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Jonathan Gagné fait partie d’un groupe sélect de six chercheurs récompensés par la prestigieuse bourse.

La tête dans les étoiles

L’étudiant Jonathan Gagné est le premier Québécois à recevoir le prestigieux « Carl Sagan fellowship » de la NASA. Cette bourse permet de financer des recherches postdoctorales concernant les exoplanètes, des planètes se situant en dehors de notre système solaire. « Je suis content, surpris, mais surtout honoré d’avoir reçu cette bourse, commente Jonathan. Ça a dépassé mes attentes. »

La NASA octroie moins d’une dizaine de bourses du même type par année. La sélection des lauréats est soumise à un jury d’experts qui évalue l’aspect scientifique des recherches, mais aussi la capacité des candidats à communiquer leurs résultats au moyen de conférences ou de publications scientifiques. « C’est une compétition qui est mondiale, et la NASA cherche seulement les meilleurs, relate le cosuperviseur de thèse de Jonathan et directeur de l’iREx, René Doyon. Je ne suis pas surpris que Jonathan en ait décroché une. » L’étudiant compte déjà cinq publications scientifiques en tant qu’auteur principal et une dizaine en tant qu’auteur secondaire.

Grâce à cette bourse, Jonathan Gagné poursuivra ses recherches à la Carnegie Institution for Science à Washington.« J’ai proposé d’aller faire mon postdoctorat là-bas, car l’Institut a acheté un télescope situé au Chili, explique le doctorant. Elle est la seule à y avoir accès, et c’est l’un des plus puissants au monde pour accomplir ce que je veux faire. »

Mieux comprendre les exoplanètes

Les recherches de Jonathan Gagné portent sur la découverte et l’étude de naines brunes. Ces astres gazeux ressemblent à la planète Jupiter de notre système solaire. Ils n’ont pas une masse suffisante pour être considérés comme une étoile, mais ils sont plus massifs qu’une planète géante, comme Jupiter. « Ce qui est intéressant avec les naines brunes, c’est qu’elles ne sont pas situées autour d’une étoile, contrairement aux exoplanètes, explique Jonathan. Nos instruments sont aveuglés par l’étoile donc nous ne sommes pas en mesure d’aller étudier la composition des exoplanètes. Par contre, nous sommes capables de le faire pour les naines brunes . »

Ses recherches s’attardent plus particulièrement aux naines brunes jeunes. Âgées de quelques millions d’années seulement sur l’échelle astronomique, elles n’ont pas eu le temps de se refroidir depuis leur création et sont donc assez lumineuses pour être captées. Jonathan tente de comprendre la composition de leur atmosphère pour pouvoir ensuite transposer ce modèle aux astres similaires, mais non visibles par des instruments.

Étudier les naines brunes représente un pas de plus vers la découverte de la vie dans l’univers. « Lorsqu’on aura les technologies pour aller étudier de près les atmosphères des exoplanètes de type rocheuses les plus susceptibles d’abriter de la vie telle qu’on la connaît sur Terre, on sera déjà capables d’en comprendre la chimie et la physique grâce aux travaux faits sur les naines brunes », dévoile l’étudiant de l’iREx.

Autrefois deux domaines distincts, la recherche sur les naines brunes et celle sur les exoplanètes se rapprochent graduellement. « Il y a des similitudes entre les deux types d’objets célestes, précise le cosuperviseur de thèse de Jonathan et professeur adjoint en physique à l’UdeM, David Lafrenière. Il faut que ces deux communautés scientifiques se mettent ensemble pour aller plus loin, et Jonathan est l’un des premiers à se placer directement entre ces deux domaines de l’astronomie . » Selon son collègue René Doyon, l’équipe scientifique de l’iREx est l’une des rares parmi la dizaine d’autres travaillant sur les naines brunes dans le monde à être à cheval entre les deux communautés scientifiques, et ce grâce à l’expertise de Jonathan Gagné.

Un chercheur d’exception

Le mot « brillant » revient sur les lèvres des superviseurs lorsqu’ils décrivent leur étudiant au doctorat. « C’est vraiment époustouflant de le voir aller, lance M. Doyon. C’est un nom qu’il faut retenir, car il va aller très loin. » Il précise que la communauté scientifique va « se l’arracher » dans un avenir rapproché.

« Il a un niveau de maturité scientifique qui est supérieur aux étudiants au doctorat en général , renchérit M. Lafrenière.Il est déjà reconnu comme étant un expert dans son domaine d’études, au moment même où il termine son doctorat, ce qui est exceptionnel. »

Le passage remarqué de Jonathan Gagné se poursuivra donc à Washington grâce à la NASA, mais M. Doyon espère un jour le retrouver en tant que professeur dans le milieu universitaire, et, si possible, à l’UdeM.

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