Volume 20

La présidente de la Fédération étudiante universitaire du québec (FeUq), Martine Desjardins, préconise la création d’une commission d’évaluation pour superviser le processus décisionnel au sein des universités. (Crédit photo : Pascal Dumont)

La qualité en question

Quoi tirer de cette première rencontre thématique en vue du Sommet sur l’enseignement supérieur ? Tout le monde s’est félicité de pouvoir s’asseoir ensemble et discuter. Les avis sont plus nuancés quant au résultat des échanges sur l’assurance-qualité, le thème de la rencontre.

Les discussions se sont tenues à Québec les 29 et 30 novembre dernier. «Cette rencontre a été constructive et bénéfique. Cela faisait des années que nous ne nous étions pas parlés. Nous avions du retard à rattraper », affirme la présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Éliane Laberge. Un sentiment partagé par le président de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU), Max Roy. «Je suis content de discuter des missions multiples des universités», a-t-il déclaré lors de la séance de synthèse des ateliers du vendredi après-midi. Par contre, la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, reste sur sa faim. «En raison du printemps dernier, on a voulu éviter les tensions et donc les débats», commente-t-elle.

La rencontre portait sur la mise en place d’un mécanisme d’assurance-qualité, c’est-à-dire un ensemble d’indicateurs permettant l’évaluation d’un enseignement et de comparer des programmes entre différentes universités. Des processus internes aux universités existent déjà. Une évaluation externe permettrait toutefois un meilleur examen de la qualité de l’enseignement dans les universités québécoises. Ce concept ne répond pas à la définition que donne Mme Desjardins de la qualité de l’éducation. «Elle s’évalue programme par programme, on doit éviter la standardisation. La différence, c’est une bonne chose», estime-t-elle. Elle propose la création d’une Commission d’évaluation des universités québécoises (CEUQ). Son mandat consisterait notamment à surveiller le processus décisionnel universitaire afin d’éviter les abus des recteurs et des entreprises privées. Elle cite le cas de l’École polytechnique. « Polytechnique laisse aller tous les profits et les brevets liés à la recherche. L’entreprise se sauve avec. C’est problématique», s’indigne-t-elle.

La CEUQ serait composée au 2/3 par des représentants du milieu universitaire. En somme, elle favoriserait notamment l’implantation de programmes plus axés sur le développement régional en évitant d’offrir un programme calqué sur un autre déjà existant dans une autre université.

Divergences
Martine Desjardins se défend toutefois de vouloir supplanter la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ). «On ne veut pas la tasser, on veut simplement lui enlever certains pouvoirs», avance-t-elle. Elle s’étonne d’ailleurs de la position de l’ASSÉ, qui a souligné son attachement au principe d’autogestion des universités lors de la rencontre pré-sommet. «On ne comprend pas pourquoi ils veulent laisser les recteurs agir en toute autonomie. Il n’est pas question de confier les décisions importantes à une poignée d’individus.» L’ASSÉ justifie son désaccord concernant la création d’une organisation d’évaluation externe. « Nous nous opposons à tout organisme contraignant qui brime l’autonomie des acteurs et actrices de l’université », a jugé la secrétaire aux affaires académiques, Blandine Parchemal, lors de la rencontre.

Selon M. Roy, le ratio élèves-enseignant est un problème de taille, qui menace la qualité de l’enseignement. « La relation pédagogique directe est essentielle. C’est pourquoi nous souhaitons que les classes permettent un meilleur encadrement », plaide-t-il. Tout au long de la rencontre pré-sommet, il s’est efforcé de démontrer le problème du trop grand nombre d’élèves par professeur. Et la situation ne va pas s’améliorer, en raison des coupes fédérales faites dans le système d’éducation québécois depuis les années 1990. «Je ne détiens pas de solution miracle, admet-il. On doit trouver des solutions collectivement pour s’attaquer au problème, comme on l’a fait en ce qui concerne les soins à domicile pour les aînés».

Mme Laberge veut, elle aussi, voir la logique collective dominer. « Il y a eu lors de la rencontre beaucoup de compétition entre les différents acteurs. Les intérêts corporatistes ont pris beaucoup de place », regrette-t-elle.
Elle souhaite voir les universités s’inspirer du réseau collégial. «Le cégep Maisonneuve ne va pas essayer de prendre des étudiants au cégep Ahuntsic, explique-t-elle. Nous ne voulons pas que les universités fonctionnent exactement de la même façon que le réseau collégial, mais on a parfois avantage à regarder ce qui se passe ailleurs.»

La prochaine rencontre aura lieu les 13 et 14 décembre à Trois-Rivières. Elle aura pour thème l’accessibilité aux études. «C’est le sujet qui va être le plus difficile à débattre, car il polarise la communauté universitaire »,annonce Mme Laberge.

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