L’art de la dévotion

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Par Mylène Gagnon
vendredi 6 octobre 2017
L’art de la dévotion
Fannie Caron-Roy poursuit actuellement ses recherches sur les liens entre l'art et la dévotion en Italie. (Photo : Courtoisie Fannie Caron-Roy)
Fannie Caron-Roy poursuit actuellement ses recherches sur les liens entre l'art et la dévotion en Italie. (Photo : Courtoisie Fannie Caron-Roy)
La doctorante en histoire de l’art Fannie Caron-Roy est l’une des deux lauréates du programme de prix et bourse Michel de la Chenelière mis sur pied par le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Son mémoire de maîtrise Prier à la campagne : art et dévotion dans les chapelles de villas romaines de la Contre-Réforme lui a valu cet honneur.
C’est très motivant pour continuer mes recherches, car aux cycles supérieurs, on doute toujours de soi.
Fannie Caron-Roy, Doctorante en histoire de l’art

Quartier Libre : Quel était l’objet de ton mémoire ?

Fannie Caron-Roy : Mon objectif était de comprendre comment les pratiques de dévotion ont influencé l’art dans la sphère privée. Pour répondre à ce questionnement, j’ai étudié trois chapelles de villa dans la campagne romaine du xvie siècle appartenant à des cardinaux, soit la chapelle du palazzo Farnese à Caprarola, la chapelle de la villa d’Este à Tivoli et la chapelle de la villa Mondragone à Frascati.

Q. L. : Qu’est-ce qui t’intéressait dans ce sujet ?

F. C.-R. : Avant ma maîtrise, j’ai suivi des cours dans lesquels j’ai eu la chance de travailler sur des ensembles iconographiques religieux qui, s’ils n’étaient pas nécessairement romains, dataient de la même époque. C’est là que j’ai découvert à quel point ces décors étaient parlants, comment chaque détail pouvait avoir un sens particulier et influencer la signification totale du décor. Mon choix s’est arrêté sur l’Italie, par intérêt, mais aussi parce que mon directeur m’a parlé de ces chapelles dans les villas, ces endroits privés maintenant lieux patrimoniaux qui, contrairement aux lieux publics, comme les églises à Rome, n’ont été que très peu étudiés.

Q. L. : Qu’est-ce que ce prix t’a apporté ?

F. C.-R. : Symboliquement, c’est vraiment fort. C’est touchant de voir qu’un jury composé de professeurs et de conservateurs du MBAM ont apprécié mon mémoire et qu’ils sont prêts à me remettre un prix. C’est très motivant pour continuer mes recherches, car aux cycles supérieurs, on doute toujours de soi. On est seul à écrire, il faut donc beaucoup de discipline. Financièrement, c’est un coup de pouce non négligeable qui me permet de poursuivre mes recherches et qui m’aide à financer mon voyage en Italie.

Q. L. : Ce voyage est-il en lien avec ton doctorat ?

F. C.-R. : Oui ! Pour ma thèse, j’ai élargi un peu mon corpus, tout en gardant la même question que dans mon mémoire, soit les liens entre l’art et la dévotion. Je me suis recentrée sur Rome, sans pour autant délaisser les villas, et je me concentre désormais sur les palais en général, pas seulement sur leurs chapelles. En effet, au cours de mon mémoire, je me suis rendu compte que la dévotion était également présente dans les autres pièces du palais.

Q. L. : Concrètement, que vas-tu faire en Italie ?

F. C.-R : Je ferai de la recherche dans les archives pour tenter de trouver des témoignages de pratiques de dévotion. Je vais aussi regarder les inventaires des pièces des palais où l’on peut trouver tous les objets et les tableaux de l’époque.