La technologie au service du zéro déchet

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Par Edouard Ampuy
lundi 9 septembre 2019
La technologie au service du zéro déchet
Le système sera mis en place cette semaine au Pavillon Jean-Brillant (Archives Quartier Libre)
Le système sera mis en place cette semaine au Pavillon Jean-Brillant (Archives Quartier Libre)
Les tasses réutilisables CANOtogo, munies d’une puce électronique, seront mises à la disposition de la communauté étudiante de l’UdeM dès la semaine prochaine Chez Valère, la grande cafétéria du pavillon Jean-Brillant. Cette initiative durable, mise sur pied par un ancien étudiant de l’UdeM, vise à réduire la dépendance envers les contenus jetables grâce à la technologie.
« Dès qu’on dépasse les cent utilisations, on est correct en matière d’impact environnemental. Donc, l’objectif est de doubler ou tripler ce chiffre. »
Marco Gartenhaus - fondateur de CANOtogo

Pour le fondateur de CANOtogo, Marco Gartenhaus, la technologie est un outil indispensable pour arriver à s’approcher de l’objectif zéro déchet. « Je pense que c’est obligatoire, parce que le jetable est trop efficace, explique-t-il. Au niveau de l’expérience utilisateur, c’est tellement simple, il y a des poubelles partout et ça coute très peu cher. »

Avec son service, il cherche à implanter un système de tasse réutilisable intelligente et ainsi réduire la dépendance des utilisateurs envers le jetable. « Si nous voulons que le réutilisable soit utilisé à grande échelle, ça prend une technologie pour s’assurer du retour de ces objets et s’assurer d’un nombre minimum d’utilisations », résume-t-il. Le retour des tasses se fait dans des bacs de collecte placés aux entrées des bâtiments du campus et dans les cafés étudiants.

Marco le certifie, le nerf de la guerre se trouve dans la capacité du système à réutiliser suffisamment chaque tasse pour que son incidence sur l’environnement soit minimisée. « Dès qu’on dépasse les cent utilisations, on est correct en matière d’impact environnemental, affirme-t-il. Donc, l’objectif est de doubler ou tripler ce chiffre. » 

L’ancien étudiant précise qu’à la fin de son cycle de vie, chaque tasse est recyclée pour en créer de nouvelles. « C’est entre 25 et 50 % de la matière qui est réutilisée », déclare-t-il.

Des défis technologiques

L’élaboration d’un tel projet s’accompagne de différents défis. Marco décrit le premier comme étant d’ordre technologique, deux années ayant été nécessaires pour développer sa première plateforme. « Il y a des centaines d’emprunts de tasses chaque jour, donc le premier défi, c’est d’avoir un système qui roule en continu, dans des dizaines d’emplacements », décrit-il.

Pour cet entrepreneur, le fonctionnement de la technologie est essentiel pour maintenir le lien de confiance qui se crée entre les utilisateurs et la marque. « Nos utilisateurs comptent sur la technologie et n’amènent plus leur propre tasse, illustre-t-il. Si le système tombe en panne, ça devient un problème qui génère de la frustration. »

Des défis commerciaux

Les utilisateurs ne sont pas les seuls acteurs qu’il faut satisfaire, reconnait Marco. Les partenaires commerciaux qui composent le réseau de distribution de CANOtogo doivent s’adapter à un nouveau système. « C’est un changement de mentalité, développe le fondateur du projet. Utiliser du jetable, c’est vraiment simple pour un établissement, donc retourner vers la vaisselle, c’est un peu comme un retour en arrière. »

Ces partenaires sont représentés par différentes institutions publiques, comme des cégeps et des hôpitaux, mais aussi des cafétérias et des restaurants « L’objectif, c’est plusieurs milliers d’usagers dans les prochaines 12-24 mois », poursuit-il.

Le système oblige également les partenaires à collecter et à nettoyer les tasses, ce qui implique davantage de travail. « Au niveau commercial, on doit avoir d’autres avantages pour convaincre les partenaires », concède Marco.

Ces avantages résident dans l’aspect environnemental du projet, mais aussi dans une simplification de l’inventaire et de la gestion des achats pour les membres du réseau. « Chez certains de nos partenaires, en quelques semaines, ils ont eu une diminution de l’achat de gobelets, ils sauvent ce coût-là », déclare-t-il.

Pour l’instant, chaque abonnement permet à un utilisateur d’emprunter deux tasses. Dans le cas où il les perd ou les brise, il sera alors contraint de payer un nouvel abonnement. « On est en train de développer un concept où on serait capable de ne pas avoir de limite d’emprunt et d’avoir des incitatifs pour que les retours se fassent plus rapidement », indique Marco, soulignant que les incitatifs pourraient prendre la forme de rabais ou de cafés gratuits. Pour lui, c’est de cette façon que le système sera vraiment efficace.