Selon le psychologue clinicien et chargé de cours à l’UdeM Patrick Lynes, développer un sentiment d’appartenance à un groupe est un besoin humain, l’homme étant un être fondamentalement tribal. « Ce genre d’activité nous fait sentir qu’on appartient à un “nous”, rompant avec l’isolement qui marque notre société moderne, explique le psychologue. On abolit toutes les distinctions pour devenir solidaires. L’humain a besoin de lieux d’échanges qui ne sont pas menaçants, et ce type de compétition bon enfant qui regroupe des personnes ayant les mêmes intérêts est ce qu’il recherche pour s’intégrer. »
Ce sont d’ailleurs surtout des étudiants de première et de deuxième année qui participent activement au Carnaval. « J’ai décidé de participer au Carnaval lors de ma première année universitaire pour intégrer la famille formée par les étudiants en mathématiques et statistique , soutient Gabriel Boyer. L’événement était sur toutes les lèvres et on venait nous chercher dès les initiations. » Depuis, l’étudiant essaie de reproduire cette dynamique rassembleuse en kinésiologie, son programme d’étude actuel.
« De telles activités peuvent avoir une influence très positive sur la réussite scolaire , souligne Patrick Lynes . Le sport augmente entre autres la concentration, et l’aspect social du Carnaval permet d’apprendre à considérer les gens non pas comme des étudiants, mais comme des personnes. »
Le Carnaval permet également d’acquérir une meilleure connaissance de son entourage et de son milieu universitaire, selon le coordonnateur à la vie de campus de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), Kevin L’Espérance. « Le Carnaval crée un sentiment d’appartenance à son programme, mais aussi envers l’UdeM en général », dit-il.
La visée des associations
L’atmosphère du film réalisé par l’Américain Martin Scorsese Gangs of New York, qui met en scène une guerre des clans dans un quartier pauvre de la métropole américaine entre immigrants irlandais et américains de souche, sert de thème à cette édition du Carnaval. « Il s’agit de montrer la rivalité qui existe entre les associations étudiantes au sein d’une compétition saine, tout en mettant l’accent sur la coopération entre celles-ci », explique Kevin L’Espérance. Pour la première fois de l’histoire de l’événement, les associations sont regroupées en clans pour réaliser des défis coopératifs.
Appuyée officiellement par le chroniqueur Michel Beaudry du Journal de Montréal, l’équipe de criminologie vise à être dans les cinq meilleures, comme d’autres associations, comme celles de communication et politique ou de mathématiques et de statistique, qui montrent un esprit compétitif tout aussi féroce. « Il y a un énorme esprit de compétition en criminologie, affirme la présidente de l’Association étudiante de l’École de criminologie de l’UdeM, Chloé Thibault, qui a remporté l’édition 2014 du Carnaval. On participe au Carnaval avec la ferme intention de le gagner. »
Si la rivalité reste respectueuse entre les départements, de telles activités sont bénéfiques pour les étudiants et pour le dynamisme de l’Université en général, selon Patrick Lynes. « Bien qu’on puisse être fier de son programme, il faut cependant faire attention à ce que ce type de compétition ne tourne pas en conflit idéologique entre les disciplines, affirme-t-il. Aucun programme n’a préséance sur un autre. »
Ce risque est fortement improbable selon la FAÉCUM. « Les associations étudiantes ont l’habitude de travailler ensemble sur d’autres projets, assure Kevin L’Espérance. Elles se vouent un respect mutuel. »
Le Carnaval se poursuit jusqu’au 13 février prochain.