour « essayer de propager la culture et de permettre aux étudiants de venir souffler après leur journée », partage l’étudiant de deuxième année au baccalauréat en musique et guichetier Fantin Parreaux.
Le Ciné-Campus ne met qu’un film par semaine à l’affiche et invite le public à explorer des œuvres qu’il n’aurait pas spontanément choisies. « Les gens aiment beaucoup la programmation, qui leur fait découvrir des films très attendus, mais aussi des œuvres qui les sortent un peu de leur zone de confort », souligne Maxime.
La diversité constitue également un pilier central dans le choix des films que présente le Ciné-Campus, et l’équipe veille à offrir une représentation moderne du cinéma. L’étudiante de première année à la maîtrise en éducation Agnès Chapillon aime beaucoup cette caractéristique. « La programmation est diversifiée, témoigne-t-elle. Il y a des femmes réalisatrices, des actrices et des personnes racisées. Je trouve ça vraiment bien. »

Un cinéma à taille étudiante
Pour les étudiant·e·s, le coût d’une place s’élève à six dollars, ce qui rend le cinéma plus accessible. « J’aime beaucoup aller au cinéma, mais c’est hors de prix à Montréal », déplore Agnès. Venue assister à la projection du film Anora du réalisateur Sean Baker, elle révèle avoir découvert le Ciné-Campus en cherchant des options plus abordables pour découvrir les dernières sorties.
En plus d’offrir des séances à prix modique, le Ciné-Campus organise régulièrement des évènements spéciaux et des projections gratuites, consolidant ainsi son rôle de véritable lieu de rencontre pour la communauté étudiante. Une ambition que partage Mme Jussaume-Lavigne. « J’aimerais qu’on trouve plus d’occasions de faire rencontrer les cinéphiles, de créer un espace de rencontre et des évènements », confie-t-elle.
Le plus grand inconvénient, selon Agnès, reste toutefois sa programmation limitée à deux soirs par semaine. Elle regrette de ne pas avoir pu venir au Ciné-Campus la session passée en raison de son emploi du temps. Malgré ce bémol, le cinéma de l’UdeM offre un avantage géographique de taille pour les étudiant·e·s, dans la mesure où il se situe sur le campus de la montagne. Cette proximité se reflète également dans l’expérience en salle.
L’expérience Ciné-Campus
Contrairement aux grands multiplexes, le Ciné-Campus cultive une relation privilégiée avec ses spectateur·rice·s. « C’est une expérience moins anonyme, à plus petite échelle, et c’est souvent le même public qui revient chaque semaine », constate la coordonnatrice du cinéma. Les guichetiers font toujours une courte présentation du film avant chaque projection, ce qui crée un moment d’échange et de médiation avant que les lumières s’éteignent.
Une autre particularité surprend mais séduit rapidement le public : l’interdiction de consommer de la nourriture pendant les projections. « La majorité des gens nous disent que c’est quelque chose qu’ils apprécient, révèle Maxime. C’est une expérience un peu plus immersive. »
Le Ciné-Campus se distingue également par la qualité de ses installations visuelles et sonores, très appréciées dans cette salle intimiste. « Il y a quand même un certain confort, c’est comme à mi-chemin entre le cinéma et le théâtre », mentionne l’étudiant de première année à la maîtrise en cinéma Nicolas Lufau.
Malgré ses nombreux atouts, le Ciné-Campus demeure néanmoins, pour certain·e·s étudiant·e·s, trop méconnu au sein de la communauté udemienne. « Dès que j’en parle autour de moi, les gens ne connaissent pas, regrette Agnès, qui est séduite par l’ambiance conviviale et le caractère accessible du cinéma de l’Université. En tout cas, quand on y vient, je trouve que c’est un super moment de partage. »
« J’espère que le Ciné-Campus va continuer le plus longtemps possible, c’est une ressource unique pour les étudiants », confie Fantin. À une époque où les plateformes de diffusion en continu s’imposent comme un réflexe pour de nombreuses personnes, le guichetier rappelle que l’expérience collective et immersive du cinéma reste irremplaçable.
Un anniversaire sous le signe de la diversité
À l’occasion de ses 75 ans, le Ciné-Campus a organisé une soirée spéciale le 4 février dernier. Au programme : la projection gratuite du film Le dernier repas, de Maryse Legagneur, suivie d’une ciné-causerie en présence de la réalisatrice, de l’actrice principale Marie-Evelyne Lessard, de la professeure adjointe au Département d’histoire de l’art Zaira Zarza et du président de l’Association générale des étudiants et étudiantes de la Faculté de l’éducation permanente (AGÉÉFEP), Enrique Colindres.« Cet évènement met en lumière les 75 ans du Ciné-Campus et ouvre une réflexion sur le cinéma aujourd’hui, en donnant la parole à des personnes qui ne l’ont peut-être pas autant eue à travers les époques », explique la coordonnatrice aux activités culturelles du Ciné-Campus, Annie Jussaume-Lavigne.