Le café, ce faux ami

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Par Anaïs Amoros
lundi 14 juin 2021
Le café, ce faux ami
Crédit photo : flickr.com/woojinhan
Crédit photo : flickr.com/woojinhan
Utilisé pour rester éveillé, le café dessert la concentration, selon une récente étude publiée dans le Journal of Experimental Psychology : Learning, Memory & Cognition par des chercheurs de l'Université Michigan State. Il est même néfaste pour la qualité du sommeil lent profond.
« Vous voulez une vie extrêmement productive, un travail, une vie sociale, vous faites de l’exercice physique, vous mangez correctement, mais vous oubliez un facteur essentiel : dormir suffisamment. »

« Rien de pire que de se priver de sommeil au moment où on a le plus besoin de ses capacités cognitives et de concentration, déclare la professeure au Département de psychologie de l’UdeM Julie Carrier. Rien ne le remplace. » Cette spécialiste de la caféine et du sommeil a commenté une récente étude menée par des chercheurs de l’Université Michigan State qui indique que la caféine aide une personne à rester éveillée, mais ne favorise pas sa concentration. « Pour des tâches très simples, la caféine aide, elle nous donne un sentiment de vigilance plus grand », admet Mme Carrier.

Néanmoins, pour les tâches qui exigent un processus cognitif, la caféine est moins efficace, voire nulle, pour pallier une privation de sommeil. « Les étudiants utilisent la caféine dans les périodes intensives pour diminuer la quantité de sommeil », explique la professeure.

 Or, même si la caféine a des effets positifs sur la vigilance, elle a également des effets négatifs sur le sommeil. « Qu’on soit sensible ou non à ses effets, la caféine réduit le sommeil lent profond, poursuit Mme Carrier. En laboratoire, même les participants qui s’endorment comme des bébés et ne se réveillent pas subissent une diminution de ce sommeil. »

Le sommeil est donc plus léger et moins récupérateur, sans pour autant que nous nous en apercevions. « Ainsi, certaines personnes croient qu’elles ont besoin de caféine, même lorsqu’elles ne sont pas en privation de sommeil », précise la spécialiste.

Une sieste vaut mieux qu’une tasse

Selon la professeure, faire une sieste de vingt minutes est une meilleure solution que boire une tasse de café. « Vous n’avez pas besoin de dormir huit heures consécutives si vous faites des siestes », souligne-t-elle. Elle mentionne également que bien que boire du café peu avant de se coucher soit l’option la plus néfaste, en boire le matin peut aussi diminuer le sommeil profond. Le remplacer par du thé est une meilleure option, selon elle, car il serait trois fois moins stimulant, donc trois fois moins influent sur la qualité du sommeil.

Huit à neuf heures de sommeil par jour

De l’âge de 18 à 65 ans, 95 % de la population a besoin de huit à neuf heures de sommeil, explique Mme Carrier. « Et ce n’est pas une moyenne, c’est tous les jours », insiste-t-elle. Pour les adolescents, ce besoin s’élève à neuf ou dix heures par jour. « C’est extrêmement rare d’avoir besoin de moins, la plupart des gens qui pensent avoir besoin de moins de huit heures de sommeil sont en privation de sommeil chronique, détaille la professeure. On ne devrait pas avoir besoin de caféine pour se sentir éveillé, le cycle de sommeil devrait suffire. »