Culture

A l’occasion de la 22e édition du Festival de la poésie de Montréal (FPM) qui se tiendra en ligne du 31 mai au 6 juin, une deuxième sélection du Prix Francophone international mettra de l’avant la diversité qui fait la Francophonie.

La poésie aujourd’hui

Quartier Libre : Pourquoi avez-vous décidé d’organiser ce cycle de conférences sur la poésie ?

Karim Larose : Depuis quelques années, j’ai le sentiment qu’un fossé s’est créé entre l’Université et la poésie contemporaine. Il me semblait important de créer un lien et j’organise donc, chaque année depuis quatre ans, un cycle de conférences au cours desquelles mes étudiants sont en contact avec la poésie actuelle. Ils sont en contact avec la parole des poètes, la perception qu’ils ont de leur propre démarche et le regard qu’ils jettent sur ce que signifiait la littérature quand ils ont commencé à écrire. L’idée est de réfléchir avec les conférenciers sur le texte qu’on a sous les yeux, d’autant plus que la poésie contemporaine représente parfois un défi pour certains lecteurs. La lecture d’un recueil de poésie est comme une marche d’approche où l’on ne finit jamais d’approcher. Je reprendrais la citation du poète Henri Meschonnic : « la poésie n’est pas obscure parce qu’on ne la comprend pas, mais parce qu’on ne finit jamais de la comprendre ». Il s’agit de réfléchir à ce qui se dérobe à nous, et on le fait avec les poètes.

Q.L. : Pourquoi dites-vous qu’il existe un fossé entre l’Université et la poésie contemporaine ?

K.L. : À une certaine époque, à l’UdeM, un grand nombre de professeurs spécialistes de la poésie québécoise étaient des poètes. On pense notamment à Jacques Brault, qui a été une figure très importante de ce département et qui a aidé à rééditer le recueil de Gaston de Miro, un de ses camarades de discussion. Ces professeurs, très proches de la poésie québécoise, se trouvaient très près des milieux dans lesquels évoluaient les poètes. Avec le temps, je dirais qu’il y a eu de moins en moins de spécialistes de la poésie québécoise à l’UdeM. Le genre s’est marginalisé et le lien s’est donc fait plus délicat. Il m’a semblé important de recréer un dialogue plus fort.

Q.L. : Est-ce que ces conférences suscitent un fort intérêt de la part du public ?

K.L. : Absolument. Comme l’entrée est libre, il y a souvent des gens qui viennent de l’extérieur, en plus des étudiants de l’UdeM. Ils peuvent venir écouter et poser des questions, ce qui peut donner lieu à des moments exceptionnels. Nous avions reçu, il y a quelques années, Benoît Jutras, poète contemporain très important. Nous avons aussi reçu l’écrivain Mathieu Arsenault, qui est au centre de ce qui se fait actuellement en matière de poésie québécoise. C’est un lieu qui permet d’accueillir la parole de personnes qui ne sont pas nécessairement à l’aise avec la prise de parole en public. Les poètes ne sont pas forcément tous des tribuns. Parfois, cela donne lieu à quelque chose de maladroit, mais qu’on accueille aussi bien.

Q.L. : Comment se porte la scène poétique québécoise en 2020 ?

K.L. : La poésie québécoise me semble particulièrement vivante, en très bonne santé ! Parfois, on a l’impression qu’elle n’a pas beaucoup de visibilité ou qu’elle est en retrait, mais au contraire, il existe des poètes dont l’œuvre est extrêmement forte. Ils travaillent avec beaucoup de détermination et innovent. Beaucoup d’évènements permettent d’initier un dialogue entre ces poètes. On sort plus de livres qu’auparavant, même si la publication d’un recueil est un moment fondamental pour le poète. On voit de plus en plus d’autres formes d’expressions s’imposer, comme le micro libre ou encore les soirées de lecture. Ces dernières années, la poésie s’est incarnée dans tous ces lieux. On peut aussi penser aux vidéos poèmes et aux poèmes sur les scènes, notamment dans les festivals. On assiste à un éclatement des formes dans la poésie.

La première séance du cycle de conférences de Karim Larose a eu lieu le 4 février dernier. La seconde se tiendra le 10 mars et la troisième le 7 avril.

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