Cofondateur de l’École d’architecture de l’UdeM, l’artiste et architecte Melvin Charney est aussi à l’origine d’une école de pensée qui a fait de lui un des architectes les plus influents de sa génération. À la suite de son décès en septembre 2012, ses anciens élèves et collègues ont tenu à lui rendre hommage en créant l’exposition Vive la ville !
Une cinquantaine d’exposants, dont la plupart sont architectes à Montréal, présentent au grand public les différentes formes que revêtent les idées de Charney dans leurs travaux récents. Plans, vidéos, croquis, photos et sculptures ont été disposés pour la plupart en une longue bande continue permettant aux visiteurs d’effectuer un tour d’horizon des projets architecturaux de la métropole québécoise.
Comme le suggère son titre, l’exposition Vive la ville ! se veut avant tout une manifestation festive. « C’est à la fois une célébration de la ville où nous vivons et de la pérennité des idées essentielles de l’enseignement de Melvin Charney à travers les projets de ses anciens étudiants », précise le professeur à l’École d’architecture de l’UdeM Alan Knight.
Tout au long de sa carrière, Melvin Charney a voulu montrer les liens qui unissent l’architecture à la société, en plus de valoriser une architecture authentique qui épouse la culture, les idées et les mœurs des Montréalais.
Ce sont ces principes essentiels de l’enseignement de Charney qui sont mis en valeur dans l’exposition Vive la ville !« On a voulu présenter des projets contemporains, authentiquement montréalais, qui ne sont pas basés sur les modèles européens, ni sur les modèles de la banlieue, et qui reflètent le quotidien des gens d’ici », explique M. Knight.
Au fil du parcours, on constate que la pensée de Charney trouve un écho dans de nombreuses disciplines autres que l’architecture et l’aménagement urbain, notamment sur les scènes des théâtres montréalais.
La scénographe et architecte Anick La Bissonnière évoque une analogie souvent utilisée par Melvin Charney, qui traite du rapport théâtral que la ville entretient avec les acteurs que sont les citoyens. Après avoir enseigné l’architecture à l’UdeM, elle se sert aujourd’hui de la ville comme d’une source d’inspiration pour son travail de scénographe. « Je suis passée de l’architecture au théâtre sans avoir l’impression de changer de métier », affirme-t-elle.
M. Charney représente un modèle auquel elle s’identifie encore aujourd’hui. « Je sais que c’est possible [de combiner l’art et l’architecture] parce que j’ai rencontré Melvin Charney », confie Mme La Bissonnière.
Pour sa part, la designer urbain Fannie Duguay-Lefebvre a entre autres choisi d’inclure à l’exposition Vive la ville ! des images d’un projet d’aménagement public intitulé Débordements publics. Ce dernier a été réalisé dans le cadre d’un programme de revitalisation du chemin de la Côte-des-Neiges.
« Il s’agit d’un espace public convivial destiné à une appropriation libre par les citoyens, analyse Mme Duguay-Lefebvre. La forme et les matériaux sont inspirés d’éléments existants, qui expriment la reconnaissance de faits urbains importants. » Bien connu pour les quarante pommes de bronze ancrées au mobilier qui borde le chemin de la Côte-des-Neiges, ce projet illustre lui aussi les nombreuses formes que peut prendre aujourd’hui la pensée de Melvin Charney.
Vive la ville !
jusqu’au 17 mars 2013
Centre d’exposition de l’Université de Montréal
Faculté de l’aménagement local 0056
Melvin Charney
En 1964, Melvin Charney participe à la fondation de l’École d’architecture de l’UdeM, où il enseignera jusqu’en 1995. Il prend également part à la fondation de la Faculté de l’aménagement en 1968, crée le programme d’études supérieures en aménagement la même année, puis l’Unité d’architecture urbaine en 1978.
En 1976, il participe au controversé projet Corridart en créant des installations temporaires à l’angle des rues Saint-Urbain et Sherbrooke, là où s’élève aujourd’hui le complexe des sciences de l’UQAM, avec pour objectif de dénoncer les démolitions massives qui ont lieu sous l’administration Drapeau. Ce projet sera démantelé pendant la nuit sous ordre des autorités municipales, trois jours avant le début des Jeux Olympiques.
Parmi ses œuvres les plus connues, on compte le jardin de sculptures du Centre canadien d’architecture (1987-1988) ainsi que la sculpture Skycraper, Waterfall, Brooks – a Contruction (1992), située dans le parc Émilie-Gamelin.
En 1990 alieu le dévoilement de son œuvre Canadian Tribute to Human Rights par le dalaï-lama, le premier monument au monde dédié aux droits de l’homme.
En 2003, il est fait Chevalier de l’Ordre national du Québec.