Le campus Outremont prêt en 2030

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Par Olivier.Simard.Hanley
mardi 24 janvier 2012
Le campus Outremont prêt en 2030

Le campus Outremont, ce nouveau pôle étudiant que l’UdeM cherche à construire dans l’actuelle gare de triage Outremont, ne sera pas complété avant 2030. Une version remaniée du projet a été présentée par la ville le 19 janvier. Le nouveau plan invite le public à imaginer l’aménagement des abords du site. D’imminentes consultations publiques sont annoncées pour ensuite laisser place à la construction des premiers pavillons de sciences dès 2013.

« Les pépines de l’Université vont arriver, et nous nous attendons à ce que [la décontamination] se fasse au printemps», a tranché M. Richard Deschamps, vice- président du comité exécutif de la ville de Montréal, dans un entretien avec les médias à l’hôtel de ville de Montréal le 19 janvier. La réhabilitation environnementale, qui devait débuter en 2010, n’a abouti à ce jour qu’à l’enlèvement de plusieurs rails. La gare de triage est un terrain vague de 185 000 mètres carrés, soit la superficie de 36 terrains de football, comme l’a constaté notre photographe en décembre dernier.

« Les travaux n’ont pas encore commencé. Nous en sommes à élaborer les plans et les devis », affirme Flavie Côté, conseillère principale des relations avec les médias à l’Université. Le plan prévoit qu’en 2013 l’UdeM commence à bâtir un pavillon de sciences et un pavillon de service.

 

La gare de triage a une superficie de 185 000 m2. (Crédit : Pascal Dumont)

 

Un plan complètement repensé

Durant la rencontre, M. Deschamps a dévoilé la mise en place du nouveau Plan de développement urbain, économique et social des abords du campus Outremont (PDUÉS). Ce nouveau plan a été conçu surtout pour imaginer les abords du site. Il est la continuité du Plan particulier d’urbanisme (PPU) que la ville avait élaboré au cours des dernières années. « Une vision et une réflexion à long terme», le PDUÉS permettra d’élaborer toutes les étapes du projet soutient Monsieur Deschamps. «C’est vraiment la première fois qu’il y a un plan qui intègre toutes les dimensions de la vie urbaine », ajoute-t-il.

Deux phases de consultations par une firme privée, au printemps et à la fin de l’année 2012, auront pour but de bâtir le consensus autour du développement des abords du site. À la suite de ces audiences, une version définitive du PDUÉS sera examinée par le conseil municipal au printemps 2013, qui devrait alors l’approuver.

On veut créer un « lieu véritable de savoir et d’innovation, où les gens pourront vivre et se divertir », poursuit M. Deschamps. Selon lui, le campus Outremont devrait éviter de devenir un ghetto universitaire grâce à sa construction résidentielle, à ses espaces verts et ses multiples voies d’accès. M. Deschamps a aussi mentionné que des entreprises pourraient s’installer aux abords du site. Pour l’instant, beaucoup usines et entrepôts abandonnés entourent le lieu.

 

Le plan prévoit le début de la construction en 2013. (Crédit : Pascal Dumont)

 

Consultation citoyenne

« Traditionnellement, les urbanistes préparaient les documents à l’interne, tandis qu’ici l’intention est de tout mettre sur la table : nous arrivons avec une page blanche », explique Luc Gagnon, chef de division au développement économique et urbain à la ville. « Des séances de travail avec des groupes citoyens » sur invitation, précèderont une vaste consultation publique par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) en 2013. Une «démarche novatrice» ajoute M. Gagnon, qui affirme que la ville veut tenir compte des « préoccupations des gens ». Ces démarches ne sont par contre pas encore au point, M. Deschamps avouant ne pas encore avoir de détails sur les consultations, précisant qu’il introduisait surtout « une vision » pour l’avenir du projet.

L’OCPM avait recommandé en 2007 d’évaluer les impacts de la construction et de l’influx d’étudiants sur les quatre arrondissements limitrophes de la gare de triage que sont le Plateau- Mont-Royal, Villeray-Saint-Michel- Parc-Extension, Rosemont-La-Petite-Patrie et Outremont. Pour la Ville, le plan maximisera les retombées locales de ce projet en planifiant l’influx de chercheurs, de profs et d’étudiants de façon à en faire bénéficier les quartiers aux alentours. Le projet s’est heurté à beaucoup d’opposition depuis son lancement en 2006. Plusieurs groupes citoyens, dont la Coalition campus Outremont/Parc-Extension (CPECO), avaient pointé du doigt l’enclavement futur du campus Outremont, craignant que des pavillons bétonnés clôturent l’accès au site.

Suite à ce point de presse, le Conseil régional de l’environnement de Montréal s’est réjoui des modifications apportées au projet. Parmi les modifications apportées, on compte l’aménagement de plusieurs liens piétons et cyclables aux abords du site, la création de plusieurs espaces verts et la diminution de l’offre de stationnement hors rue. Richard Deschamps indique que « la Ville a opté pour un désenclavement complet ». Le nombre de logements qui y seront bâtis, soit 1 300 dont 30 % sociaux et abordables, est demeuré le même. Ce pourcentage avait été jugé insuffisant par des membres du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Au moins 1 000 places en résidences universitaires se grefferont au projet. Trop peu selon certains intervenants, cités dans l’article « Parc-Extension aux barricades de l’UdeM » paru le 23 février 2011. Rien n’indique que ce nombre changera à court terme.

 

À gauche, Outremont, à droite, Parc-Extension. (Crédit : Pascal Dumont)

 

Favoriser une bonne entente

L’UdeM est responsable de la construction de ses pavillons, tandis que la ville se charge surtout de bâtir plusieurs infrastructures de voirie sur les abords du site. Dans une collaboration sans précédent entre la ville et l’UdeM, les deux partenaires ont développé des « liens soutenus dans les dernières années », selon M. Deschamps. L’UdeM pourra célébrer la fin des travaux vers 2030… ce qui signifie que les étudiants qui fréquenteront le campus Outremont naîtront cette année.

 

On estime que plus de 1,6 milliard de dollars de fonds publics et privés seront nécessaires afin de mener le projet à terme.

(Crédit : Pascal Dumont)

 

La gare de triage en quelques chiffres :

La gare de triage d’Outremont comporte une superficie d’environ 180 000 m2. L’UdeM cherche à y bâtir un projet de 300 000 m2 qui accueillera plusieurs facultés qui manquent présentement d’espace. on estime que plus de 1,6 milliard de dollars de fonds publics et privés seront nécessaires afin de mener le projet à terme. L’Université de Montréal a acheté l’endroit au canadien pacifique en 2006, suite à l’abandon de l’idée de rénover l’immeuble du 1420, rue Mont-royal.