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La pandémie bouscule les frontières de l’espace domestique

Le travail à domicile, le confinement et les mesures sanitaires ont forcé les Québécois à réaménager leur espace domestique, mais tous ne sont pas égaux face à cette problématique, qui semble créer des « inégalités architecturales ».

L’étudiante à la maîtrise en architecture à l’UdeM Virginie Tougas a pris part au projet Architecture et information 2.0 2020 dans le cadre d’un cours d’urbanisme. Elle a recueilli de nombreux témoignages afin de dresser un portrait des problèmes que rencontrent les Québécois en période de crise sanitaire, et ce, dans plusieurs types d’habitation.

« Je m’intéressais surtout à l’espace domestique et aux seuils, c’est-à-dire aux délimitations entre les espaces, explique Virginie. L’étudiante a constaté que le seuil qui séparait l’espace public de l’espace privé a déjà été altéré au cours des dernières années. Elle le compare aux réseaux sociaux, expliquant que les espaces habituellement privés, comme la chambre à coucher, sont exposés publiquement.

 

« Dans mon projet, j’ai fait une grande coupe des typologies d’habitations à Montréal, sous la forme de petites scènes, semblables à des publications Facebook ou à des conversations Messenger. Elles présentent, sous forme de témoignages, des difficultés rencontrées par les résidents. » Crédit : Virginie Tougas

 

Avec le confinement, Virginie a observé que ce seuil entre l’espace public et l’espace privé n’existe presque plus. Les pièces d’un logement servent désormais de nouvelles fonctions. Le salon peut être converti en salle d’entraînement, ou la chambre à coucher transformée en bureau dans la journée. Selon elle, ces changements de l’occupation de l’espace domestique risquent de modifier les modes architecturales. « Avoir la salle à manger et la cuisine ouvertes, par exemple, avec la COVID-19, ça ne fonctionne plus du tout, précise-t-elle. Les gens ont besoin d’avoir de l’intimité. »

Des inégalités architecturales

L’étudiante en urbanisme mentionne que la COVID-19 a accentué les inégalités sociales, et l’architecture en témoigne. Bien que les résidents de toutes typologies d’habitations aient fait face à de nombreux défis, ce sont ceux des quartiers les plus défavorisés qui ont subi les plus grandes conséquences, selon elle. 

Virginie affirme également que les résidents des tours d’habitation ont aussi souffert pendant la pandémie. « J’ai interrogé un couple pour mon projet, explique-t-elle. Il venait d’emménager dans une nouvelle tour de logements, et tout dans son condo prenait le moins d’espace possible. Maintenant, avec la pandémie, il regrette sa décision. »

Alors que les occupants des maisons unifamiliales ont surtout dû adapter leur horaire de travail aux autres membres de leur ménage, dont leurs enfants, ceux des tours de logements ont vu leur espace domestique réduire de manière significative, dans la mesure où leur accès aux pièces communes a été limité.

Cette session, Virginie poursuit sa recherche sur l’espace domestique et se penche sur le cas du quartier Montréal-Nord. « Je voulais savoir pourquoi il y avait plus de cas dans cet arrondissement, précise-t-elle. Il devait certainement y avoir des raisons qui concernaient les habitations. » L’étudiante explique qu’elle a constaté que de nombreux résidents ne font pas de télétravail et que certains travaillent dans les services essentiels. Les appartements et les espaces trop petits dans ce quartier favoriseraient la contamination.

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