Volume 22

L’avenir étudiant derrière l’écran

« En tant que professeur, j’ai beaucoup de difficulté à amener les étudiants à s’intéresser aux lectures non obligatoires , rapporte le professeur à la Faculté des sciences de l’éducation et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation, Thierry Karsenti. L’idée du livre électronique, c’est qu’on crée un contexte qui est interactif et ludique, avec du son et des images. Ces manuels sont peut-être plus près de la réalité de beaucoup d’universitaires qui, actuellement, vivent dans ce monde multimédia. »

Les livres électroniques sont, dans leurs versions les plus avancées, assortis de fonctionnalités conçues pour faciliter l’apprentissage. Au nombre de celles-ci, de courts tests de lecture permettent de déterminer le niveau de l’étudiant et, advenant de bons résultats, de suggérer le retrait de pages devenues non nécessaires. « Ça peut devenir un facteur de motivation, parce que tu as la possibilité de voir où tu te situes dans les 2 000 ou 3 000 étudiants qui ont le même livre que toi », affirme M. Karsenti.

L’étudiante au baccalauréat en sciences économiques Camille Szkalana apprécie la portabilité et la légèreté du matériel numérique. « Les livres d’économie sont souvent des manuels de 500 à 700 pages, c’est donc plus pratique de les avoir tous sur son ordinateur », explique-t-elle.

En travaillant avec ce support, les utilisateurs peuvent également recevoir, sous réserve de leur accord, des tests de révision liés au dernier chapitre étudié. « Si tu reçois des messages qui t’obligent à être en contact avec la matière, tu as plus de chances de t’intéresser, d’apprendre, de retenir », croit M. Karsenti.

Question de disponibilité

Sur le campus, on utilise les manuels électroniques depuis deux ou trois ans. L’UdeM accuse cependant un retard sur les institutions anglophones et les universités américaines. « Il y a moins de manuels électroniques de bonne qualité en français, parce que le marché québécois est plus petit, explique Thierry Karsenti . Il y a aussi, je crois, une conjoncture financière qui ne se prête pas, ni pour les éditeurs, ni pour les universités, à de telles expériences. »

Ainsi, les manuels scolaires de langue française vendus au Québec consistent surtout en de simples versions PDF de livres papier. Celles-ci sont, pour l’instant, offertes à des prix similaires à ceux de leurs pendants papier.

Malgré l’attrait des livres numériques, la transition n’est pas automatique chez tous les étudiants. « Je pense que les différentes fonctionnalités de ces manuels électroniques peuvent favoriser l’apprentissage, mais l’ancienne méthode me permet de retenir plus facilement la matière, explique l’étudiante en année préparatoire Medyne Bernard. Je préfère surligner et prendre des notes manuellement, ça m’entre plus facilement dans la tête. »

Entre avantages et défis

Les manuels électroniques étant apparus sur le marché récemment, leur vente et leur emploi requièrent encore un certain nombre d’ajustements. Les complications se centrent autour des questions d’accès, de sécurité et de droits d’auteur.

« Certains livres électroniques sont disponibles uniquement quand tu es branché sur Internet , souligne M. Karsenti. Imaginez un groupe de 150 étudiants qui se branchent sur l’éditeur en même temps et qui font paralyser le système. »

La question des licences est, elle aussi, épineuse. « Les éditeurs proposent, en général, deux options : soit tu achètes le livre et il est à toi pour toujours, ou tu achètes une licence, explique M. Karsenti. Ça coûte moins cher mais une fois la licence expirée, dans deux, trois ou cinq ans, ton livre disparaît. »

Les questions de droits d’auteur et la disponibilité de certains manuels téléchargeables gratuitement sur Internet rendent difficile la revente des livres numériques par les étudiants. Cette situation n’est cependant pas perçue comme négative par tous. « Si tu utilises beaucoup ton ordinateur et si tu poursuis tes études, les livres électroniques peuvent être utiles plus tard dans ton cheminement », estime l’étudiante en année préparatoire, option sciences, Emmanuelle Boucher. Toutefois, pour limiter ses dépenses, celle-ci achète des manuels papiers usagés qu’elle revend à la fin du trimestre.

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