« L’avalanche, c’est quelque chose d’hyperbrutal, qui surgit au milieu de nulle part, confie la photographe et metteuse en scène Julie Artacho à la journaliste Caroline Montpetit dans Le Devoir. Ça peut être fatal aussi. Et c’est difficile d’en sortir. ». L’artiste multidisciplinaire a conçu la performance en se basant sur son expérience personnelle.
Quand elle a créé la première version de la pièce, en 2019, le mouvement #Metoo faisait beaucoup parler. Elle a alors voulu que l’œuvre soit très frontale. « Je voulais quasiment qu’on voie l’agression sexuelle », révèle-t-elle à Winston McQuade au cours d’une entrevue sur la chaîne YouTube de l’animateur. Dans l’itération actuelle du spectacle, Mme Artacho a finalement préféré montrer les conséquences d’une agression sexuelle et les traces que celle-ci laisse sur les victimes. « Le rétablissement est vécu de manière très différente dépendamment des gens, constate-t-elle. Certaines personnes ne se rétablissent d’ailleurs jamais. »
La metteuse en scène montre sans filtre au public la façon dont les agressions sexuelles peuvent être « insidieuses », et que s’en sortir peut-être un long chemin entre perte de confiance, amour, violence et prise de conscience. Les différents jeux d’éclairage, entre l’ombre et la lumière, mais aussi en passant de couleurs chaudes à des couleurs froides, évoquent d’ailleurs les nombreuses étapes qui mènent à la guérison. La musique est quant à elle poignante et se fait même ressentir à travers des vibrations qui parcourent la salle, à l’image des émotions véhiculées sur scène.
Plus que l’agression sexuelle, la pièce aborde aussi la culture du viol, le silence et la banalisation des actes. Certaines scènes sont volontairement crues et destinées à provoquer un certain malaise. Même si son but n’était pas de choquer, Mme Artacho explique avoir voulu « créer des réactions ». Le public est d’ailleurs prévenu au début du spectacle : « si vous souhaitez sortir prendre une pause à tout moment, une personne sera disponible pour discuter avec vous ».
Dotée d’une formation en théâtre et travaillant comme photographe depuis plusieurs années, la metteuse en scène révèle que la création de ce spectacle multidisciplinaire a exigé beaucoup d’apprentissages. « Je suis habituée à une lumière fixe en tant que photographe, et parler de transition de lumière, par exemple, a été très nouveau pour moi », avoue-t-elle. Pour Mme Artacho, la scène est toutefois le seul endroit où elle peut exprimer de multiples manières (par le corps, le texte, la musique) les sujets dont elle voulait parler. L’endroit choisi par la créatrice pour créer et présenter Les avalanches, la Chapelle (Scènes Contemporaines), favorise la création émergente et les formes interdisciplinaires et alternatives, à l’image de sa proposition. Un processus qu’elle qualifie de très libérateur.
Les avalanches Écriture, mise en scène et chorégraphie : Julie Artacho À La Chapelle jusqu’au 9 mars 2024. Tarif réduit : 30 $ Tarif étudiant pour étudiant·e·s en art vivant : 25 $ Tarif régulier : 35 $ |