Volume 18

La ruée vers le Québec

«Le Québec, c’est un eldorado des temps modernes. » Comme de nombreux Français, Nicolas Audigane a choisi le Québec pour trouver du travail. Manque d’opportunités outre-atlantique, énormes besoins de main-d’oeuvre au Québec, etc. Autant de raisons qui expliquent l’arrivée massive de Français ces dix dernières années.

D’ici 2014, 732000 postes sont à pourvoir au Québec pour une population de 7,9millions d’individus. Les chiffres avancés par Nadir Sidhoum, président de la délégation québécoise de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (l’OFFI), organisme franco-québécois visant à aider l’installation des nouveaux arrivants des deux côtés de l’océan, mettent en lumière l’énorme défi que doit surmonter la Belle Province. De plus, en décembre, davantage d’emplois ont été créés au Québec que sur l’ensemble du Canada, selon un rapport de Statistique Canada. Pour Nadir Sidhoum, on peut parler de plein emploi. Devant ce besoin grandissant de main-d’oeuvre quoi de plus logique pour les employeurs que de se tourner vers nos cousins français ? Un candidat idéal, dit-on. Il parle français, dispose d’une très bonne formation et s’adapte vite.

Si les entrepreneurs québécois font du démarchage en France, c’est aussi parce qu’ils ont un auditoire réceptif, comme nous l’explique Nadir Sidhoum. « L’engouement des Français pour le Québec est de plus en plus vivace. On a octroyé 14000 permis de travail l’an dernier. De plus, les permis Vacances-Travail [PVT] ont été écoulés en un mois. On n’a jamais vu ça.»

Nicolas Audigane est parti au Québec en 2009 grâce aux PVT : cette formule d’un an, non renouvelable, est destinée aux jeunes de 18 à 35 ans qui désirent voyager et travailler au Canada. Nicolas détenait une formation de deux ans en foresterie et avait effectué un stage au Québec en 2007 dans le domaine du bois de chauffage. Quand le gérant de l’entreprise le recontacte, il saisit sa chance. « L’opportunité était là, dit-il. Au Québec, je me sens vraiment libre de faire ce que je veux. » Pour lui, le Québec représente de nombreuses opportunités d’emplois, et ce, dans tous les secteurs.

Julien Ferreira est un étudiant de 23 ans. Ce qui l’a attiré en premier au Québec, c’était l’Amérique, version française. En effet, au retour, une expérience sur ce continent dans un curriculum vitæ est très valorisée en France, comme l’explique Nadir Sidhoum. Étudiant en science des Matériaux à l’Université de technologie de Troie, Julien trouve son stage à l’Institut des matériaux industriels (IMI) du Conseil national de recherche du Canada (CNRC), à Boucherville. La recherche fut très facile. «Grâce à un tout petit courriel et mon CV, j’ai été directement recruté. À la fin de mon stage, j’ai même eu une proposition d’embauche définitive que j’ai dû décliner, car il fallait que je termine mes études en France.» L’avantage? Pour Julien, c’est la simplicité des démarches. « On bénéficie de la sécurité sociale avec la Régie d’assurance maladie du Québec, les permis de travail ou d’études s’obtiennent assez rapidement. Ça facilite les choses!»

Faciliter les choses, tel pourrait être le credo des entreprises québécoises qui viennent faire du démarchage en France. Des salons sont ainsi organisés, comme en juin dernier pour la Journée Québec, ou en novembre avec le salon Destination Canada, offrant aux employeurs l’accès à un bassin de candidats français. De plus, les annonces sont omniprésentes dans les médias, où les sujets des émissions sur le Québec ou le Canada pullulent. Des associations prônant les échanges entre la France et le Québec se développent, comme les Amitiés acadiennes ou l’Asso – ciation Québec-France. Cette dernière organise même des conférences sur l’immigration, propose de l’aide à la recherche d’emploi et organise des 5 à 7 québécois, histoire de donner un avant-goût du Québec aux futurs immigrants. Les universités québécoises sont aussi présentes à de nombreux salons étudiants.

Et pour la France, y a-t-il vraiment un intérêt à laisser partir des diplômés de l’autre côté de l’Atlantique? Oui, si on se fie à Nadir Sidhoum. «Échanger de la main-d’oeuvre, c’est développer la francophonie et développer les ambassades en faisant connaître le pays. Cela permet de tisser des liens culturels, mais aussi é conomique s . » Un é chang e gagnant-gagnant.

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