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La place de l’anglais dans les cahiers de physique

Aujourd’hui à sa troisième année du baccalauréat, Guillaume a été surpris au cours de son cheminement du nombre de manuels obligatoires et recommandés en anglais. « Quand j’ai commencé ma dernière session, celle-ci, j’ai été en mesure de compiler l’ensemble des plans de cours que j’avais suivis et d’établir des statistiques », explique-t-il. D’après son échantillon, 40% des manuels obligatoires sont en anglais et 70% des manuels recommandés le sont aussi.

M. Leonelli admet avoir été étonné par cette lettre. « Je m’occupe des problèmes que je vois importants, confie-t-il. Ça fait plus de quatre ans que je suis directeur et c’est la première fois que quelqu’un mentionne ce problème. »

Guillaume abonde dans le même sens lorsqu’il dit qu’il ne s’agit pas d’un sujet fréquemment discuté. « Mes collègues sont habitués [à ces lectures en anglais], précise-t-il. Quand j’en ai parlé à certains professeurs, ils me répondaient sèchement : « Écoute, de toute façon, tout se fait en anglais à la maîtrise et au doctorat, tu es aussi bien de l’apprendre tout de suite. » »

L’étudiant n’est pas de cet avis, lui qui affirme que le baccalauréat devrait être entièrement en français. « Le baccalauréat est comme un socle commun, indique-t-il. Il y a des gens qui vont aller en actuariat ou encore, en enseignement. Ces gens-là n’auront probablement jamais à travailler en anglais et devraient pouvoir recevoir leur formation de base en français. »

Le directeur du Département rétorque que les grands magazines sont rédigés en français et en anglais et que pour se tenir informé, il faut tout lire.

Puiser dans les manuels de France

Parce qu’il souhaitait recevoir sa formation uniquement en français, Guillaume s’est tourné vers une autre solution.

 

De son côté, M. Leonelli soutient que les manuels de physique provenant de la France ne sont pas du même calibre que les manuels anglais provenant des États-Unis.

 

Il explique que l’approche pédagogique ciblée en France est plus formelle, qu’elle présente tout le formalisme puis le met en pratique. Au contraire, l’approche nord-américaine présente le formalisme morceau par morceau, entrecoupé de mises en pratique.

Des solutions

Pour pallier le manque de manuels en français, Guillaume propose quelques pistes de solution, dont celle de faire traduire certains manuels utilisés depuis des années au Département. « Ça pourrait donner du travail et constituer un exercice pédagogique vraiment intéressant pour les étudiants de faire un exercice de traduction », croit-il.

Si le directeur n’a pas d’objection, il soulève l’enjeu financier d’un tel projet. « À la suite de la publication de cette lettre, certaines personnes ont estimé que traduire un livre coûterait plus de 100 000 $ simplement pour les frais de traduction, souligne-t-il. En vendant cinquante par année, ça peut prendre quelques décennies avant d’entrer dans son argent. » Il aborde également le droit d’auteur, puisque l’éditeur américain exigerait probablement quelques redevances.

Guillaume souhaite que le recteur de l’UdeM, Guy Breton, mandate le Bureau linguistique afin de récolter des données sur tous les cours donnés à la Faculté des arts et des sciences. Il avance qu’il serait essentiel de modifier la politique linguistique pour rendre obligatoires les manuels en français au premier cycle. L’étudiant ajoute que l’utilisation de manuels en anglais devrait constituer une exception que les professeurs aient à justifier, ce à quoi M. Leonelli s’oppose. « Augmenter la paperasse en disant « Écoutez, si le manuel est en anglais, vous allez remplir un formulaire en douze exemplaires et le soumettre à gauche et à droite » n’est pas une solution viable, assure-t-il. Je pense qu’on remplit déjà beaucoup de documentation sans entrer là-dedans, mais c’est mon opinion personnelle. »

Il affirme que lors du prochain comité des études du Département de physique, cet enjeu sera à l’ordre du jour et qu’il est prêt à entendre les commentaires des étudiants.

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