Culture

première Semaine de la critique de Montréal
Cinéma

La première Semaine de la critique de Montréal, un nouveau rendez-vous pour les cinéphiles ?

Du 13 au 19 janvier a lieu la première édition de la Semaine de la critique de Montréal, un festival non compétitif où des discussions de fond entre le public et les panélistes invités suivent les projections.

L’idée du festival remonte à l’année 2018, au moment où le critique de cinéma et rédacteur en chef de la revue Panorama-cinéma, Mathieu Li-Goyette, a programmé la Semaine de la critique de Berlin. « J’ai découvert le concept des séances où s’enchaînent plusieurs films accompagnés d’échanges avec les cinéastes des films présentés, mais aussi des critiques, des essayistes, des auteurs et autrices… », se souvient-il.

Les années qui ont suivi ont donc mené à la première édition de la Semaine de la critique de Montréal, dont M. Li-Goyette est le directeur général. Panorama-cinéma a lancé l’événement avec l’intention d’aiguiser les goûts du public, en rendant accessibles des films qui ont eu peu de retentissement en salles. Le rédacteur en chef de la revue affirme que l’objectif du festival « vise à tresser l’exercice critique à celui de la programmation ».

Relier pratique critique et programmation cinématographique

Cinq critiques de cinéma, dont M. Li-Goyette et le directeur de la programmation, Ariel Esteban Cayer, ont sélectionné les œuvres du festival. Au total se côtoient 19 courts, moyens et longs-métrages du monde entier, de la fiction au documentaire en passant par l’expérimental.

La principale contrainte du comité ? Composer les programmes doubles ou triples : des séances de plusieurs projections d’affilée. Selon M. Cayer, ce défi est devenu « une « sorte de jeu ». « Il fallait laisser nos subjectivités influer sans imposer un regard, un thème ou des sujets trop évidents », précise-t-il.

M. Li-Goyette ajoute que l’ordre des films présentés vient axer le regard des spectateur·rice·s, puisque les thématiques ne sont pas toujours explicites. Le programme « Chroniques d’une mort annoncée » du 14 janvier dernier a par exemple commencé par une fiction japonaise sur un deuil amoureux, suivie d’une reconstitution de l’emprisonnement du chef métis Louis Riel, puis d’une errance nocturne dans la campagne cubaine. « En se demandant pourquoi on regarde tel film après tel autre, une sorte de posture critique naît de ces questionnements et appelle à une expérience de visionnement active », soutient le directeur du festival. 

Un appel à la découverte

L’équipe de la Semaine de la critique de Montréal a reçu des retours qualifiant sa proposition d’audacieuse, que ce soit en raison de la durée des programmes, de la sélection restreinte de films ou encore de l’accent mis sur des cinéastes. M. Cayer espère que l’auditoire adhérera à cette formule, qui peut paraître exigeante. « Reste à voir quelle place la Semaine de la critique peut occuper pour les festivaliers et les cinéphiles montréalais, poursuit-il. Cette année est un essai, on verra lors de cette édition si c’est réussi. »

Après avoir assisté aux séances « Hors-piste » du 13 janvier et « Chroniques d’une mort annoncée », l’étudiante en première année de maîtrise en sciences psychiatriques et addictologie à l’Université de Montréal Radilena Paskaleva trouve le projet intéressant. En tant que cinéphile, elle apprécie le geste novateur de visionner des films « qui ne passent pas en salles d’habitude, et qui ne seraient pas présentés autrement ». Elle regrette néanmoins le caractère « niche » du festival. « Certains films contemplatifs s’adressent à des spectateurs et spectatrices aguerris, mais c’est quand même chouette de sortir de sa zone de confort », souligne-t-elle. 

La Semaine de la critique se déroule jusqu’au 19 janvier prochain au Cinéma Moderne et à la Cinémathèque québécoise. Les billets sont à 25 $ par soirée et à 15 $ par film pour la projection du samedi 18 janvier. 

Photo principale prise par Lilou Richard

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