Le bruit et ses conséquences

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Par Émile Panet-Raymond
lundi 19 février 2018
Le bruit et ses conséquences
Selon le rapport de l’OMS, 360 millions de personnes dans le monde souffrent de déficience auditive incapacitante, dont 32 millions d’enfants (Crédit photo : Courtoisie Tony Leroux)
Selon le rapport de l’OMS, 360 millions de personnes dans le monde souffrent de déficience auditive incapacitante, dont 32 millions d’enfants (Crédit photo : Courtoisie Tony Leroux)
Selon une étude réalisée en 2017 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 1,1 milliard de jeunes âgés de 12 à 35 ans risquent d’avoir une déficience auditive par exposition au bruit dans un cadre récréatif. Le professeur à l’École d’orthophonie et d’audiologie de l’UdeM Tony Leroux met en lumière les causes des problèmes auditifs et leurs conséquences.

Quartier Libre : Les jeunes adultes sont-ils assez conscients des dangers liés à la perte d’audition ?

Tony Leroux : Je pense que la population, en général, tient le sens de l’audition pour acquis. On ne peut pas concevoir ce qu’est la perte d’audition tant qu’on ne l’a pas vécue. Souvent, l’un des premiers signes de dommages causés à l’oreille est l’acouphène. C’est un symptôme qui apparaît après une exposition à un environnement sonore trop élevé. L’acouphène est permanent et entraîne surtout des problèmes de sommeil et de concentration. C’est aussi un signe qui annonce une perte d’audition.

Q. L. : Quelles sont les répercussions d’une surdité causée par le bruit qui survient à l’âge adulte ?

T. L. : Les problèmes sont fréquemment reliés au milieu de travail. Le modèle le plus connu est celui de personnes qui travaillent dans un milieu bruyant, comme des musiciens d’orchestre symphonique. Lors des cinq à dix premières années de leur profession, elles peuvent développer une surdité en lien avec le niveau élevé de bruit qui est propre à leur métier.

Sans affecter leur performance, ces personnes seront principalement touchées dans leurs relations sociales. La difficulté à suivre une conversation dans un environnement bruyant vient affecter leur comportement. Sans faire le lien entre la perte d’audition et une diminution de leur intérêt pour les activités de groupe, elles seront davantage portées à s’isoler.

Q. L. : En général, les gens vont-ils consulter un audiologiste dès l’apparition d’un acouphène ?

T. L. : Une personne qui se plaint d’entendre un sifflement temporaire ne va pas nécessairement aller consulter un audiologiste. Mais si, par exemple, quelqu’un assiste à un spectacle très bruyant et entend un bourdonnement qui perdure après deux jours, il va aller consulter un audiologiste. Celui-ci évaluera comment ce symptôme affecte les différentes composantes de la vie d’une personne. Manque-t-elle de sommeil, arrive-t-elle à se concentrer, est-elle inquiète ? Toutefois, l’exposition au bruit n’est pas la seule cause de l’acouphène, même si elle est souvent retenue. Une otite qui n’est pas traitée à temps peut causer des acouphènes ou une perte d’audition.

Q. L. : Existe-t-il des traitements pour l’acouphène ?

T. L. : C’est un problème permanent. Dans ce cas, le travail consiste à aider la personne à s’adapter à la présence des acouphènes, notamment par une approche de thérapie cognitivo-comportementale (voir encadré). La plupart des gens vont se concentrer sur leur acouphène, voire organiser leur vie autour du bruit qu’ils entendent. Pour s’en détacher, on encourage la personne à détourner son attention des sifflements. Un exemple assez surprenant qu’on donne consiste à se concentrer sur le sifflement et à s’imaginer qu’un tigre fait irruption dans la pièce. On guide ainsi la personne à détourner son attention de son audition.

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