Culture

La Centrafricaine Laetitia Zonzambé sera en spectacle au Petit Medley le 30 avril dans le cadre du MMM. (Photo: Courtoisie MMM)

La musique du monde au goût du jour?

Le Festival Musiques du Monde à Montréal (MMM), qui aura lieu du 26 avril au 4 mai prochains, met en scène des artistes de toutes origines depuis 23 ans. La forte immigration semble attiser l’intérêt des Québécois pour ce genre de musique.

À Montréal, de nombreux festivals offrent une sélection de musiques du monde, mais ils n’ont pas tous la même mission. « Le MMM a pour but de mettre en avant les artistes d’ici, souligne la directrice artistique du festival, Guilaine Royer. Le festival illustre parfaitement le phénomène de la mondialisation. Il permet à des musiciens immigrants de monter sur scène pour faire connaître leur culture. »

Selon la professeure d’ethnomusicologie à l’UdeM Nathalie Fernando, le Québec est un lieu où la création est valorisée, ce qui peut pousser davantage les immigrants à explorer leurs traditions musicales. « Même si l’impact de l’immigration reste difficile à évaluer, on ne peut nier que les immigrants emportent leurs traditions, nuance-t-elle. Mais dans une société multiculturelle qui favorise les rencontres et les échanges, il y a aussi de bonnes chances que les Québécois s’intéressent à d’autres musiques. »

Une opinion que partage Mme Royer. « Le Festival attire beaucoup de gens qui veulent se familiariser avec de nouvelles musiques », note-t-elle. C’est un phénomène qu’a également pu observer Caroline Marcoux-Gendron, qui étudie les contextes d’écoute en situation festivalière dans le cadre de sa maîtrise à l’UdeM. « Les publics des festivals de musiques du monde sont très hétéroclites », remarque-t-elle. Elle a pu observer que les répertoires très spécialisés n’attiraient pas beaucoup les Montréalais, alors que les musiques du monde « fusion », qui se mélangent au rock ou au pop, attiraient un public plus large.

 « Les Québécois ont déjà un intérêt pour la culture et sont attachés à leurs musiques traditionnelles », indique Nathalie Fernando. Cet intérêt est développé dans de petits cafés ou des salles de concert, entre autres, où des gens de diverses origines et générations peuvent se rencontrer. À Montréal, le Balattou et la Maison de la culture d’Ahuntsic–Cartierville sont deux des principaux lieux de diffusion de musiques du monde.

La professeure souligne toutefois qu’aucune étude quantitative n’a été menée sur ce sujet. Pour elle, l’intérêt pour les musiques du monde au Québec ne serait pas un phénomène strictement limité à Montréal. « Les festivals en région donnent un rayonnement mondial à de petites villes et amènent les gens à s’ouvrir à d’autres types de musiques », soutient Mme Fernando. Un grand nombre des festivals du Québec consacre une partie de leur programmation aux musiques du monde, comme le Mondial des Cultures de Drummondville.

« Si les festivals éveillent la curiosité des auditeurs, la difficulté reste de trouver des plates-formes de diffusion pour les musiques du monde puisque, actuellement, seuls les festivals remplissent cette fonction », indique Marcoux-Gendron. Développer une appréciation pour une nouvelle musique est un processus à long terme qui nécessite une exposition répétée. « Des études de réception seraient nécessaires afin de déterminer si le public montréalais continue d’écouter des musiques du monde hors du contexte festivalier », conclut-elle. Il faudra peut-être un peu plus de temps avant que cette musique ne se rende à votre baladeur numérique.

 

Musique du monde

Définir ce qu’est la musique du monde n’est pas une tâche facile. Plurielles, les musiques du monde définissent à la fois une étiquette commerciale, les airs d’ailleurs et nos propres mélodies traditionnelles. « Les musiques du monde sont un gros melting pot, explique Caroline Marcoux-Gendron. On y retrouve autant la world music – les musiques de fusion à caractère plus commercial – que des musiques plus ethniques, de notre point de vue occidental », dit-elle.

L’intérêt pour les musiques du monde ne date pas d’hier et ne se veut pas un phénomène purement montréalais. Apparue au début des années 80, l’appellation « world music » est avant tout commerciale. Elle est cependant issue d’une curiosité envers l’autre. « Dans un contexte de mondialisation, l’intérêt pour les musiques du monde est de plus en plus présent », soutient Guilaine Royer. C’est la raison pour laquelle des recherches sur la question des musiques du monde sont menées non seulement à l’UdeM, mais aussi en France et en Italie. 

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