«Pour la rentrée scolaire, que ce soit sur le Web ou sur certains lieux de ventes comme les coopératives universitaires ou les magasins, le marketing orienté vers les étudiants se focalise maintenant principalement sur les produits technologiques », affirme le professeur à l’UQAM et spécialiste du marketing à travers les nouvelles technologies, Benoit Duguay. D’après lui, les magasins investissent davantage dans la publicité lors de la rentrée, promouvant des rabais parfois exclusifs aux étudiants sur les articles électroniques.
Selon certains étudiants, ces promotions sont intéressantes. « Je viens tout juste d’acheter un nouvel ordinateur à très bon prix, témoigne l’étudiante au baccalauréat en sociologie et psychologie Vickie Naud. S’il n’y avait pas eu ce rabais de rentrée scolaire, c’est sûr que j’aurais pris mon temps pour magasiner. »
Des méthodes qui évoluent
Si l’objectif du marketing a toujours été d’inciter les consommateurs à l’achat de produits, parfois superflus, les méthodes ont beaucoup changé, explique M. Duguay. Alors que l’affichage se faisait par le biais de la télévision et des panneaux publicitaires il y a une vingtaine d’années, incitant les clients à se rendre en magasin, la publicité est aujourd’hui à portée de clic. « Il faut aller chercher les étudiants là où ils sont », précise-t-il.
À l’ère du marketing numérique, les réseaux sociaux permettent un affichage individualisé pour chaque utilisateur selon son activité sur le Web. « C’est leur [les étudiants] façon d’échanger et donc on ne peut leur faire de messages publicitaires télévisés, ça ne donnera rien, estime M. Duguay. Les gens en marketing ont toujours dit “ regarde à qui tu parles et tu vas savoir où et quoi dire ” ». Plus connectés, les étudiants sont moins sensibles à l’affichage traditionnel.
Consommateurs éveillés
Malgré les sollicitations intensives de la publicité ciblée à la rentrée, certains étudiants savent s’en distancier, comme l’étudiante en baccalauréat en pharmacie, Shirel Levy. «J’achète juste le nécessaire et je ne suis pas du tout influencée par les publicités de la rentrée scolaire » affirme-t-elle.
Les Milleniums, ou génération Y [NDLR : nés entre le début des années 1990 et l’an 2000], consomment de manière consciente et se réfèrent beaucoup à la communauté qui les entoure, selon M. Duguay. « Leur première caractéristique est qu’ils se méfient beaucoup de la publicité », ajoute-t-il.
Cette génération vérifie d’ailleurs méticuleusement la qualité et le prix du bien, et se questionne sur la nécessité d’un achat. « C’est la crédibilité de l’information et des commentaires qui influent sur leur décision à l’égard du bien ou du service désiré », indique le professeur.
L’étudiant au baccalauréat en mathématiques Francis Clavel possède son ordinateur depuis maintenant six ans. « Je ne vais pas m’en acheter un nouveau juste parce qu’il y a une promotion », témoigne-t-il. Francis affirme qu’il en achètera un neuf lorsqu’il en aura véritablement besoin.