L’art au service du combat féministe

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Par Sarah Rasemont
lundi 11 septembre 2017
L’art au service du combat féministe
Une soirée de projection du documentaire Girl Power était organisée le 28 août dernier par Les Filmnistes, en collaboration avec ARTGANG. Une discussion en présence d’artistes d’art urbain était également au programme. crédit photo: Stéphanie Dupuis
Une soirée de projection du documentaire Girl Power était organisée le 28 août dernier par Les Filmnistes, en collaboration avec ARTGANG. Une discussion en présence d’artistes d’art urbain était également au programme. crédit photo: Stéphanie Dupuis
Le Dictionnaire critique du féminisme linguistique, paru le 28 août dernier, est l’un des plus récents projets québécois inspirés par l’idéologie féministe. Entre projections et créations, le thème de l’émancipation de la femme est bien présent dans le discours artistique montréalais.

Ce dictionnaire recense un grand nombre d’expressions sexistes présentes dans nos conversations quotidiennes. L’étudiante à la maîtrise en sociologie de l’UdeM Dalila Awada fait partie de la trentaine d’auteurs ayant participé au projet. « Cet ouvrage vise à démontrer que des propos qui peuvent paraÎtre inoffensifs ne le sont pas nécessairement, explique-t-elle. Ils ont parfois une grande charge symbolique derrière eux. »

Visibilité pour les femmes

Depuis sa fondation en 2015, le collectif montréalais Les Filministes s’est donné pour objectif d’aborder les enjeux féministes actuels par l’entremise du cinéma. Par la diffusion de documentaires, de courts métrages et de films de fiction, le groupe traite de sujets variés. Les deux dernières soirées de projection se sont déroulées au mois d’août dernier et traitaient respectivement du rapport entre le vélo et l’indépendance des femmes, et de la place des femmes dans le monde de l’art urbain.

Les membres du collectif cherchent à générer une réflexion politique et sociale du phénomène féministe. Elles se penchent sur la question de la sous-représentation du travail des femmes dans le monde de l’art. « On essaie de venir pallier une espèce d’invisibilisation des femmes », exprime l’étudiante à la maîtrise en histoire de l’art à l’UQAM et membre des Filministes, Anne-Julie Beaudin.

Elles ne souhaitent pas pour autant la catégorisation d’œuvres autour de l’identité féminine. « Le but des Filministes n’est pas de véhiculer une vision essentialiste du travail, affirme la membre du collectif Soline Asselin. Toutefois, on pense qu’il y a des étapes à suivre et il faut aujourd’hui valoriser le travail des femmes qui a trop longtemps été invisible. »

L’art est partout

Pour la professeure au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’UdeM Ersy Contogouris, aborder le féminisme par l’art peut permettre de sensibiliser plus de gens. Elle cite l’exemple des Guerrilla Girls, un groupe d’artistes activistes qui militent en placardant des affiches aux slogans féministes dans les rues. « C’est un art qui vise à faire changer les choses en attirant l’attention et le regard de façon à ce qu’ils ne puissent pas ensuite être détournés, explique Mme Contogouris. Ce sont des œuvres qui entrent parfois dans un débat plus public, et peuvent ainsi avoir un impact. » Ce type d’activisme permet aux travaux artistiques d’être vus par le plus grand nombre, en pénétrant un espace autre que les galeries ou musées, ajoute-t-elle.

En plus de sensibiliser un large public, l’art est susceptible de créer des liens entre le féminisme et d’autres sujets de société, d’après Les Filministes. « On veut montrer que défendre le droit des femmes, c’est aussi traiter de la question raciale, du débat social que la question transgenre fait surgir, ou encore de la question de l’exclusion de certaines communautés », explique Soline.

Les supports artistiques peuvent être variés et les thèmes mouvants, mais l’effet d’une démarche féministe reste toujours percutant, selon Ersy Contogouris. « Je ne suis pas certaine qu’il y ait une forme d’art qui soit plus adaptée qu’une autre » dit-elle. Elle croit toutefois que, peu importe le moyen d’expression, les réflexions suscitées par les artistes féministes ont une réelle influence.