L’«artivisme» à l’ère du numérique discuté à l’UdeM

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Par Florence Aquilina
vendredi 17 mars 2023
L’«artivisme» à l’ère du numérique discuté à l’UdeM
Crédit photo: Page Facebook du Regroupement des étudiants de l’UdeM en soutien à l’ONU Femmes
Crédit photo: Page Facebook du Regroupement des étudiants de l’UdeM en soutien à l’ONU Femmes
Le Regroupement des étudiants de l’UdeM en soutien à l’ONU Femmes s’est penché sur le phénomène de l’artivisme à l’ère du numérique le 8 mars dernier, dans le cadre d’un panel sur Zoom. Retour sur cette discussion qui s’est tenue à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

L’univers du virtuel, lieu d’échanges sans frontières, démocratise les expressions artistiques. L’avènement des réseaux sociaux donne ainsi lieu à une plateforme inépuisable pour les activistes qui défendent leur cause par l’intermédiaire de l’art. Tel est le sujet sur lequel se sont penché·e·s les trois panélistes invité·e·s : la réalisatrice Claudia Yoka, l’artiste peintre Karine Martineau et l’ingénieur pétrolier Zulfiqar Naser Al Deen.

Janvier 2014, République du Congo. Mme Yoka crée le festival du film des femmes africaines TAZAMA pour la lutte contre le cancer en Afrique. Elle connaît de nombreuses réalisatrices, mais se demande comment s’y prendre pour que celles-ci créent des liens entre elles. Sceptique quant à l’utilisation des médias sociaux, elle se sert tout de même de LinkedIn et réussit à en contacter un grand nombre. La promotion du festival se fait également par l’entremise des plateformes sociales. Compte tenu de la difficulté à faire du cinéma en République du Congo, elle révèle que l’impact qu’ont eu les réseaux sociaux sur l’essor de son projet est indéniable.

La réalisatrice africaine est loin d’être la seule à faire ce constat, puisque nombreux·euses sont les artistes qui se servent de ces plateformes dans la pratique de leur métier. C’est le cas de Mme Martineau, connue sous son nom d’artiste Madjin. Celle qui peint notamment des portraits de femmes issues de la diversité sur des toiles recyclées rapporte vendre plusieurs de ses œuvres sur Facebook. En plus de lui donner une visibilité, les réseaux sociaux ont multiplié ses collaborations artistiques. Pour elle, «transformer le virtuel en présentiel» est donc tout à fait possible.

Qu’est-ce que l’artivisme?

Mot-valise composé des mots «art» et «activisme», ce néologisme fait référence à l’art engagé et militant. Un·e artiviste défend ainsi sa cause par le biais d’expressions artistiques, quel que soit le moyen choisi.

Faire une différence

La pandémie de la COVID-19 a donné lieu à une prise de conscience quant aux capacités du virtuel : enseignement à distance, travail depuis le confort de son salon, contact entretenu avec ses proches par l’entremise de son écran, etc. M. Naser Al Deen a dû ainsi pour sa part pleinement exploiter les réseaux sociaux lorsqu’il a supervisé le projet Art Against Violence de septembre 2020 à mars 2022.

Durant cette période, celui-ci a consisté à offrir des ateliers artistiques sur Zoom à 500 participants âgés de 16 à 28 ans. Dans le cadre du projet final, les étudiant·e·s ont dû représenter un enjeu social sous forme artistique. Plusieurs ont notamment choisi la crise économique au Liban. M. Naser Al Deen a ensuite partagé les résultats du projet sur les médias sociaux, tout en encourageant ses étudiant·e·s à faire de même. L’ingénieur, qui déclare devoir la réussite de son initiative aux médias sociaux, parle d’un lien indéniable entre la culture artistique et la consolidation de la paix. Mme Yoka partage son avis. «Énormément d’artistes ont changé des vies de personnes défavorisées», souligne-t-elle.

 Des contrariétés

Bien qu’elle reconnaisse en avoir profité, Mme Yoka avoue résister encore au monde du virtuel, le décrivant notamment comme «éphémère» et «exposé aux “bugs”».

Au cours du panel, Mme Martineau et Mme Yoka relèvent plusieurs autres inconvénients que présentent les médias sociaux. La réalisatrice déclare, entre autres, «travailler à l’ancienne» et tient à maintenir une proximité physique avec ses collaborateur·rice·s et ses collègues de travail. À l’exception de LinkedIn, elle n’a donc aucun autre compte sur les réseaux sociaux.

Mme Martineau, quant à elle, décrit deux autres phénomènes aux répercussions négatives qui découlent des plateformes sociales. Elle mentionne d’abord l’abondance de contenu, qui peut rendre ardue la tâche de «sortir son épingle du jeu» en tant qu’artiste. Elle décrit ensuite une dépendance que peut engendrer l’utilisation des réseaux sociaux, surtout lorsque son métier en requiert l’utilisation. Pour y contrer, elle chronomètre sa présence sur les plateformes et s’impose des limites de temps.

La Commission de la condition des femmes

 En plus de son récent panel, le Regroupement des étudiants de l’UdeM en soutien à l’ONU Femmes a participé à la 67e édition de la Commission de la condition des femmes (CSW) organisée par les Nations unies, qui s’est déroulée à New York. Du 6 au 17 mars, la CSW donne lieu à de nombreuses discussions sur la thématique : «Innovation et évolution technologique, et éducation à l’ère numérique aux fins de la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles».