Campus

La maîtrise qualifiante en enseignement délaissée au profit de programmes plus courts

Les enseignant·e·s non légalement qualifié·e·s (NLQ) du Québec délaissent la maîtrise qualifiante en enseignement, qui a pour objectif l’obtention du brevet d’enseignement, au profit de programmes de formation plus courts qui mènent également à ce brevet, mais en deux fois moins de temps.

Le ministère de l’Éducation a en effet approuvé une série de nouveaux programmes courts l’année dernière. Offerts par la TÉLUQ, l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) et l’Université du Québec à Montréal (UQAM), ces programmes de 30 crédits s’adressent aux enseignant·e·s sans formation qui travaillent déjà dans les écoles primaires et secondaires, soit 8 871 personnes à la date du 20 mai 2024.

Ils remplacent, en partie, les plus de 17 000 titulaires d’un brevet d’enseignement qui auraient quitté le réseau scolaire depuis 20 ans, selon un article du journaliste Vincent Larin publié dans La Presse cette semaine.

Une maîtrise trop longue ?

Depuis 2021, l’UdeM propose une maîtrise en éducation de 60 crédits, qui se décline en deux parcours : Enseignement secondaire et Éducation préscolaire et enseignement primaire.

« Depuis le milieu des années 2000, des maîtrises qualifiantes existent au Québec pour offrir l’occasion aux enseignants non légalement qualifiés de suivre une formation de deuxième cycle de 60 crédits leur donnant accès au brevet d’enseignement, et donc à une sécurité d’emploi, explique le journaliste Zacharie Goudreault dans un article publié le 22 octobre dernier dans Le Devoir. Mais, ces dernières années, la pénurie de main-d’œuvre est venue complexifier la capacité de ces personnes à jongler entre leur charge de travail à l’école, leurs cours de soir et leurs exigences familiales — nombre d’entre eux étant des parents. »

Les étudiant·e·s peuvent suivre le programme à temps plein ou à temps partiel afin de « jongler avec leurs obligations personnelles, professionnelles et universitaires », estime la doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM, Ahlem Ammar, auprès du Devoir.

Toutefois, plusieurs étudiant·e·s jugent que l’établissement n’en fait pas assez pour faciliter leur parcours, notamment en ne reconnaissant pas les acquis expérientiels. Certaines personnes NLQ enseignent en effet parfois depuis plusieurs années. Cette situation décourage plusieurs étudiant·e·s-enseignant·e·s, dont certain·e·s mettent jusqu’à quatre ou cinq ans à achever leur parcours.

« Déjà, en 2021, une enquête du ministère de l’Éducation notait que 82 % des étudiants de la maîtrise qualifiante en enseignement constataient qu’il n’est pas du tout facile pour eux d’équilibrer leur charge de travail avec leur vie personnelle et leurs études, relevait le Conseil supérieur de l’éducation dans un rapport paru en novembre 2023 », indique M. Goudreault dans son article.

Des conséquences réelles

De plus, le contexte de pénurie ne pousse pas les nouveaux·elles enseignant·e·s à décrocher leur diplôme. « La pénurie remet en question l’obligation légale de se former », poursuit Mme Ammar auprès du Devoir. Le vice-président à la formation à la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke, Matthieu Petit, ajoute qu’« en raison du manque de main-d’œuvre, les enseignants non légalement qualifiés peuvent en effet être assurés d’avoir du travail dans le réseau scolaire même s’ils n’ont pas leur brevet d’enseignement », rapporte le journal.

Partager cet article