Culture

La mécanique du style

 

Alexandre Harvey s'amuse comme un fou à bricoler ses vélos

 

Tendance : vélo sur mesure

 

 

Les ateliers de vélo deviennent des repaires conviviauxpour une communauté cycliste qui veut
apprendre à monter son vélo et à personnaliser les pièces. Le vélo sur mesure : une tendance
urbaine pour pédaler mieux et différemment.

«Personnaliser son vélo et le rendre à son goût est maintenant possible parce qu’on a accès à toutes les pièces. On peut les choisir selon des critères de confort, d’esthétique ou de performance », explique Jean-Michel Cauvin, le copropriétaire de C & L Cycle. La vitrine de son atelier de vélo, situé sur la rue Villeneuve, expose des selles, des roues, des guidons et des cadres de vélos neufs ou rétro en pièces détachées, comme des objets de convoitise. Les temps changent. La mécanique de vélo s’est démocratisée et est maintenant à portée de main du cycliste, selon lui.

 

Alexandre Harvey n’a pas eu le choix de s’intéresser à la mécanique de vélo l’hiver dernier, lorsqu’il a pris la décision de pédaler dans la neige et le calcium. Depuis, il est un mordu du vélo de piste, type courrier à vélo, sans frein et pignon fixe (fix gear ou fixie). Chez lui, il se bricole pour pas cher des vélos performants et stylés à partir de pièces et de cadres qu’il achète sur Internet. «Le fixie permet d’aller vraiment vite, dit-il. Tu n’as rien dessus, ça fait en sorte que chacune des pièces et la couleur du cadre ou des roues ressortent vraiment plus. C’est l’essence du vélo, une esthétique vraiment proche du pictogramme. »

 

Les pièces deviennent des accessoires tape-à-l’oeil. «Les gens choisissent des jantes épaisses pour leurs roues. Ça les renforce et les rend plus aérodynamiques. Mais surtout ça donne du style à cause des couleurs.» Le vélo de type hollandais (cruiser bike) et le vélo de piste (vintage road) s’imposent selon lui comme les deux tendances les plus fortes du moment. Un objet qui parle de son propriétaire.

 

Les ateliers de vélos deviennent des lieux d’échanges avec la communauté. L’atelier Bikurious situé sur la rue Amherst, par exemple, offre des cours de mécanique de vélo et même des « coupes lesbiennes pour n’importe qui» dans un coin de la boutique. Détrempée par la pluie diluvienne qui tombait ce jour-là, Marissa Plamondon-Lu, la cofondatrice Bikurious, s’arrête pour une visite surprise dans l’atelier-boutique de Jean-Michel Cauvin. «On vit dans un monde où notre téléphone et plein d’autres objets représentent qui nous sommes, dit-elle en s’épongeant le front. C’est tout à fait normal que le vélo aussi se mette à nous représenter. On ne le choisit plus juste pour la performance, mais aussi pour l’esthétique. »

 

«Ça va de pair avec le climat économique de production de masse. Tout est cloné. On est à “IKEA land”. On va chez le voisin et puis on se sent chez soi. Avec leur vélo, les gens veulent retrouver un caractère unique», ajoute Jean-Michel Cauvin. Symbole de la contre-culture, personnaliser un objet utilitaire permet de se démarquer et d’affirmer sa personnalité.

 

Pour la jeune femme, les vélos sont bien plus que de simples objets, ils représentent un mode de vie éthique et sain. «Les personnes qui commencent à triper sur les vélos à cause de l’esthétique finissent vraiment par faire du vélo. Ils se mettent à faire de l’exercice. Un vélo, ce n’est pas simplement un accessoire de mode comme un chandail, c’est un sport. C’est ça qui est spécial.»

Le prix n’est pas le même toute l’année pour faire installer des pièces sur son vélo. En hiver, alors que la plupart des cyclistes ont remisé leur vélo, certains ateliers ne font pas payer l’installation des p i è c e s, nous a révélé Alexandre Harvey. bon à savoir avant d’être happé par la fièvre du vélo le printemps prochain.

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