Culture

L’ARgoT : César et les historiens

En affichant sur sa couverture un Jules César portant de l’ombre à paupières turquoise, L’ARgoT, la revue étudiante spécialisée en histoire de l’art de l’Université de Montréal, annonce ses couleurs. Ses artisans souhaitent montrer cette discipline traditionnelle sous un jour nouveau. Son deuxième numéro a été lancé officiellement le 21 mars dernier.

La majorité des articles de cette édition portent sur la scénographie (l’art des décors de scène) de l’opéra Giulio Cesare in Egitto (Jules César en Égypte) d’Haendel. Cette oeuvre a été produite par l’Atelier d’opéra de la Faculté de musique de l’UdeM en février 2011, ce qui a permis une collaboration entre les étudiants d’histoire de l’art et la scénographe Caroline Guilbault. La rédaction de la revue a travaillé avec le professeur Mickaël Bouffard afin de publier les meilleurs textes scientifiques des étudiants de son cours L’âge des Académies.

La revue publie des articles scientifiques et culturels, qui sont presque tous réunis sous le thème de l’opéra d’Haendel. Les articles culturels sont davantage de nature journalistique. On y trouve, entre autres, une entrevue avec Mme Guilbault, ainsi que des critiques d’expositions et d’oeuvres d’art public. «La troisième parution traitera de la mise en valeur du patrimoine québécois, annonce déjà Hésione Guémard, étudiante au baccalauréat et rédactrice en chef de la revue. Une bourse de 200 $ est offerte par la revue au meilleur texte de chaque numéro.»

Un processus complexe

Dans un objectif de rigueur scientifique, les publications doivent passer par un processus laborieux. Elles sont soumises à un comité de rédaction, puis à un comité de lecture et finalement à un comité de correction. La revue s’est aussi dotée du statut d’organisme sans but lucratif, ce qui lui permet plus de stabilité et de possibilités de financement. «Cela a pris beaucoup de travail et d’efforts pour réunir toute une équipe d’étudiants et un conseil scientifique.Il a fallu trouver du financement, réfléchir à notre structure et à notre orientation », affirme Hésione Guémard, impliquée dans le projet depuis les débuts de la revue en septembre 2010.

 «L’ARgoT compte sur une large équipe généreuse et dévouée », dit fièrement Martine Dubreuil, doctorante et rédactrice en chef adjointe de la revue. Plus d’une vingtaine de bénévoles ont travaillé plusieurs heures par semaine depuis le printemps 2011 pour produire le dernier numéro. «Ça m’a permis de mieux connaître les gens du département, de m’intégrer dans la communauté», témoigne Marina Merlo, membre du comité de correction, qui fait une maîtrise sur les cartes postales d’Alger. Michel Daras, passionné de l’art médiéval siégeant au même comité, est également ravi de son expérience. «La magie de cette revue, c’est que des idées qui ont du poids intellectuel finissent sous forme de matière.»

Cette parution se veut un tremplin pour les étudiants de tous les cycles d’études en quête de visibilité pour leurs textes. Elle permet également de briser les cloisons entre les différents cycles, les professeurs et les assistants de recherche, et d’amener toute cette communauté à collaborer pour mettre en valeur l’histoire de l’art. «Un argot est un ensemble de mots particuliers adopté par un groupe, qui lui sert à se distinguer. L’ARgoT est le langage des passionnés de l’histoire de l’art », explique Hésione Guémard, qui envisage d’entreprendre des études de maîtrise sur l’iconographie de Vénus dans les jardins de la Renaissance.

L’ARgoT est en vente à la librairie du 3200 Jean- Brillant et chez Olivieri à 7,50 $. Les deux parutions se trouvent aussi à la Bibliothèque et aux Archives nationales du Québec.

Photo : Le dernier numéro de L’ARgoT porte sur la scénographie de l’opéra Jules César en Égypte  (crédit : Courtoisie L’ARgoT)

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